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Le lien avec le conflit israélo-palestinien est un peu tiré par les cheveux («violence, invasion et pénétration existent dans le contexte de l’occupation israélienne et celui du viol», explique Aviad) mais pourquoi pas, il est toujours bon de voir le cinéma israélien reconnaître l’inextricabilité des phénomènes de société et de l’occupation militaire.
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Ce film dossier dépasse son postulat par la délicatesse de la réalisatrice et la force de conviction de ses interprètes.
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par Bernard Achour
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Les critiques de la Presse
Passé le hasard un peu gros qui fait se rencontrer deux femmes jadis victimes du même violeur en série, le tout sur fond de conflit israélo-palestinien convoqué de manière tout aussi artificielle, cette histoire de reconquête (d'une certaine forme de justice, de paix intérieure, de dignité) ne manque pas de force. Vaillamment défendu par ses actrices, dont une Ronit Elkabetz qui tempère pour une fois la surtension habituelle de son jeu, le film pointe en outre les carences d’une société toujours aussi malade de son machisme.
Invisible évoque avec courage des sujets délicats mais manque de conviction pour les creuser vraiment, son approche restant regrettablement à la surface.
Si la métaphore de la terre et de la femme violée appesantit parfois le témoignage, la mise en scène, alternant moments de révolte rageuse et abdications mélancoliques, lui confère force et dignité.
En s’intéressant au parcours de deux femmes israéliennes victimes du même violeur en série et qui, plus de trente ans après les faits, se retrouvent au carrefour de leur existence, le réalisateur souhaitait probablement faire plus qu’un film à thèse. Seulement, à force d’entremêler les problématiques, Invisible finit par ne rien produire de plus qu’une théorie vaguement politique et féministe.
Oui, Invisible évoque avec courage ces sujets mais manque de conviction pour les creuser vraiment, son approche restant regrettablement à la surface.
La réalisatrice a choisi deux talentueuses actrices « aimées et reconnues », Ronit Elkabetz et Evguenia Dodina, pour incarner ces femmes qui ont subi le seul crime où les victimes sont suspectées d’être responsables de ce qu’elles ont vécu.
Le propos de la cinéaste est d'abord militant, i s'agit de rappeler la blessure incurable que laisse le viol. Il est aussi, mais trop rarement intime, quand il fait se rencontrer la crise de l'âge mûr et le traumatisme.
Victimes du même violeur en série, Nira et Lily se rencontrent par hasard, vingt ans plus tard. Michal Aviad signe un admirable portrait de femmes confrontées à l'incommunicable et à la misogynie ambiante. La cinéaste les filme sans pathos, avec toute la compassion du monde.