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1840-1842. Le petit village de Schabbach, en Rhénanie, voit ses habitants émigrer en Amérique pour fuir la misère et l’autoritarisme des seigneurs locaux. Jakob Simon, le cadet lettré d’une famille de paysans artisans, rêve d’Indiens et d’Amazonie. Entamée par Edgar Reitz à la fin des années 70, Heimat est au départ une saga familiale télévisuelle dont la durée totale avoisine les cinquante-six heures. L’ambitieuse trilogie achevée en 2004 dispose désormais d’un prequel. Tendu entre lyrisme et rigueur documentaire, mouvements de caméra et fixité des personnages, ce diptyque narre le quotidien âpre et funèbre d’un peuple déchiré par des aspirations contraires : quitter son heimat (« terre natale ») ou rester près des siens. Habillée d’un majestueux noir et blanc serti de touches colorées éparses, la fresque parvient à enrayer la raideur qui la guette en renouvelant subtilement sa matière narrative. Reitz a le sens de la dramaturgie longue. Sous son regard patient, des destins
que l’on croyait pétrifiés par la tragédie ont le temps de muer vers un ailleurs imprévisible. Du ciel opaque émerge alors l’émotion.
Toutes les critiques de Heimat : l'exode
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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(...) sompteuse chronique en noir et blanc d'un village allemand, à la fin du XIXe siècle.
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Cette vie, ces vies plutôt, car le récit les multiplie, sont contées avec le souci de ne pas céder au spectaculaire, de faire en sorte, au contraire, que tout passe, à commencer par ce qui peut sembler a priori insurmontable : les événements les plus tragiques contenus dans le récit sont observés à travers le prisme du temps, celui qui passe pour les personnages, celui qui a passé depuis que ceux-ci ont disparu. Les quelque quatre heures de projection se terminent par la lecture d'une lettre, authentique, retrouvée dans un grenier de Gehlweiler parmi d'autres qui ont elles aussi servi à Reitz et à son coscénariste, Gert Heidenreich. Moment de grâce absolue, point d'orgue de ce nouveau et passionnant "Heimat".
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Cette nouvelle chronique – celle du départ rêvé –, superbement mise en scène, ne cache rien de l’âpreté des existences de l’époque, tout en laissant s’exprimer à l’image le romantisme allemand. Une œuvre ambitieuse et réussie (...)
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La photographie exceptionnelle, le scénario aussi riche qu’imprévisible, l’interprétation d’une profondeur atavique bouleversante font de cette œuvre unique un joyau de mise en scène. Il ne s’agit pas d’une reconstitution mais d’une véritable re-création d’un monde disparu. Le travail des hommes, leurs machines, leurs vêtements (tous sont d’époque !), tout est si vrai (même la crasse !) que l’on a le sentiment de contempler des images d’archives d’une puissance renversante. « Heimat » s’impose comme un chef-d’œuvre (au sens artisanal du terme) digne d’un Murnau contemporain. Le seul défaut de ce film, c’est qu’il ne dure que 3 h 50…
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Ce qui frappe dans ce lm en deux parties, qui raconte un pan de l’histoire allemande à travers un microcosme, ce sont les images fabuleuses au sens propre. C’est une refonte du feuilleton diffusé dans les années 80 qui allait jusqu’à la chute du Mur. «Heimat» est décidément l’œuvre d’une vie. Son auteur, Edgar Reitz, né en 1932, un monument lui-même, y a consacré vingt-cinq ans.
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Edgar Reitz tisse la trame d'une éblouissante fresque de quatre heures. Prequel de la série télé éponyme avec laquelle il revisitait l'histoire allemande du XXe siècle, Heimat 1 - Chronique d'un rêve et Heimat 2 - L'exode sont une chronique mélancolique des ambitions déçues. Un film magistral formellement et narrativement.
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Le diptyque en noir et blanc du cinéaste Edgar Reitz, "Heimat I et II", raconte l'Allemagne d'avant la déflagration de 1914. Un chef-d'oeuvre poétique
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Est-il bien raisonnable de passer environ quatre heures d'un film en noir et blanc dans un trou rhénan du XIXe siècle, entouré de paysans qui crèvent la faim et de hobereaux très en retard sur leur époque ? La réponse est oui, absolument.
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Passionnant, poétique et servi par un noir et blanc sublime.
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La seconde partie d'un film-fleuve, au mystère limpide, où Jakob apparaît comme une sorte de saint laïc, capable de transformer la vie des autres.
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La lumière magnifique qui se dégage de l’image en noir et blanc (où apparaissent parfois des touches de couleurs), et le jeu âpre mais généreux des comédiens font oublier la lenteur contemplative de
la narration et la musique parfois irritante. -
Le souci de la belle image en noir et blanc et la volonté de faire œuvre d’art sont manifestes. (…) C’est toute la contradiction du film : vouloir, avec force détails, restituer la vie quotidienne du 19e siècle, plonger dans le monde physique et spirituel de l’époque, tout en proposant une esthétique recherchée, solennelle et majestueuse. La forme fait ici écran.
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Assez somptueux, quoique inégalement convaincant.
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Edgar Reitz se plaît à utiliser son esthétisation pour vider les situations de leur charge dramatique, les réduisant aux stéréotypes sociaux, qu'elles décrivent, et narratifs, qu'elles utilisent.