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Après le biopic très fade d'Anne Fontaine, voilà Chanel habillée par Kounen et pour l'hiver. Sauf que... Sauf que son film est tout sauf un biopic. Plutôt le portrait d'une intense passion, d'un amour furieux entre la créatrice de mode et le musicien d'avant-garde. La rencontre entre le punk des 20's et la rebelle des années folles. L'aspect sage et retenue de sa mise en scène (des mouvements de caméras d'une beauté caressante) cachent donc une fièvre intense qui se dévoile dans des passages musicaux sublimes et littéralement envoûtants. Passé la surprise de voir l'enfant rebelle du cinoche français s'attaquer à un sujet aussi éloigné (a priori) de son univers, on découvre un chef d'oeuvre de sensualité, un monument charnel et mental. Car sous son oeil intuitif cette passion créatrice fait écho au questionnement existentiel du pubard défoncé ou du cowboy chamanique. Mélange des genres (le biopic, le film musical, ), invention visuelle dans chaque coin des plans, ambition folle : on tient l'un des meilleurs films de cette fin d'année.
Toutes les critiques de Coco Chanel & Igor Stravinsky
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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(...) pas de doute, Kounen est un grand directeur d'acteurs : il parvient même à gérer la frigidité snob du jeu d'Anna Mouglalis.
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Coco Chanel et Igor Stravinsky ressemble à un bel album. Bravo aux décorateurs, la maison de Garches, peinte en noir et blanc, où Chanel offre refuge à la famille Sravinsky, est magnifique. On scrute le visage d'Anna Mouglalis, étrangement peu expressif, on écoute sa voix rauque et monocorde. C'est bien connu, l'élégance exige de ne pas exhiber ses émotions, leu feu reste sous la glace.
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Jan Kounen est bien le dernier cinéaste qu'on aurait imaginé pour la biographie d'une couturière cévenole... Ses fans ne lui pardonneront sans doute pas. Ils auraient tort.
Avec une actrice crédible et troublante (Anna Mouglalis, tantôt volcan, tantôt banquise), il a choisi de mettre l'accent sur la brève et intense passion qui lia la styliste et le compositeur Igor Stravinsky. La passion charnelle favorise la création, semble nous dire Kounen. Comme le champignon mexicain pour Blueberry ou la cocaïne pour les pubards de 99 Francs. L'idée est présentée avec suffisamment de fièvre pour qu'on se laisse séduire. -
(...) la folie douce de Kounen est aux abonnés absents. (...) Ce manque d'audace révèle d'autant plus regrettable qu'Anna Mouglalis campe une Coco intéressante, mordante, à mille lieux du robinet d'eau tiède ici proposé.
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Cette fiction, qui démarre sur les chapeaux de roue avec le scandale du « Sacre du Printemps », objet d’une vive polémique en 1913, s’avère très décevante. La passion amoureuse de Coco et Igor est filmée avec une rare platitude. Anna Mouglalis apparaît souvent figée. Et surtout, il y a de telles longueurs qu’on finit par s’ennuyer.
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En choisissant Anna Mouglalis, égérie de la marque Chanel, pour jouer Coco, Jan Kounen a joué la carte du glamour certifié. Pour autant, le duo qu’elle forme avec Mads Mikkelsen manque de chair, et d’esprit, et l’on peine à s’intéresser véritablement à leur histoire.
Dommage, car la scène de la première du Sacre du printemps, au tout début du film, était prometteuse. En étirant sur la durée cette soirée au cours de laquelle le public bourgeois, excédé par les dissonances de la musique et l’animalité de la chorégraphie de Ninjinsky, a mis à sac le très cossu théâtre des Champs-Elysée, Kounen met talentueusement en scène la subversion à l’œuvre dans toute création artistique. On aurait aimé que cette idée franchisse le seuil de la maison de campagne où se déroule ensuite la majeure partie du film. -
On attendait beaucoup du nouveau long-métrage de Jan Kounen qui annonçait un certain virage dans sa carrière. On se demandait ce qu’un cinéaste souvent survolté allait pouvoir tirer d’un sujet bien plus classique qu’à l’accoutumée. Allait-il se noyer dans l’académisme du film historique ou bouleverser le genre en le dynamitant de l’intérieur ?
Au vu du résultat final, il convient de dire qu’aucune de ces deux propositions ne correspond à ce Coco Chanel. Beaucoup plus sage qu’auparavant, le réalisateur signe une œuvre respectueuse des conventions, finalement bien peu innovante, tout en n’abandonnant pas ses préoccupations esthétiques.