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Solidement attaché à son personnage principal tel un point névralgique servant de détonateur et de résistance, le cinéaste déplace les traumatismes d'une guerre se jouant ailleurs au sein d'un thriller que ne renierait pas John Carpenter. A la fois de plein pied dans son époque tout en reprenant ce qui serait le meilleur du film noir, Blindés est un véritable manifeste de classicisme contemporain. Une œuvre radicale, sans gras, où le plus petit détail trouve son plein accomplissement, jusqu'à un final à la fois brut, taillé dans la fonte et à la perspective faussement ironique, plutôt du côté d'un constat triste et amer. Nimród Antal est un auteur à suivre, définitivement.
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Cette mise en scène de la dépression que traversent les Etats-Unis, donne au film un élan, une épaisseur inattendus. Les affrontements sanglants qui accompagnent la dissolution du groupe ne relèvent pas du voyeurisme sadique et ludique qui faisait le charme frelaté de Reservoir Dogs, mais d'une logique dramatique un peu désuète. On y croit d'autant plus volontiers que les méchants le deviennent à contrecoeur et que le gentil ne l'a pas toujours été.
La conclusion du film est décevante, comme le furent avant elle celles de centaines de film de série B. C'est presque une loi du genre que de passer soixante-dix minutes à filer à toute allure vers l'inconnu pour consacrer les dix dernières minutes à une remise en ordre morale, qu'on oublie bien plus vite que ce qui a précédé. -
Blindés ne marquera pas le septième Art, mais ce polar vitaminé se laisse voir...