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Dans un futur apocalyptique proche, un mercenaire est chargé d’escorter une jeune femme mystérieuse pour la remettre aux mains d’une omnipotente organisation religieuse... Très attendu pour de bonnes (le livre de Dantec, Kassovitz) et de mauvaises raisons (production difficile, tournage « agité »), Babylon A.D. est une assez cruelle déception. Adoptant la structure narrative des Fils de l’homme – une référence –, le film ne soutient pas la comparaison : au réalisme éprouvant doublé de véritables enjeux moraux du chef-d’œuvre d’Alfonso Cuarón, le thriller d’anticipation de Kassovitz oppose une stylisation glacée et un discours mystico-fantastique d’assez mauvais goût. Pire, les scènes d’action, nerfs de telles productions, sont sporadiques et bâclées. Ni blockbuster ni film d’auteur, Babylon A.D. se situe dans un entre-deux impossible et forcément frustrant.
Toutes les critiques de Babylon AD
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Paris Matchpar Alain Spira
Couoant de nombreuses branches du Dantesque roman de 700 pages, le Français s'est accroché au tronc pour se hisser au niveau des meilleurs blockbusters américains. (...) A l'arrivée, Kassovitz a réussi un film de genre impressionnant, qui vous emporte en un souffle de feu et de glace dans une Europe de cauchemar.
- Pariscopepar Virginie Gaucher
Vin Diesel, ses gros bras, ses gros tatouages, ses cicatrices (et beaucoup de présence), la fine Michelle Yeoh en second couteau, Mélanie Thierry tout charme étrange, Depardieu affreux mafieux, Lambert Wilson scientifique fou et Charlotte Rampling mégère d’une nouvelle secte : tel est le casting surprenant de ce film adapté de « Babylon Babies », roman de SF de Maurice Dantec. Pas de discours, pas nouveautés scénaristiques mais un film de genre à la mise en scène haletante et speedée, pour dépeindre frénétiquement un univers oppressant entre « Blade runner » et « Les fils de l’homme ». Ce divertissement efficace unit habilement de grands thèmes d’aujourd’hui (à l’est la guerre, à l’ouest le fanatisme religieux, les dérives scientifiques, les réfugiés) à des scènes d’action époustouflantes (gunfights, courses poursuites, émergence d’un sous-marin et ruées de foules) : ne boudons pas notre plaisir.
- Le JDDpar Carlos Gomez
Babylon A.D. a couté 60 millions d'euros, soit cinq fois le budget de La môme pour un résultat au moins cinq fois moins satisfaisant.
- Fluctuat
Attendu, repoussé, prometteur mais risqué, Babylon A.D. arrive enfin en salles. Malheureusement il reste peu du thriller futuriste et ultra théorique de Maurice Dantec, mathieu kassovitz livrant une oeuvre brouillonne et mal fichue.On connaît déjà l'histoire, le tournage de Babylon A.D. fut une épreuve pour mathieu kassovitz, forcé de se farcir cette tête de lard de Vin Diesel et des dépassements de budgets généralement fatals. Le résultat est à l'avenant, un film malade et bancal de bout en bout. Au delà des contraintes financières et des désirs d'un acteur pourtant sympathique, il faut revenir à l'origine du projet. Adapter Babylon babies de maurice dantec relevait déjà du défi. Situé pile à la fin de la période deleuzienne et au début de la crise mystique de l'auteur, le roman, sorte de thriller philosophico-futuriste, était un pavé dense où le romanesque marche de concert avec l'hyper théorique. Truffé d'informations géopolitiques, il mariait un solide background historique et culturel à une novlangue ultra technique parfois délirante dont le cinéma n'a pas grand-chose à faire. Si l'intrigue en ligne droite laissait convoiter la possibilité d'un scénario, tout ce qui faisait son combustible semblait au contraire impossible à retranscrire en images. Mais Kassovitz n'a peur de rien, à peine intimidé par l'ampleur titanesque et le doigté que demandait une telle adaptation, il se lance dans le projet. Hélas son ambition n'est jamais à la hauteur de ses désirs et encore moins de celle du roman.Le pitch reste à peu de chose près le même que chez Dantec : Toorop (Diesel donc), un mercenaire réfugié dans les Balkans en pleine guerre civile, accepte d'escorter aux Etats-Unis une jeune fille étrange que plusieurs groupes obscurs cherchent à récupérer. D'elle on ne sait rien, le scénario livrant au compte goutte des informations sur ce qu'elle est supposée représenter : l'avenir de l'humanité. Malheureusement, là où Dantec étayait sa théorie à travers une série de visions retraçant l'Histoire de l'homme via de multiples incarnations vécues mentalement par l'héroïne, le film de Kassovitz, prenant le parti d'oublier ces visions (plutôt casse gueules à retranscrire), ne trouve rien pour les remplacer. Cette amputation est fatale pour le scénario qui s'embourbe sans savoir comment rattacher une quelconque idée à sa grande course poursuite. Brouillon sinon incompréhensible, le film avance alors comme une grosse série B (ce qu'était déjà aussi le roman, mais blindé de références et mieux construit), pour finir par s'échouer au milieu de nulle part, incapable de livrer la moindre clé ou le plus petit concept à l'origine du projet. Le pire étant peut-être la rencontre avec Darquandier, personnage dont il ne reste rien des élucubrations scientifico-mystiques qui égrenaient une longue partie de Babylon Babies.Mais que Babylon A.D. ne raconte rien ou si peu n'est qu'une partie du problème. Dans son ambition de livrer un blockbuster consommable à l'international, Kassovitz mélange tout et n'importe quoi. De manière presque symptomatique, on retrouve ces incunables travers du cinéma de genre français tentant de cumuler nos talents made in France à l'exubérance américaine. Du casting frenchie et franchement mauvais (Mélanie Thierry, worst acting of the year ; gérard depardieu, désopilant) à nos yamakazis en passant par le musculeux Jérôme Le Banner, notre folklore local fait franchement tâche dans ces décors aux néons façon Blade Runner. Car si Kassovitz a clairement chiadé l'ambiance et la vision d'un monde au bord de l'apocalypse, sans toutefois leur donner l'ampleur nécessaire, ces petits ajouts brisent complètement la cohérence et la tenue nécessaire du film. La caméra virevolte alors comme elle peut et souvent n'importe comment dans une oeuvre moins chaotique dans ce qu'elle est supposée représenter, que ce qu'elle est en réalité. Babylon A.D. témoigne finalement encore de cette incapacité patente des cinéastes français à épouser la SF. Kassovitz n'a pas les épaules assez larges, on finit par regarder son film avec la même lassitude qui transparaît dans le regard de Vin Diesel. Peut-être que lui avait senti venir le naufrage.Babylon A.D.De Mathieu KassovitzAvec Vin Diesel, Mélanie Thierry, Michelle Yeoh, Lambert WilsonSortie en salles le 20 août 2008 - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils cinéma fantastique, adaptation sur le blog cinéma- Lire la critique de Babylon Babies de Maurice Dantec- Lire l'entretien avec Maurice Dantec au moment de la parution de Babylon Babies