Ettore Scola est sans doute, avec Fellini, le plus connu et couru des cinéastes de la Cinecittà, même si son talent n’a pas toujours été reconnu.
Réalisateur, scénariste et producteur italien, Ettore Scola est né le 10 mai 1931 à Trevico, petit village de la province d'Avellino en Campanie (Italie). Il y passe une enfance sans histoires, jusqu’après la Seconde Guerre mondiale. Il quitte alors son village natal pour suivre des études de droit à Rome, avant de se tourner vers le journalisme.De 1947 à 1952, Ettore Scola officie comme illustrateur dans divers magazines humoristiques, dont l'hebdomadaire satirique Marco Aurelio.
Les débuts au cinéma
Dès 1950, il s’essaie en parallèle au métier d’auteur pour le cinéma. Il signe ainsi une vingtaine de scénarios de comédies, notamment pour l'acteur Totò, ou encore le réalisateur Dino Risi (Le Fanfaron en 1962, Les Monstres en 1963). Il travaille également pour la radio, collaborant avec Alberto Sordi sur Rosso e nero, il teatrino.Il faudra attendre son passage derrière la caméra, en 1964, pour qu’Ettore Scola sorte enfin de l’anonymat et soit remarqué par la critique. C’est en effet l’année où il signe la réalisation de Parlons femmes, film dans lequel il dirige Vittorio Gassman.Pendant plus de deux décennies, il excelle non seulement dans la comédie légère, mais également dans le mélancolique, comme en attestent les succès populaires de Drame de la jalousie avec Marcello Mastroianni en 1970 et de Nous nous sommes tant aimés (1974) avec Vittorio Gassman, qui dépeint l'évolution contemporaine de l'Italie.
Les chefs d'oeuvre
La ville de Rome, son sujet de prédilection, est à nouveau à l’honneur dans Affreux, sales et méchants (1976), où le cinéaste dénonce les conditions de vie dans les taudis de la périphérie romaine. Son talent sera récompensé par le Prix de la Mise en scène à Cannes.Après avoir défendu la cause des marginaux des bidonvilles, c’est aux côtés des homosexuels qu’Ettore Scola s’engage en vilipendant la persécution dont ils font l’objet dans Une journée particulière, avec Sophia Loren en 1977.Dès les années quatre-vingt, Ettore Scola devient le plus français des réalisateurs italiens. Il s’intéresse à la Révolution Française dans La Nuit de Varennes (1982), avec Jean-Louis Barrault et Marcello Mastroianni. Puis, il signe Le Bal (1983), avec les danseurs de la Compagnie du Campagnol, et pour lequel il remporte les César du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur en 1984.Même si les faveurs du public s’essoufflent quelque peu au cours des décennies suivantes, le cinéaste engagé est encensé par ses pairs pour Le Roman d'un jeune homme pauvre, qui met en scène André Dussollier et Alberto Sordi. Ce film décroche le Lion d'Or au Festival de Venise en 1995.Avec Le Roman d'un jeune homme pauvre, Ettore Scola innove encore en abordant des thématiques politiques ou humaines sur fond de faits sociaux et populaires, un cinéma rappelant les maîtres que sont Rossellini et Fellini.Il continue de diriger les plus grandes stars françaises, notamment Vincent Perez et Emmanuelle Béart (Le Voyage du capitaine Fracasse, 1991), Fanny Ardant (La Famille en 1987, Le Dîner en 2000) et Gérard Depardieu dans Concurrence déloyale en 2001.En 2003, il retourne à ses premières amours avec sa dernière réalisation, le documentaire Gente di Roma, où il dépeint l'évolution de la Ville Eternelle, qu’il érige en protagoniste privilégiée dans nombre de ses créations.
Scola prend sa retraite
Après cela, en 2011, il décide de mettre un terme à sa carrière : « J’arrête de tourner. Dans cette Italie, cela ne sert plus à rien. », a-t-il déclaré, désabusé, au quotidien italien La Repubblica. « … Je n’ai plus d’inspiration. Je préfère jouir de la vieillesse », a-t-il ajouté.Cinéaste emblématique de l’âge d’or de la comédie italienne, Ettore Scola a été très souvent l'objet de rétrospectives et d'hommages.
Le célèbre réalisateur décède le 19 janvier 2015.