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On redoutait la madeleine années 80 de trop, mais la série Netflix avec Winona Ryder pourrait bien être le chef-d’œuvre du genre.

Des gamins qui parcourent les banlieues en BMX tout en levant les yeux vers la voûte étoilée ? Hum… Non merci, sans façon. Un énième hommage aux prod’ Amblin des année 80 était a priori le dernier truc dont on avait besoin. Pas seulement parce que le Super 8 de J.J. Abrams et le Midnight Special de Jeff Nichols ont déjà tout dit sur le sujet, sur la manière dont l’imaginaire spielbergien a conditionné le rapport au monde d’une génération entière. Surtout parce que le vent de nostalgie eighties qui souffle sur les trois quarts de la production hollywoodienne contemporaine (les come-back de S.O.S Fantômes et de La Fête à la MaisonL’Arme Fatale et MacGyver en figures de proue de la prochaine rentrée télé…) commence à sentir franchement le renfermé. Vous ne trouvez pas qu’il est temps d’ouvrir les fenêtres ?  

Comment Midnight Special fait revivre l'esprit Spielberg

Entre Stand by Me, Les Goonies et Explorer

Bref… C’est en ronchonnant un peu qu’on s’est lancé dans Stranger Things, nouvelle série Netflix imaginée par les Duffer Brothers (deux jumeaux dont on ne sait presque rien, auteurs de l’inédit post-apo Hidden en 2015) : une histoire d’expérimentations gouvernementales top-secrètes qui tournent mal, dans l’Indiana du mitan des années 80, et qui vont venir percuter la vie de gentils quidams. Au bout de trois minutes montre en main, on était ferré. On ne râlait plus du tout. Oui, il y a bien ici des gamins qui parcourent les suburbs en BMX en levant les yeux vers la voûte étoilée… Un trio de kids aventureux, qui, entre deux parties de Donjons et Dragons, vont partir à la recherche de leur copain disparu, comme dans un mix géant entre Stand by meLes Goonies et Explorers. Ils croisent la route d’une mystérieuse petite fille en cavale, dotée de pouvoirs télékinésiques inquiétants, qu’ils vont cacher dans le sous-sol d’un pavillon de banlieue, sans rien dire aux parents, lors d’une succession de scènes qui ne font même pas semblant de ne pas pomper E.T. Les nappes de synthés menaçantes et trippantes de la B.O. payent leur tribut à John Carpenter. Les chambres d’ados sont tapissées de posters de The ThingEvil Dead et Risky BusinessWinona Ryder est là aussi, dans son meilleur rôle depuis le siècle dernier, comme un vestige des années Beetlejuice. Soit tout le package nostalgique qu’on redoutait, oui, mais transcendé par le regard des frangins Duffer, qui ont choisi de refuser l’approche post-moderne d’un Abrams et d’un Nichols (rejouer les motifs spielbergiens pour en éprouver la pertinence contemporaine) pour mieux privilégier un traitement frontal, direct, classique. Presque enfantin. Pas « rétro », ni « néo », ni « méta ».

 

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Diverstissement haut de gamme

Le décorum 80’s n’est donc pas ici un musée poussiéreux à arpenter, un « à la manière de » compilatoire, mais un monde vivant, organique, un déclencheur de fiction pavant la voie à une intrigue merveilleuse, bourrée de monstres visqueux tapis au fond des bois, de méchants scientifiques vraiment très très méchants, de teenagers qui ruminent leur mal-être en écoutant les Clash et d’adorables petits geeks qui délirent sur les théories cosmiques de Carl Sagan. Un divertissement haut de gamme, très fun, qui profite du format sériel pour rappeler qu’une bonne part de l’ADN des chefs-d’œuvre Amblin remontait jusqu’à La Quatrième Dimension, et se nourrissait déjà à l’époque de cliffhangers tuants, de montées d’adrénaline régulièrement interrompues, de résolutions remises à plus tard… Soit toute une grammaire « feuilletonesque », ici redéployée avec une dextérité jubilatoire. L’intrigue se passe hier, dans ce monde fantasmé qui est celui de nos souvenirs d’enfance, mais c’est pourtant de l’entertainment pensé pour ici et maintenant. Un truc qu’on n’est donc pas obligé de regarder en suçant son pouce, comme une vulgaire rediff de L’Ile aux Enfants. Qui sait ? Dans quelques années, c’est peut-être grâce à Stranger Things qu’on repensera avec nostalgie à l’été 2016. 

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Stranger Things, créée par les Duffer Brothers, avec Winona Ryder, Matthew Modine, David Harbour… Sur Netflix le 15 juillet. Critique basée sur les 5 premiers épisodes.  

 


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