La série adaptée de la saga littéraire de Hugh Howey vient de débuter et s'avance déjà comme une passionnante chronique de science-fiction en forme de métaphore de la société moderne.
Après une adaptation ciné par Ridley Scott avortée et une version AMC inachevée, la série Silo voit enfin le jour et débarque sur Apple TV+ et Canal+ ce mois-ci. Après le coup de foudre Severance de l'an dernier, voici un nouveau thriller dystopique et insondable à ne pas rater. L'un des événéments du printemps sur le petit écran. On vous dit pourquoi.
Un conte de science-fiction à dévorer
Quand ça se passe ? Où ça se passe exactement ? On n'en sait rien. Tout juste sait-on que quelque part sur Terre, 10 000 âmes ont investi un réservoir souterrain. Dehors, l'air est irrespirable. Empoisonné. Impossible de sortir dans cette nature post-apocalyptique, sous peine de mort imminente. Alors pour préserver ce qu'il reste de l'Humanité, les habitants du Silo ont appris à accepter cette existence claustro-tragique, depuis des décennies, depuis des générations. Sans même remettre en cause leur réalité, ils survivent dans cette enceinte de béton à la hiérarchie aussi verticale que leur monde. Jusqu'au jour où certains vont questionner cet environnement souterrain et les vérités absolues qui vont avec : que s'est-il passé dans le passé ? Ne peut-on vraiment pas sortir ? Et qui a construit ce Silo ? La richesse de la série repose sur les possibilités infinies de son univers. Toutes les résolutions sont possibles alors que se décline un grand mystère SF exaltant. Quelques "reliques" du "monde d'avant" apparaissent ici ou là et on ne sait plus quoi penser. Silo est dans la veine de Lost, digne héritière de ces dramas délicieusement énigmatiques, ces labyrinthes narratifs qui jouent avec l'allégorie de la Caverne (de Platon) pour mieux perdre le spectateur, qui cultive un jardin entier de théories dans sa tête, au fur et à mesure que pousse le récit.
Une expérience sociale
Profitant de son cadre exceptionnel, à savoir un lieu clos où s'est reconstruit une société entière, Silo s'amuse de sa fourmilière et nous tend brutalement ce miroir de notre civilisation où se reflètent nos travers les plus humains. Snowpiercer avait déjà habilement joué là-dessus. Under the Dome aussi. Comme toute bonne chronique SF qui se respecte, Silo interroge notre monde en passant par la métaphore dystopique. L'espace fermé et contraint permet de questionner notre rapport à l'ordre établi et en sous-texte, évoque l'interminable lutte des classes. Un combat pour la liberté exacerbé ici par l'atmosphère claustrophobique d'une scénographie survivaliste somptueuse et ses décors massifs à la brutalité spectaculaire.
Un casting trois étoiles
Qui sont les vrais héros de ce mystère enterré sous une épaisse couche de ciment ? Qui sont les libérateurs et les oppresseurs du Silo ? La grande réussite de la série réside aussi dans l'ambiguïté de ses personnages, qui ne sont pas tout à fait prêts à se confronter à la vérité, par peur de remettre en cause l'état des choses et a forciori leur survivance. Graham Yost, créateur de Justified, scénariste de Band of Brothers, a encore dessiné des personnages complexes insaisissables, incarnés à la perfection par trois stars : David Oyelowo (Selma) incarne le Shérif perdu du Silo, celui qui doit faire régner l'ordre tandis que sa femme, jouée par la fabuleuse Rashida Jones (de The Office) commence à questionner sa réalité. Puis c'est Rebecca Ferguson, la nouvelle mégastar hollywoodienne de Mission: Impossible et Dune, qui prend le relais pour nous emmener dans les profondeurs du Silo et explorer tous ses secrets. Vous n'avez pas fini de vous questionner.
Silo, saison 1 en 10 épisodes, à voir sur Apple TV+ et sur Canal + en France depuis le 5 mai 2023.
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