Kin Aiden Gillen
DR

Il a été Stuart Alan Jones dans Queer as Folk, Littlefinger/Lord Baelish dans Game of Thrones, Tommy Carcetti dans The Wire... Rencontre avec Aidan Gillen.

Un paquet de grandes séries (Queer as Folk, The Wire, Game of Thrones ou Peaky Blinders), une cinquantaine de films (The Dark Knight, Le Labyrinthe, Bohemian Rhapsody, Those Who Wish Me Dead...), beaucoup de théâtre... En trente ans de carrière, Aidan Gillen aura à peu près tout fait, s'imposant comme l'un des meilleurs seconds rôles de sa génération. Il revient sur ses terres d'origine avec Kin, présentée en Panorama international à Séries Mania. L'histoire de la famille Kinsella, modestes truands, confrontés à un vrai baron de la drogue (Ciarán Hinds), à la tête d'un cartel international. Dans la peau d'un patriarche effacé, l'acteur irlandais fait des merveilles. Rencontre.

Est-ce que vous avez déjà pu voir We Own This City ?
Si j'ai vu quoi ?

We Own this City, la nouvelle série de David Simon qui a été projetée à Séries Mania !
Ah, OK, je vois. Non, je n'ai pas encore eu l'occasion, mais j'ai toujours envie de voir une nouvelle série de David Simon. Show Me a Hero, Treme... Generation Kill est sûrement ma préférée. Et puis il y en a eu d'autres, je ne me souviens plus...

The Deuce et The Plot Against America.
Oui, voilà. Bref, j'adore ce qu'il fait. Désolé, je pensais que vous parliez de We Own the Night [La Nuit nous appartient], je ne pigeais par pourquoi vous me demandiez ça !

Super film, ceci dit.
Et la course-poursuite en voiture la plus lente de l'histoire cinéma, c'est parfaitement génial. Surtout quand Mark Wahlberg est dedans.

Et pour en revenir à David Simon, vous avez gardé contact avec lui depuis The Wire ?
Pendant un temps. Durant la saison 3 de The Wire, avait discuté de faire une série basée sur mon personnage, Tommy Carcetti. Ca se serait appelé The Hall. Finalement, ça n'a pas vu le jour et pas mal d'idées se sont retrouvées dans la saison 4. Je crois que la toute dernière fois qu'on s'est parlé, The Wire était terminée depuis environ un an... David m'avait contacté pour me dire que The Hall allait peut-être se faire. Et ça n'a pas non plus été le cas. J'imagine que la politique avait changé avec l'arrivée d'Obama, et Carcetti avait à peu près le même âge et les mêmes ambitions que lui dans la série... Tenez, une anecdote qui me revient : je me suis retrouvé dans une émission de télé en Irlande avec Martin O'Malley [maire démocrate de Batlimore de 1999 à 2007, puis Gouverneur du Maryland], sur lequel le personnage de Carcetti était en partie basé. Il détestait la façon dont on décrivait Baltimore dans The Wire, ça le rendait fou. Mais il est quand même venu me voir pour discuter et il a fini par me payer un verre. Comme quoi, tout arrive !

Queer as Folk, The Wire, Peaky Blinders, Game of Thrones... Rares sont les acteurs à aligner autant de grandes séries. Comment analysez-vous votre carrière télé quand vous regardez dans le rétro ?
Et j'aurais rajouté quelques trucs comme Charlie ou Love/Hate, mais bon ce n'est pas le sujet... Je suis plutôt heureux de ce que j'ai fait. Un rôle en amené un autre, qui en a amené un autre.... Ce n'est pas que de la chance, même si j'étais sûrement au bon endroit au bon moment : j'avais conscience qu'à chaque rôle que je prenais, quelqu'un allait me voir jouer, et que cette personne pourrait me proposer quelque chose d'encore plus intéressant. Je savais que mon image n'allait plus m'appartenir, que j'allais projeter quelque chose malgré moi à travers les personnages que j'incarnais. C'était encore plus évident avec un truc aussi regardé que Game of Thrones, mais j'ai toujours tout donné, peu importe la popularité potentielle de la série. En vieillissant, on a sûrement plus de choix, mais dès le début de ma carrière, j'ai toujours été en capacité d'attendre le bon rôle. Et puis je crois que je suis capable d'identifier un bon script et un mauvais script.

Qualité plutôt pratique quand on est acteur.
Ouais, c'est pas mal ! Le problème, c'est que quand vous commencez dans le milieu, vos agents vous conseillent rarement de refuser un rôle. Mais ce n'est pas une mauvaise chose de dire non, tant qu'on en a les moyens. Et quand vous avez la vingtaine, généralement vous pouvez vous offrir ce luxe. C'est quand on vieillit qu'on lâche l'affaire !

Qu'est-ce qui vous a attiré dans Kin ?
Le mélange de drame familial et de crime drama. Mais j'avais déjà un peu joué ce genre de personnage dans Love/Hate, et je n'avais pas spécialement envie de refaire la même chose. Sauf que j'ai été captivé par ce rythme délibérément lent, les tensions et la dynamique très spéciale entre les membres de cette famille. Je me suis dit que Love/Hate avait presque dix ans et que je pouvais y aller sans trop risquer de me répéter. J'aimais bien le personnage de Frank, il n'était pas trop cool pour un gangster, plutôt sur la réserve et sage. Mais il a aussi quelque chose d'imprédictible qu'on découvre dans les derniers épisodes. Et puis c'est toujours sympa de tourner un truc en Irlande. J'aime bien m'échapper.

Physiquement ?
Ouais, aller ailleurs. Changer de lieu, bouger. M'améliorer, essayer d'apprendre quelque chose au passage. Et puis un jour, tu te retrouves à tourner une scène avec Ciarán Hinds, et tu comprends que pour lui c'est tout l'inverse : il est ancré, là, dans le moment. Il essaie surtout de ne rien changer (Rires.) Et c'est sûrement lui qui a raison.