Séries Mania 2021 : Olivier Marchal se raconte à vif dans une MasterClass sans filtre

Face au public, l'acteur et réalisateur s'est livré à cœur ouvert sur son parcours si particulier, de la Police Criminelle à la télévision.

Invité d'honneur de cette édition 2021 de Séries Mania, Olivier Marchal n'a pas fait semblant, face au public venu nombreux pour l'écouter, ce vendredi après-midi à Lille. L'ancien policier devenu acteur, scénariste, puis réalisateur, est longuement revenu sur son histoire si particulière, qui l'a conduit aux écrans de télé et de cinéma. Il a raconté son passé de flic. Ses enquêtes marquantes. Traumatisantes même. Celles qui l'ont forgé et ont inspiré sa carrière par la suite. La gorge nouée, tentant difficilement de contenir ses larmes, il se souvient de ce soir de Noël où il a retrouvé deux fillettes exécutées dans leur lit par leur père, dans un sanglant massacre familial. "Ca a ruiné ma vie..."

L'exercice a été fort en émotion pour celui qui cartonne dans l'adaptation des Rivières Pourpres depuis deux ans. Il faut dire qu'Olivier Marchal est allé cherché loin dans ses souvenirs, se livrant sans filtre aux festivaliers. Il se remémore ainsi de cette "prof de français remplaçante, à qui je dois beaucoup. Une prof qui a su canaliser le sale gamin que j'étais à l'époque, qui était proche de se faire renvoyer du collège, en me faisant faire du théâtre. J'ai adoré. D'abord parce que c'était cool, ça plaisait aux filles...", sourit le cinéaste qui explique ensuite pourquoi il n'a pas tout de suite essayé de faire carrière, alors qu'il en crevait d'envie :

"Pour mon père, faire l'acteur, c'était Gabin, Delon et rien d'autre. Alors j'ai passé les concours pour rentrer dans la police... parce que je lisais beaucoup de romans policiers. J'avais envie d'être un flic à la Belmondo ou à la Lino Ventura. Un flic de cinéma en fait."

Mais très vite rattrapé par la réalité et la brutalité du terrain, le jeune Marchal subit de plein fouet la violence de la société dans laquelle il vit. "Je suis arrivé très tôt à la criminelle. Et assez rapidement j'ai été confronté à l'affaire que j'ai racontée, des années plus tard, dans mon film MR73. Ca m'a beaucoup marqué. Je suis devenu parano. J'ai réalisé qu'il existait réellement des monstres sur Terre. Alors je suis parti et j'ai intégré la section anti-terroriste."

Un changement de décor et un bouleversement dans l'histoire du policier, qui va dès lors faire des rencontres qui vont changer sa vie : "Je planquais avec Simon Michaël, mon chef, qui travaillait en parallèle sur le scénario des Ripoux à l'époque. Il nous racontait les scènes pendant les planques et il nous avait invité à faire un tour sur le tournage. Là j'ai croisé Philippe Noiret, quelqu'un qui a beaucoup compté pour moi. J'ai vu les projecteurs, Pigalle éclairée la nuit..."

Devenu "nuiteux", Olivier Marchal enchaîne alors les shifts nocturnes, pour avoir un maximum de temps libre afin de se consacrer à sa passion : le théâtre. "J'ai eu une relation de quelques mois avec une jeune comédienne, Michèle Laroque, pour ne pas la citer. Et elle m'a dit que si je n'essayais pas réellement de devenir acteur, alors je le regretterais toute ma vie. J'ai donc passé le concours du Conservatoire. J'ai été reçu, et c'était parti..."

Tout de suite, son vécu de flic inspire Olivier Marchal. Sa vision du métier. Ses souvenirs douloureux aussi. "Le tout premier scénario que j'ai écrit s'appelait Des Flics sans importance. Ca racontait la vraie vie des flics, ceux qu'on ne voyait pas au cinéma." Le film de ne s'est jamais fait, mais le script a été transformé quelques temps plus tard en épisode de Commissaire Moulin.

La voix se fait plus tremblante. Olivier Marchal se souvient alors du jour où Yves Rénier, disparu l'an dernier à l'âge de 78 ans, l'a appelé pour lui parler de son script. Pour lui dire qu'il voulait en faire une enquête du Commissaire Moulin. Ou comment celui qui allait devenir son ami, lui mit ainsi le pied à l'étrier, un premier pas dans ce milieu qui faisait briller les yeux d'Olivier Marchal depuis toujours...