L'acteur anglais célèbre pour son rôle d'agent très spécial dans la série Chapeau melon et bottes de cuir s'est éteint à 93 ans
L'acteur britannique Patrick Macnee, star de la série Chapeau melon et bottes de cuir, est mort jeudi à 93 ans à son domicile de Rancho Mirage en Californie. Plus qu'un acteur de série, c'est une icône qui disparait, l'emblème d'une époque et peut-être le symbole d'une civilisation. Après une enfance compliquée qu'il évoquera dans ses mémoires - un père alcoolique et une mère homosexuelle, ses années en pension - après des cours d'art dramatiques à Londres, Macnee qui rêve de faire l'acteur s'engage dans la Royal Navy en 42, sort décoré de la guerre et s'envole pour Hollywood avec une obsession : percer. Il écumera les planches, les shows télé 50s - The Girl, La 4e Dimension, l’anthologie Alfred Hitchcock présente - les studios (pour quelques rôles oubliables dans Les Girls de Cukor et Femmes coupables de Robert Wise) avant de revenir en Angleterre au début des années 60 et de décrocher le rôle de sa vie. Car c'est évidemment Chapeau Melon et bottes de cuir qui va le rendre à tout jamais célèbre. A l'origine, la série se concentrait sur le Dr David Keel (interprété par Ian Hendry) qui tentait de retrouver les assassins de sa fiancée... John Steed n'était alors que son assistant, un officier du MI5 qui l'aidait dans cette quête de justice. Lorsque Ian Hendry quitte le show, Macnee, ses accessoires, son attitude (le chapeau melon, le parapluie létal, son amour du champagne et son admiration des jolies filles) deviennent progressivement le poumon de la série. Face à lui, les producteurs imposèrent des femmes fortes et sexy (Honor Blackman, Diana Rigg et Joanna Lumley) qui feront de The Avengers (le titre VO) un vrai monument féministe et une vitrine fantasmatique de l'époque. Car de 1961 à 1969, cette série incarna définitivement les swinging sixties, dans toute leur splendeur pop, dans toute leur énergie et sous toutes leurs facettes. Entre le film d'espionnage et l'humour british et nonsensique de Lewis Carroll, Chapeau Melon était un tourbillon esthétique, un maelstrom visuel et sensoriel dont Macnee représentait finalement le centre de gravité, l'élément stable. A l'image de ce chapeau melon qui fonctionnait comme une référence à l'Angleterre edwardienne, Macnee avec ses costumes Savile Row et ses accessoires élégants, avec son flegme inoxydable et son humour pince-sans-rire, incarnait une Angleterre mythologique, son expression nostalgique (mais jamais passéiste) et le gardien des traditions.Patrick Macnee ne fut pas que Steed, mais au fond, il ne fut rien d'autre. On l'avait aperçu dans un épisode de Columbo, il a joué le comte Iblis dans deux épisodes de Battlestar Galactica en 1978, le scientifiques fou - professeur Plocostomos - dans The Lobster Man from Mars, le loup-garou dans Hurlements de Joe Dante ou l'éleveur de chevaux dans le très mauvais James Bond Dangereusement Votre. Passionné de théâtre, il disait à qui voulait l'entendre que sa plus grande expérience d'acteur avait été son rôle dans Le Limier en 72 à Broadway. Mais pour tous, et à jamais, Patrick Macnee reste l'incroyable, l'élégant, le vénérable John Steed. James Bond, Harry Palmer et Harry Hart (le héros de Kingsman) ont aujourd'hui perdu un des leurs...Gaël Golhen
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