Si elle peine parfois à s'enflammer, la suite de la guerre civile entre la team Rhaenyra et la team Alicent demeure une œuvre politique brûlante, où la guerre de succession souffle le chaud et le froid pour mieux cueillir le spectateur en plein vol.
Nul besoin de dissolution pour rendre cette saison 2 de House of the Dragon diablement palpitante. Plus politique encore que la première, la suite de la bataille entre Alicent et Rhaenyra pour le Trône de fer se joue essentiellement dans les conseils restreints et les alcôves de forteresses. Grisant, mais aussi un peu frustrant. Attention spoilers !
Car dans les premiers épisodes de cette nouvelle saison, c'est la course à la désescalade ! Alors que tout semblait pointer vers une énorme baston de dragons tous azimuts, après la fin de la saison 1, Ryan Condal et ses auteurs ont résisté à la tentation du grand spectacle aérien, pour installer un inattendu climat de guerre froide. Une guerre de position où les deux camps retiennent leurs bêtes, pour éviter de mettre le royaume à feu et à sang. Après la mort de son fils Luke, Rhaenyra est dévastée et demande la tête d'Aemond, mais refuse pour autant de sombrer dans la vengeance totale. Elle préfère lentement mais sûrement placer ses pions, rallier ses bannerets et organiser le blocus de Port Réal, grâce à la flotte de Corlys Velaryon. Pendant ce temps, la capitale suffoque, compte ses soutiens et le jeune roi Aegon II tente de se faire respecter des grandes familles de Westeros, de sa mère et de son grand-père Otto, qui est le véritable dirigeant de l'ombre.
Chaque camp refuse l'enflammade et passe une bonne partie des 4 premiers épisodes (ceux visibles pour la presse en amont) à justifier cette inaction. Les dragons sont présentés comme une arme de dissuasion massive, un arsenal nucléaire qu'il ne faut surtout pas utiliser au risque de faire basculer les 7 royaumes dans une apocalypse sans vainqueur. Malin. House of the Dragon retrouve ainsi toute l'ampleur politique des premières saisons de Game of Thrones - avant que la série originale ne courre vers le blockbuster comme un poulet sans tête. Elle se déguste à coup de répliques cinglantes, d'enjeux émotionnels intenses, de coups bas délicieux et de moments de tension savoureux. Les meilleures séquences se jouent au sein des conseils restreints des deux camps, où les conseillers de tout poil tentent de faire pencher la balance.
Une saison résolument politique, et donc franchement bavarde aussi. Assez froid et austère sur la forme, ce nouveau chapitre en ressort régulièrement confus, tant il multiplie les références à la litanie des Maisons qui composent Westeros. Qui est qui ? Qui est avec qui ? A moins de connaître son George R.R. Martin illustré sur le bout des doigts, il faudrait carrément regarder chaque épisode avec un trombinoscope pour se souvenir précisément de chaque personnage, dans quel camp il se trouve et de quel héros de Game of Thrones il est l'aïeul ! Du coup, on perd parfois le fil à regarder des seigneurs à l'importance évasive, marmonner sur des gens dont les noms ne nous disent pas grand chose...
Mais on se rassure en se disant qu'un sentiment similaire était né à l'époque des premières saisons de Game of Thrones... Et puis la saga a toujours le don de rallumer la flamme au moment où notre attention vacille. Cette saison 2 de House of the Dragon va crescendo dans la violence et l'affrontement, et à chaque fois qu'elle sort l'épée du fourreau, ce n'est pas pour beurrer les tartines ! De représailles hyper-choquantes et coups de grisous spectaculaires, de dragons qui s'écharpent dans les airs en twists mortels enflammés, elle offre son lot de séquences fortes qui feront le buzz et causer le lundi matin à la machine à café. Même si, au fond, ce qui fait vraiment la réussite de House of The Dragon, c'est cette méticuleuse étude humaine et brutale de l'exercice du pouvoir.
House of the Dragon, saison 2, à voir sur Max dès le 17 juin prochain en France.
Commentaires