Thomas Lilti signe un astucieux drame hospitalier, prolongement de son film, où le romanesque lutte sans cesse avec un désir de réalisme sociétal.
Rares sont les séries françaises dérivées d’un film. On se souvient des Revenants mais le réalisateur du long métrage, Robin Campillo, n’était pas impliqué dans l’adaptation télé. Thomas Lilti est au contraire totalement maître à bord de cette série médicale qu’il a coécrite et dont il réalise les huit épisodes. L’ancien médecin y redéploie astucieusement les enjeux de son film sorti en 2014 puisque, si le sujet (l’hôpital public vu par le prisme des internes) reste le même, les personnages et la trame ont changé. Imaginant une mise en quarantaine qui cloue les médecins titulaires chez eux, la saison 1 donne les clés à un quatuor de jeunes soignants inexpérimentés contraints de faire équipe. Fidèle à la réalité, la parité est respectée : deux femmes (Louise Bourgoin et Alice Belaïdi) et deux hommes (Karim Leklou et Zacharie Chasseriaud) doivent ainsi composer avec des secrets personnels, des caractères divergents, des histoires sentimentales mouvementées et un manque de moyens qui constituent un riche terreau romanesque en même temps qu’un plaidoyer politique à la gloire de l’entraide. Alternant entre des situations relativement bancales et d’angoissantes opérations médicales qui créent un attachement aux protagonistes, Thomas Lilti redonne avec cet accueillant programme à l’impeccable casting tous ses sens au mot « hospitalier ». Et crée un cocon sociétal appelé à revenir à l’antenne (la saison 2 est déjà en écriture).
Hippocrate, diffusé sur Canal+
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