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La mini-série, en compétition au Festival Séries Mania en avril dernier, débarque ce soir, sur Arte.

Présentée au Festival Séries Mania au printemps dernier, Kim Kong débarque ce soir sur Arte. Les trois épisodes (de 52 minutes) de cet ovni décapant seront diffusés à la suite, sur la chaîne franco-allemande. Jonathan Lambert y incarne là un réalisateur de blockbusters français, kidnappé par un dictateur asiatique, pour tourner un improbable film à sa gloire. L'acteur français nous dit tout sur cette audacieuse création française.

Kim Kong, c'est une série un peu folle, pas facile à décrire. Comment est-ce que vous feriez le pitch en quelques mots ?
Jonathan Lambert : C'est une comédie sur l'absurde, mais dans des situations réelles. Et c'est ça qui est intéressant. C'est du comique de situation, ce qui est assez nouveau pour moi à jouer, moi qui suis plutôt habitué à faire des personnages, au contraire. Là, il s'agissait juste d'être ce type, jeté dans cet univers culturellement très éloigné du sien.

D'où est venue l'idée de tourner cette histoire ? J'ai lu qu'elle est basée, à l'origine, sur une histoire vraie ?
Oui, un réalisateur avait effectivement déjà été enlevé, il y a pas mal d'années, par un dictateur, je ne sais plus où. Dans le même genre, j'avais lu que Fidel Castro aussi avait aussi kidnappé un scientifique, pour qu'il lui construise un vaisseau pour aller dans l'espace. Mais ce n'est pas important. Il y a un fond d'histoire vraie dans toutes les histoires et c'est ce qu'on en fait qui est intéressant. Là, le coeur de Kim Kong, c'est de raconter comment on créé sous la contrainte. C'est la question fondamentale de la série. Ca parle d'un réalisateur qui fait des films de merde, et qui va trouver dans cette épreuve, un moyen de refaire du cinéma, comme il l'envisageait quand il était jeune.

Vous jouez un réalisateur français, qui ne fait plus que des blockbusters américains. Vous vous êtes inspiré de quelqu'un en particulier pour incarner ce rôle ? Louis Leterrier ou Luc Besson par exemple ?
Non je ne crois pas. Mon personnage n'est pas particulièrement inspiré par l'un d'eux. Mais après je n'ai pas écrit le scénario.

La série se déroule dans un pays qui n'est pas officiellement la Corée du Nord... mais les similitudes sont énormes. Pourquoi ne pas avoir appelé un chat un chat ?
Il n'y a pas tant de similitudes que ça... D'ailleurs, ils ne parlent pas le coréen. Je crois que c'est le Chinois qui est parlé dans la série. Et il y a même un moment où l'on a pensé tourner la série en Afrique. Alors non, la Corée du Nord, ce n'était pas le propos. Ca aurait sûrement donné trop d'importance au lieu, si on l'avait situé. Le réalisateur a pris quelque trucs à droite et à gauche, dans différentes dictatures. Ca pourrait aussi bien se dérouler en Afrique, en Europe, en Amérique du Sud...

Vous n'avez encore jamais réalisé vous même ? Ca vous a donné envie de passer derrière la caméra ?
En fait, j'avais réalisé un petite série pour Dailymotion, qui s'appelait Looking for Maman, il y a deux ou trois ans. Mais ce qu'il y avait surtout de troublant avec Kim Kong, c'est qu'on tournait un tournage. Il y avait une sorte d'effet miroir, qui était assez déstabilisant... Parce que mon personnage disait "Coupez !" Et puis après j'entendais derrière moi : "Coupez" ! Ca faisait comme une réverb' permanente, c'était assez marrant.

Après le tournage de la série, vous avez joué un spectacle intitulé "Lookin for Kim" sur les dictateurs. Qu'est ce qui vous fascine autant chez eux ?
Oui, c'était même un peu en même temps d'ailleurs. Mais mon spectacle était sur de vrais dictateurs. C'était beaucoup plus documenté. En fait, c'était un pur hasard, que je fasse Kim Kong au même moment. Après, c'est vrai que je trouve que les dictateurs sont des personnages totalement hors-normes, totalement terrifiants bien sûr. Mais ce qui m'intéresse, c'est surtout de mettre le doigt sur leurs absurdités, leurs petits caprices, leurs délires, très révélateurs de leur égomania, de leur folie.

Il y a même quelque chose d'assez comique chez eux...
Il n'y a qu'à prendre l'exemple du Dictateur, de Charlie Chaplin. On n'a jamais fait mieux d'ailleurs. Déjà, ce qu'il voulait montrer, c'était leur côté pantin délirant, ces costumes, leur façon de parler à la tribune... Quelque chose de totalement risible, surréaliste même.

Kim Kong, c'est avant pour faire rire, ou c'est aussi fait pour réveiller les gens en pleine campagne électorale ? Il faut y voir un sous-texte politique ?
Non pas du tout. C'est une vraie comédie qui verse même dans quelque chose de plus émouvant. Un attachement à cette culture qui n'est pas la sienne. Non, là, il n'y a pas de volonté de dénonciation. C'est quelque chose d'assez léger. Evidemment, la dictature, on n'est pas pour (rires) ! Mais le but de la série n'est pas d'ouvrir un débat.

Vous êtes un gros consommateur de séries, en général, à la maison ?
Non pas trop. Là, je regarde The Crown. Je me souviens que la première série que j'ai regardé, c'était Jim Profit, dans les années 1990. Ca n'a duré que 7 ou 8 épisodes. Le personnage principal était tellement immoral, qu'ils avaient reçu une tonne de courriers d'insultes. Ca m'a marqué. Et puis après j'ai suivi Oz, Six Feet Under, Breaking Bad...

Après Kim Kong, vous voudriez faire d'autres séries ?
Oui bien sûr. J'avais fait Péplum, il n'y a pas longtemps, sur M6. D'ailleurs, de temps en temps, ils en parlent, de faire une suite ou un truc exceptionnel...

A part ça, on continuera à vous voir dans l'émission Quotidien (sur TMC) ?
Oui je pense. Je fais ça depuis janvier. Au départ, ça s'est fait un peu par hasard. Ils m'ont demandé de faire une surprise quand Laurent Ruquier était invité chez eux. Et puis ils ont aimé. Ils m'ont demandé de le refaire. Alors j'ai dit oui, mais pas sur une base trop régulière. En fonction de l'invité, de temps en temps, si je suis inspiré, si j'ai une idée, alors j'aime bien. Pour l'instant c'est cool. Ils sont contents. Je m'amuse à le faire. Ca se fait dans le confort absolu et ça me va bien comme ça.