Portrait d’une passionaria héroïque, thriller 70's, film de traque ou beau pamphlet ambigu ? Zero Dark Thirty est un peu tout cela à la fois. Avant d'aller voir le nouveau film de Kathryn Bigelow, voilà cinq films à voir qui devraient vous aider à y voir plus clair.ArgoL’autre super thriller du moment est aussi le concurrent direct aux Oscars de Bigelow. Une fable géopolitique d’inspiration seventies qui raconte le bourbier oriental (l'Iran de 1980 contre l'Afghanistan post-2001) ; une fantasmagorie historique doublée d'un sujet socio-politique en or massif. Mais ZDT est l’exact inverse d’Argo. Là où Affleck signe une farce véridique sur fond de choc de civilisations entre fous de Dieu de la République islamique et héroïsme cool de l’Empire, Bigelow tresse un film abstrait qui met les Américains face à eux-mêmes. Contre la patine vintage et barbue d’Affleck, son film gentiment méta (la couverture des agents de la CIA : l'équipe d'un film bidon de SF) et finalement propre sur lui, elle opte pour une mise en scène anti-spectaculaire (on ne voit pas le 11 septembre, on l'entend), moderne et dévitalisée. ZodiacA propos de traque, on n'a pas fait mieux que ce chef d'oeuvre envoutant. On sait depuis longtemps que Bigelow planchait sur ZDT AVANT la mort de Ben Laden. Tel quel, ce projet initial aurait été encore plus proche de ce Fincher mélancolique sur une obsession mort-née. Pourtant, même avec le cadavre de Ben Laden sur les bras, ZDT et Zodiac partagent beaucoup. Un feeling seventies, l’énorme travail d’enquête qui nourrit la fiction, une folie morbide… Dans les deux cas, la traque s'éternise et rend à moitié fous ceux qui tentent de la dénouer. On suit pas à pas ces dizaines de chemins qui ne mènent nulle part. Culs-de-sac déductifs, voies sans issue des analyses graphologiques ou vidéos, puzzle de preuves manquantes, tout ici s'abolit en photos épinglées au murs ou en dossiers poussiéreux qui anéantissent l'avidité du spectateur et des héros. Le film de Fincher comme celui de Bigelow sont deux étranges équipées au royaume de la frustration. Et que Maya flingue OBL ne change finalement pas grand-chose à l’affaire.
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