Une émotion a été effacée de Vice-Versa 2 : "C'était trop lourd"

Dans le cerveau de Riley, le tableau de bord s'est agrandi, car il fallait y faire tenir encore plus d'émotions.

"Faites de la place pour de nouvelle émotions", nous conseille le poster américain de Vice-Versa 2. Effectivement, maintenant que Riley est adolescente, elle va être bouleversée par toutes sortes de nouveaux sentiments. En plus de Joie (Amy Poehler), Tristesse (Phyllis Smith), Colère (Lewis Black), Peur (Tony Hale remplace Bill Hader en VO) et dégoût (Liza Lapira succède à Mindy Kaling), la jeune fille verra débarquer dans son esprit Anxiété (Maya Hawke), Envie (Ayo Edebiri), Ennui (Adèle Exarchopoulos) et Embarras (Paul Walter Hauser).

Voici comment elles sont décrites par Pixar :

• Anxiété va tout chambouler au Quartier Général, et même au-delà. Véritable boule d’énergie, Anxiété va s’assurer avec enthousiasme que Riley puisse parer à toute éventualité.

• Envie trouve toujours le moyen d’arriver à ses fins. Elle regarde systématiquement avec jalousie ce que les autres possèdent et n’a pas peur de le revendiquer ;

• Ennui se moque éperdument de tout. Blasée et léthargique, avec un roulement d'yeux bien rodé, elle ajoute - suivant son humeur du moment - une parfaite dose d'apathie adolescente à la personnalité de Riley ;

• Embarras est plutôt du genre discret, ce qui n’est pas chose aisée quand on a l’apparence d’un costaud au teint rose vif. 

Le réalisateur Kelsey Mann en dit plus à The Wrap à propos de tous ces chamboulements. Aviez-vous remarqué que le tableau de bord qui dirige le cerveau de l'héroïne s'était agrandi entre le premier opus sorti en 2015 au cinéma et cette suite attendue cet été ? Lui qui a travaillé sur Monstres Academy et En avant explique qu'ils sont aussi changé de format, passant de 1.85:1 à un ratio plus large de 2.35:1. Son producteur, Mark Nielsen, ajoute que 150 animateurs ont travaillé sur ce film d'animation - un record chez Pixar.

Il faut dire que le challenge était de taille, Vice-Versa 2 ayant subi de plein fouet la pandémie, puis la grève des scénaristes et des acteurs, ce qui fait qu'ils ont exceptionnellement dû travailler longtemps sans avoir enregistré de dialogues. Mann ajoute que "les technologies d'animation ont tellement évolué", que celles du premier film étaient obsolètes.

"On nous a dit que ça nous prendrait une année entière rien que pour faire revenir Joie !", s'exclame-t-il, épaulé par Nielsen qui précise : "Ils avaient utilisé une technologie aujourd'hui abandonnée pour le premier, cela signifie que tout le système pour créer les lumières, les ombres, avait changé par exemple. Et nous on devait faire en sorte que la suite ressemble au souvenir du premier."

Pas de Honte

L'article détaille alors qu'au départ, une autre émotion aurait dû faire partie de l'histoire : Shame (la Honte). Elle avait été imaginée toute grise et cherchant perpétuellement à se cacher par Jason Deamer, designer de nombreux personnages de chez Pixar. Le problème, "c'est qu'elle n'était pas fun, tout ce qui se passait avec elle était trop lourd", justifie Mann à propos de son éviction de Vice-Versa 2 :

"Vous voyez quand vous regardez un film et que vous vous dites : 'Mec, c'est un super long métrage', mais qu'en même temps vous savez que vous n'aurez pas vraiment envie de le revoir ? Il existe des œuvres dans ce genre-là. Moi, je ne veux pas que mes films soient comme ça. Je veux en créer qui aient du sens, mais quand on se demande : 'Est-ce que j'aurais envie de le remater ?', j'aimerais que la réponse soit : 'Carrément !' Mes films préférés sont comme ça, donc logiquement, c'est ce que j'ai envie de faire. Avec ce personnage, je n'avais pas envie d'y revenir, ce n'était pas marrant à explorer."

Le Dr. Dacher Kelter, qui a aidé l'équipe à concevoir les nouveaux personnages d'Inside Out 2 détaille qu'en plus, "la honte, ce n'est pas une vraie émotion. C'est quelque chose qui peut nous arriver dans la vie, mais pas pour tout le monde. Alors qu'on ressent tous de l'anxiété, c'était mieux d'eplorer ça. Il me semblait plus important de parler d'elle que de délivrer un message du style : 'Ne vous faites pas honte.' C'était un peu moralisateur. Alors que de l'anxiété, on en a besoin d'une certaine manière, ce n'est pas une émotion 100% négative."

Deamer ajoute : "Shame ne me manque pas, même si j'aimais bien son apparence. Et puis, il existe toujours dans le film des éléments (que l'équipe avait conçus autour d'elle). Ce film parle du sentiment de ne pas être à la hauteur, de penser qu'on ne fait pas assez bien. Bien sûr, quand on évoque ce mal-être, il y a de la honte, ça en fait partie."

Une bataille d'émotions

Deamer poursuit en expliquant que s'ils avaient conservé Shame, ou alors Guilt (la Culpabilité), également à l'étude, alors "il aurait fallu lui créer une histoire de méchant", alors que dans Vice-Versa 2, ils ont finalement préféré explorer l'idée de groupe.

"Ce qu'on trouvait marrant avec ces nouveaux personnages, c'était l'idée qu'ils soient une sorte de nouvelle génération d'émotions, précise Nielsen. Je crois que c'est Amy Poehler qui a dit : 'Ces gars-là, ce sont la Génération Z des émotions.' (…) On a trouvé un bon moyen de dramatiser cela, de les monter les unes contre les autres."

Le Dr. Keltner confirme, en rappelant que dans le premier volet, Joie était une sorte d'antagoniste sans le vouloir. C'est son enthousiasme à toute épreuve qui finissait par causer des problèmes au groupe. Là, la relation entre les différentes émotions fonctionnera autrement, et elle a supervisé cette nouvelle dynamique.

"Je me souviens m'être dit : 'A cette âge, vous avez une sorte de bataille interne en vous', se souvient Mann. Cette idée me parlait beaucoup. Je me souviens avoir écrit 'Bataille interne' avant de l'entourer. J'observais ce cercle et je me disais : 'C'est cool, c'est différent... Et si on faisait carrément s'affronter ces deux groupe ?' Cela nous semblait réaliste, car à l'adolescence, on ressent véritablement ce combat dans notre tête, et on en parle à personne. On se dit : 'Je suis le ou la seul(e) à ressentir ça.' Quel meilleur moyen de traiter ce sujet que de les montrer en pleine bataille sur grand écran, pour que les gens ne se sentent plus seuls ? C'est là qu'ils ont eu envie de faire un film à ce sujet."

Vice-Versa 2 sortira le 19 juin au cinéma. Voici sa bande-annonce :