Le film de SF avec Olga Kurylenko et Tom Cruise revient ce soir sur TMC.
Un film de science-fiction
Pour commencer par le commencement, rappelons le synopsis d’Oblivion : 2077 : Jack Harper, en station sur la planète Terre dont toute la population a été évacuée, est en charge de la sécurité et de la réparation des drones. Suite à des décennies de guerre contre une force extra-terrestre terrifiante qui a ravagé la Terre, Jack fait partie d’une gigantesque opération d’extraction des dernières ressources nécessaires à la survie des siens. Sa mission touche à sa fin. Dans à peine deux semaines, il rejoindra le reste des survivants dans une colonie spatiale à des milliers de kilomètres de cette planète dévastée qu’il considère néanmoins comme son chez-lui. Vivant et patrouillant à très haute altitude de ce qu’il reste de la Terre, la vie « céleste » de Jack est bouleversée quand il assiste au crash d’un vaisseau spatial et décide de porter secours à la belle inconnue qu’il renferme. Ressentant pour Jack une attirance et une affinité qui défient toute logique, Julia déclenche par sa présence une suite d’événements qui pousse Jack à remettre en question tout ce qu’il croyait savoir. Ce qu’il pensait être la réalité vole en éclats quand il est confronté à certains éléments de son passé qui avaient été effacés de sa mémoire. Se découvrant une nouvelle mission, Jack est poussé à une forme d’héroïsme dont il ne se serait jamais cru capable.
Le sort de l’humanité est entre les mains d’un homme qui croyait que le seul monde qu’il a connu allait bientôt être perdu à tout jamais.Un futur pas si lointain et post-apocalyptique, où la survie de l’humanité est en jeu : Oblivion marche dans les pas des grands classiques de la SF (La Guerre des mondes, Les Fils de l’homme, Je suis une légende…), dont il recycle certaines visions. Une touche de Moon, un soupçon de 2001, un éclair de Matrix… Ni remake, ni prequel ou sequel, le récit de Joseph Kosinski est purement original mais ne cache pas pour autant ses multiples inspirations.
Un film sur l’oubli
"Oblivion" n’a pas d’équivalent exact en français. Il s’agit d’oubli, mais d’un oubli définitif et universel : quand quelqu’un est mort et que toutes les personnes qui portaient son souvenir sont mortes à leur tour, il tombe dans l’oblivion. Aux oubliettes. Dans le film de Joseph Kosinski, il est beaucoup question d’oubli et de mémoire. Jack Harper (Tom Cruise) a eu la mémoire effacée mais des flashs, qui lui semblent être des souvenirs dont il n’est pas sûr qu’ils lui appartiennent, lui suggèrent un passé et un monde qu’il n’a pas connus, ou peut-être oubliés. Sans lui, cette histoire, pas seulement la sienne mais celle de toute l’humanité, pourrait être à jamais oubliée. D'un point de vue méta, ce héros qui lutte pour un souvenir pourrait être le miroir d'un cinéaste qui veut faire perdurer les oeuvres dont il s'inspire en en réactivant le souvenir dans son film.
Le dernier Tom Cruise
Oblivion repose en grande partie sur les épaules de Tom Cruise, dont le personnage a la lourde charge de sauver l’humanité. Il est le dernier humain resté sur une planète désolée en compagnie de son binôme Vika (Andrea Riseborough), qu’il laisse tous les matins dans leur tour au dessus des nuages pour partir seul à bord de son vaisseau faire des rondes et vérifier le bon fonctionnement des machines destinées à produire l’énergie vitale au reste de l’humanité. Le film compte autant sur Tom Cruise que cette humanité en exil sur Jack Harper, tant son personnage est capital dans le scénario dont une bonne moitié lui est exclusivement réservé. Sa partenaire Vika, l’énigmatique Malcolm Beech (Morgan Freeman), même la belle Julia (Olga Kurylenko) ne sont que des miroirs dans lesquels se reflète la destinée du héros. Avec sa constance et sa force tranquille, l’acteur remplit l’écran en continuant d’exercer cet étrange pouvoir de fascination. Sa partenaire de jeu confiait récemment qu’elle pourrait « passer [sa] journée à le regarder ». Nous aussi.
Une histoire d’amour
Les enjeux d’Oblivion sont globaux - la survie de l’humanité, rien que ça -, pourtant, ce film qui ambitionne de rejoindre les grands classiques de la science-fiction est fondamentalement une histoire d’amour. C’est le visage de cette femme (Olga Kurylenko) qui peuple les flashs de Jack Harper, ces visions qui ressemblent à des souvenirs dont il ne se souvient pas qui font dévier le héros de sa trajectoire et sèment le doute dans son esprit censément reprogrammé. L’amour est donc l’élément disruptif, et ainsi moteur, de ce scénario fantastique qui s’intéresse pourtant au futur de l’humanité toute entière. Ce ne sera pas la première fois, mais ce qu’Oblivion raconte, c’est que l’amour est la seule force capable de vaincre (le destin, les aliens, la mort, peu importe). De la SF donc, mais profondément romantique.
Une œuvre de Joseph Kosinski
Outre un jeu vidéo, une chanson de M. Pokora et un héros Marvel, Oblivion, avant d’être un film de Joseph Kosinski, était un roman graphique de… Joseph Kosinski. Le réalisateur de Tron l’héritage adapte en effet sa propre BD (qu’il avait toujours pensée comme un futur long métrage) et filme donc un univers né directement de son imagination. A l’écran, il la traduit avec son regard de professionnel de l’imagerie numérique et son esthétique futuriste froide, lisse, immaculée. Ses personnages évoluent dans des intérieurs designs et déshumanisés et des paysages irréels (bien qu’extrêmement réalistes dans leur conception), toujours d’une beauté à couper le souffle. Le budget de 120 millions de dollars et le talent de Claudio Miranda, son chef opérateur, récemment oscarisé pour L'Odyssée de Pi, ont pu aider. La caméra avec laquelle le film a été tourné, qui offre une résolution quatre fois supérieure aux caméras numériques classiques et permet une projection en IMAX, aussi.
Un secret jalousement gardé
Malgré un synopsis long comme le bras, très peu d’infos ont filtré sur Oblivion. Des extraits et bandes annonces qui donnent de courts aperçus de l’univers créé par Kosinski, quelques avant-premières en Amérique latine mais aucun avis qui filtre, même sur les réseaux sociaux, une projection pour la presse une semaine avant la sortie avec pour consigne de ne publier aucune critique avant le jour J… Peur du bide, confusion marketing ? Si l’on ne sait pas grand chose d’Oblivion jusqu'au jour de sa distribution en salles, c’est d’abord parce que son scénario ménage de nombreux rebondissements avant le grand twist final, qui interdisent d’aller au-delà de la description. Par respect de la consigne et pour la découverte du futur spectateur, nous n’en dirons donc pas plus.
Vanina Arrighi de Casanova
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