Tchéky Karyo
BBC

Méchant emblématique du cinéma français dans les années 90, devenu enquêteur rugueux et bouleversant pour la télévision en fin de carrière, Tchéky Karyo a été emporté par un cancer.

C'est une gueule du cinéma français qui disparaît.

L’acteur Tchéky Karyo s’est éteint vendredi 31 octobre, emporté par un cancer. Il avait 72 ans. "Valérie Keruzoré, son épouse, et leurs enfants ont la douleur de faire part de la disparition de Tchéky Karyo emporté par un cancer ce vendredi 31 octobre", indique un communiqué de sa famille transmis à l’AFP.

Révélé au début des années 1980, Tchéky Karyo s’impose d’abord dans La Balance de Bob Swaim (1982), où il crève l’écran en petit voyou au grand cœur, rôle qui lui vaut une nomination au César du Meilleur espoir masculin. Il enchaîne avec L’Ours de Jean-Jacques Annaud (1988) et surtout Nikita de Luc Besson (1990), où il campe Bob, mentor implacable et protecteur de l’héroïne jouée par Anne Parillaud. Trois rôles charnières qui installent sa présence brute, ce mélange unique de dureté et d’humanité.

Tchéky Karyo l'ours
Renn Productions

Avec sa gueule cabossée et son regard perçant, Karyo devient vite l’un des "méchants" les plus fascinants du grand écran. Dans Dobermann de Jan Kounen (1997), il incarne un flic sadique à la violence presque mythologique. Dans Crying Freeman de Christophe Gans (1995), il joue le détective Netah, chasseur obsessionnel, autre face du même démon. Son visage, taillé pour le clair-obscur, devient sa signature : celle d’un acteur qu’on n’oublie pas.

Tchéky Karyo Dobermann
Noé Productions

Très vite, Hollywood s’intéresse à ce vilain tellement magnétique. Il traverse l’Atlantique et impose son charisme fou en chimiste assassin traqué par Will Smith dans Bad Boys de Michael Bay (1995), puis dans 1492 : Christophe Colomb de Ridley Scott (1992), ou encore GoldenEye de Martin Campbell (1995), où il fait face à Pierce Brosnan. En France, il retrouve Luc Besson pour Jeanne d’Arc (1999), où il incarne Jean de Dunois, compagnon d’armes loyal et farouche. De ces années-là, il devient l'un des rares acteurs capables de naviguer entre deux cinémas, deux langues, en conservant la même intensité et la même vérité dans le regard.

Tchéky Karyo bad boys
Columbia

Dans les années 2000, Tchéky Karyo change de peau. En vieillissant, il fait moins peur et devient une figure paternelle, bienveillante, protectrice. Il retrouve ainsi une forme de douceur dans Belle et Sébastien de Nicolas Vanier (2013), où il incarne César, le grand-père bourru au cœur tendre, ou dans Jappeloup de Christian Duguay (2013), où il joue un mentor, figure d’expérience et de transmission. Le dur à cuire des années 90 s’est mué en visage apaisant, pilier du cinéma populaire français.

Tchéky Karyo dans Rapide
Universal

Tout naturellement, il fait la transition vers la télévision au coeur des années 2010. Son rôle de détective Julien Baptiste dans The Missing (2014-2016) le révèle à une nouvelle génération de spectateurs et fait de lui une star outre-Manche. Le personnage aura droit à son propre spin-off, Baptiste (2019-2021), diffusé sur BBC One, confirmant son statut d'acteur international. Jusqu’à la fin, Tchéky Karyo aura tourné sans relâche, entre cinéma d’auteur, films populaires et séries internationales. Son dernier rôle, dans Rapide, est sorti en avril dernier. Un dernier coup de gueule avant de tirer sa révérence.

A lire aussi sur Première

Udo Kier, icône allemande du cinéma mondial, est mort à 81 ans

Proche d'Andy Warhol, star de My Own Private Idaho de Gus Van Sant, on le retrouvait aussi bien dans Ace Ventura que chez Lars Von Trier. En un mot : inclassable.

Hollywood pleure Robert Redford : les hommages des stars à la légende

Meryl Streep, Morgan Freeman, Scarlett Johansson ou encore Jane Fonda ont salué la mémoire d'un acteur et réalisateur admiré de tous.