Affiches Sorties de la semaine du 10 décembre 2025
Tandem/ Epicentre/ Les Films du Losange

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
LOVE ME TENDER ★★★★☆

De Anna Cazenave- Cambet

L’essentiel

Une adaptation puissante du livre de Constance Debré sur son combat pour récupérer la garde de son fils. Et une Vicky Krieps une fois encore magistrale !

En 2020, Constance Debré a publié Love me Tender, un livre où elle racontait sans fard son combat pour récupérer la garde de son fils que son ex- mari avait fait supprimer quand elle lui avait révélé qu’elle vivait désormais des histoires d’amour avec des femmes. Anna Cazenave Cambet  (De l’or pour les chiens) s’empare de ce récit intime tout en conservant toute la puissance émotionnelle qui vous tord le ventre devant l’injustice vécue par cette femme. Grâce à la force du texte bien sûr. Grâce à l’intelligence de la cinéaste d’avoir compris que la durée constitue un élément central de la manière dont on vit comme spectateur le combat de son héroïne. Mais aussi et surtout grâce à la manière dont Vicky Krieps s’empare de ce personnage éminemment complexe dans une économie constante de mots et de gestes puisque devant tout encaisser sans surréagir sous peine de voir encore diminuer ses chances de regagner cette fameuse garde. Une actrice immense.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

ELLE ENTEND PAS LA MOTO ★★★★☆

De Dominique Fischbach

C’est vers 2000 que Dominique Fischbach a fait la connaissance de Manon, alors âgée de 11 ans. Elle cherchait une famille pour parler du handicap du point de vue d’une fratrie et va donc filmer celle de Manon dont des deux des trois enfants sont sourds. La réalisatrice a pour elle un coup de foudre et viendra dès lors à intervalles réguliers la filmer entourée des siens, donnant naissance à deux courts. Avant de leur proposer de poursuivre ce travail au long cours avec un long métrage pour le cinéma en partant d’un moment de réunion familiale qui allait permettre de raconter leur histoire sur 25 ans en utilisant leurs archives et le matériel qu’elle avait elle- même engrangé. Le résultat se révèle une merveille de sensibilité. Dominique Fischbach est toujours à bonne distance de ceux qu’elles filment et des images du passé sa disposition. Elle sait poser les bonnes questions au bon moment comme se taire pour laisser la place à des silences éloquents. Et ne confond jamais curiosité et intrusion. Un tour de force.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

LA CONDITION ★★★☆☆

De Jérôme Bonnell

Changement de registre pour Jérôme Bonnell (Le Temps de l’aventure) avec cette adaptation d’Amours de Léonor de Rocondo. Lui qui a su si bien explorer la passion amoureuse met ici en scène la dérive des non- sentiments à travers un mariage arrangé dans la France de 1908. Celui qui unit, dans un petit village de province, André, notaire hautain, et Victoire, vite à l’étroit dans le rôle de l’épouse modèle. Avant qu’une troisième personne s’invite dans ce duo : leur bonne Céleste qu’André - à qui Victoire refuse tout contact charnel - force à coucher avec lui et qui va tomber enceinte. Un enfant qu’on lui « volera » pour être l’héritier tant espéré… On retrouve ici ce qui fait le sel du cinéma de Bonnell. La qualité de sa direction d’acteurs, le regard toujours pertinent qu’il pose sur ses personnages féminins et sa mise en scène maîtrisée qui évite tout académisme. Un film d’une infinie délicatesse où cette histoire de plus d’un siècle se révèle d’une grande modernité.

Thierry Cheze

ANIMAL TOTEM ★★★☆☆

De Benoît Délépine

Un an après Gustave Kervern (et son magnifique Je ne me laisserai plus faire sur Arte), voici à son tour Benoît Délépine seul maître à bord de cet Animal Totem où on a le plaisir de retrouver ce qui fait le sel et le piment de leurs œuvres en duo, cette manière d’entremêler humour, poésie et politique au fil de récits sortant des sentiers battus. En l’occurrence ici un road movie – leur genre emblématique, d’Aaltra à Saint- Amour – dans les pas d’un personnage mystérieux qui débarque à l’aéroport de Beauvais, avec une simple valise à roulettes. Et qu’on suit tout au long de son périple pédestre vers La Défense, où on découvrira le but de sa mission, mue par un combat écologique. Et on oubliera vite sa dernière ligne droite au forceps pour retenir la folie douce qui accompagne ce périple porté par le toujours immense Samir Guesmi qu’on pourrait croire échappé d’un film de Tati et les excellents seconds rôles qui l’entourent, dont Patrick Bouchitey si rare sur grand écran.

Thierry Cheze

LOUISE ★★★☆☆

De Nicolas Keitel

Nicolas Keitel raconte que Louise est née d’une image qui le hante : deux gamines recroquevillées dans un escalier qui entendent leur mère se faire battre par son conjoint. Soit le point de départ de ce premier long et de la fuite d’une des deux sœurs du domicile familial pour entamer une nouvelle vie sous une autre identité. Avant que, 15 ans après, elle retrouve la trace de sa mère et de sa sœur, réussisse à entrer en contact avec elles sans dire qui elle est et finisse par se demander si et quand elle doit leur révéler qui elle est. Prix du public au festival de Saint- Jean- de Luz, Louise est un film dominé par une tension permanente où Keitel mêle les genres – thriller psychologique, mélo, drame familial – avec une dextérité qui tue dans l’œuf toute facilité lacrymale. Un vrai film d’actrices aussi où le trio formé par Diane Rouxel, Salomé Dewaels et Cécile de France apporte relief et justesse à cette chronique déchirante sur la résilience et le pardon.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

A LA POURSUITE DU PERE NOËL ! ★★☆☆☆

De James Huth

Furieuse que le Père Noël (incarné par Patrick Timsit) ne lui ait pas livré le cadeau qu’elle voulait - une sarbacane à air comprimé pour détruire le jouet préféré du garçon qui la harcèle à l’école, le fils de la très snob famille propriétaire de la biscuiterie qui fait vivre la ville ! – la petite Zoé décide de partir le trouver pour qu’il répare son erreur, quoi qu’il en coûte ! Voilà pour le point de départ de cette comédie familiale de Noël où on retrouve à l’écriture la folie douce de la plume du regretté Laurent Tirard (pour son ultime scénario, co- écrit avec Benjamin Dupas) et à la réalisation – colorée, trépidante – tout ce qui faisait le sel des délirants Serial lover, Hellphone ou Brice de Nice de James Huth, aux abonnés absents de ses deux précédents films Rendez- vous chez les Malawas et Le Nouveau jouet. Dommage que le cahier des charges – s’adresser au plus grand nombre et à toutes les générations – conduise inévitablement à une dernière ligne droite dont la mignonnerie contraste avec l’esprit frondeur de son entame et fasse trop rentrer le film dans les clous.

Thierry Cheze

LADY NAZCA ★★☆☆☆

De Damien Dorsaz

Enseignante en mathématiques durant l'entre-deux-guerres, l’allemande Maria Reiche peine à faire corps avec le rythme effréné de la ville de Lima, au Pérou. Sa rencontre fortuite avec l’archéologue Paul d’Harcourt lui offre une porte de sortie, direction le calme désertique de la province de Nazca. Tandis que le personnage de Paul a été partiellement inventé, celui de Maria a bel et bien existé : Damien Dorsaz fantasme ici la vie de la Dame de Nazca, petit bout de femme qui a consacré sa vie à l’étude des géoglyphes pré-inca. S’il nous livre un film d’époque des plus conventionnels sur une histoire pourtant insolite, c’est pour mieux nous épargner les artifices de mise en scène qui l'auraient freiné dans sa quête de l’épure. Seul subsiste le dialogue éthéré entre le souffle du vent et les grains de sable, entre la chaleur étouffante et le scintillement de l’eau, comme un appel à la méditation.

Lucie Chiquer

GIRLS FOR TOMORROW ★★☆☆☆

De Nora Philippe

En 2015, la documentariste française Nora Philippe débarque à New York avec un bébé sous le bras, rencontre au Barnard College quatre étudiantes, et leur promet de les filmer jusqu’en 2045. Dix ans après le début de l’entreprise, le résultat peine à convaincre : trop de parcours à raconter, trop d’événements historiques à synthétiser. Comment parler de toutes ces choses importantes dont la somme fait la vie, sans les réduire à de tristes lapalissades ? Il reste encore vingt ans à la réalisatrice pour trouver la réponse.

Nicolas Moreno

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

RESURRECTION ★☆☆☆☆

De Bi Gan

Après Un grand voyage vers la nuit en 2018, on se demandait quel type d'artiste était au juste Bi Gan : un nouveau prophète ou son parfait contretype, un auteur qui n’aurait pas grand-chose à dire avec sa caméra-stylo et nous enfumerait sous une couche virtuosité factice ? Ce Résurrection a le mérite de lever une partie du voile. Si la première partie place sa mise en scène au service d’un amour viscéral et sincère pour le cinéma des origines, une fois la boîte de Pandore (ici une valise !) ouverte la magie s’évapore immédiatement. Le film se lance alors dans une longue balade nocturne au cœur de sa propre vacuité. A défaut de mystère, les images et les sons, platement traités, ne produisent rien d’autre qu’une dialectique du cinéma assez basique : Galerie de reflets brisés, reconfiguration du temps, sens en éveil par soustraction... Ce n’est pas seulement avec des intentions ou des intuitions qu’un film existe, il lui faut des corps, du vivant, des organes...

Thomas Baurez

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LA PETITE CUISINE DE MEHDI ★☆☆☆☆

De Amine Adjina

Mehdi (Younès Boucif) travaille comme chef au restaurant le Baratin – un nom qui lui va bien. Tenant depuis toujours le rôle du « fils algérien parfait » auprès de sa maman très traditionnaliste, il lui a caché son amour pour la gastronomie française et pour Léa (Clara Bretheau). Quand celle-ci exige de rencontrer sa famille, Mehdi demande à une amie, la fantasque Souhila (Hiam Abbass), de se faire passer pour sa mère… Comédie sur les rapports compliqués entre la France et l’Algérie, le film d’Amine Adjina souffre d’un gros problème : on ne croit jamais à l’invraisemblable supercherie imaginée par son héros, et on ne rigole du coup pas beaucoup aux laborieux quiproquos qu’elle entraîne. Le capital sympathie des comédiens pourrait faire passer le tout, mais même la grande Hiam Abbass a ici l’air un peu égarée – surtout dans cette scène, emblématique de la fantaisie forcée du film, où elle apprend la danse du ventre aux passagers d’un train Intercités.

Frédéric Foubert

 

Et aussi                                                                                                                    

Alice par- ci, par- là, de Isabela Tent

Chasse gardée 2, de Antonin Fourlon et Frédéric Forestier

L’Elue, de Osgood Perkins

Mission Père Noël, de Damian Mitrevski et Ricard Cusso Judson

Les reprises

Feux dans la plaine, de Kon Ichikawa      

Moi Ivan, toi Abraham, de Yolande Zaubermann