Ca : bienvenue à Derry
HBO Max

Le clown infernal, imaginé par Stephen King il y a quatre décennies, fait des ravages dans la série HBO Max. L'acteur, qui reprend le rôle après les deux films à succès, raconte Bob Gray, alias Pennywise, alias Ça...

À quelques jours du final de Bienvenue à Derry, l'acteur Bill Skarsgård revient sur la véritable histoire derrière le clown de Ça.

Derrière les yeux jaunes, les dents de rongeur et le sourire carnassier de Pennywise se cache un homme. Un vrai. Un gentil papa malheureux même. Et son nom, Stephen King l’avait glissé dans son roman culte : Bob Gray. Une identité humaine que le clown revendique parfois… mais dont on ne savait presque rien.

Avec Bienvenue à Derry, la série événement de HBO Max, Bill Skarsgård peut enfin raconter ce que le cinéma n’avait fait qu’esquisser. Le comédien, qui retrouve son rôle six ans après Ça Chapitre 2 (2019) confie que l’idée était déjà là, à l'époque, sur le tournage de la suite. "Je me souviens que, pendant le deuxième film, on a beaucoup parlé de ce que pourrait être un troisième volet…" explique Skarsgård dans une interview pour HBO Max. Une piste qui deviendra le coeur noir du préquel : l’homme derrière le masque, celui que Pennywise capture — et dévore — avant d’en adopter l’apparence.

Ca : bienvenue à Derry
HBO Max

La série raconte ainsi les fissures du personnage. Dans l’épisode 6, Ça manipule une employée de Juniper Hill, Mrs. Kersh, qui reconnaît son père disparu sous les traits du clown. Pennywise, lui, calcule. Skarsgård raconte : "Il comprend soudain qu’elle peut lui servir. C’est un 'Huh...? Oooooh !' suivi d’un rire. Il ne cherche pas à être gentil : c’est une créature calculatrice. Il voit en elle un outil potentiel..."

1908 : la naissance du masque

Cette mécanique de prédation trouve son écho dans l’épisode suivant, lorsque le spectateur rencontre enfin le vrai Bob Gray : un artiste de cirque itinérant, en 1908, coincé dans une troupe qui s’arrête à Derry. Le look, déjà aperçu en photo dans les films, réapparaît : grosse calvitie, faux sourcils, maquillage miteux. Mais là où Pennywise est un prédateur, Bob Gray n’est qu’un homme triste. Bill Skarsgård le décrit sans fard : "C’était un homme doux, meurtri par la perte de sa femme… alcoolique, profondément malheureux. Il a connu le grand cirque et se retrouve dans une troupe minable. Il aime sa fille, mais sa vie est un naufrage." Rien d’un monstre. Juste une figure pathétique, humaine.

Et pourtant, c’est lui qui inspire le démon. Dans un flashback fascinant, l’entité Ça observe Bob donner son numéro. L'occasion pour l'acteur d'incarner le vrai Bob Gray interprétant son Pennywise. Étrange...

"Comment jouer la version humaine du clown ? Ce n’est pas le démon, mais ce que le démon mime. Quand on ouvre la porte de scène et qu’on découvre ce visage maquillé, on voit presque la ligne de la perruque. C’est comme une imitation façon vaudeville du début du XXe siècle. Il y a une douceur dans cette petite scène. Bob Gray transforme sa vie en performance, y compris la mort de sa femme. Les enfants adorent, et c’est ce que voit l’entité : un clown qui attire les gosses — un outil parfait."

Ca : bienvenue à Derry
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Cette dimension dévorante ressurgit plus tard, lorsque Mrs. Kersh revient persuadée de voir son père. Pennywise, désinvolte, lui assène la vérité. "Ça estime qu’elle l’a bien servi, mais maintenant il s’en fout. Il devient brutal. Et il lui révèle — en riant — qu’il a mangé son père. C’était très fun à jouer."

Pourquoi Pennywise ?

Reste alors la grande question : pourquoi ce clown ? L’acteur rappelle ce que certains oublient : Ça n’est pas Pennywise ; Pennywise n’est qu’une forme parmi d’autres de cette entité démoniaque arrivée sur Terre via une météorite.

"Dans le livre, Stephen King dit que c’est sa forme 'favorite'. Ce n’est pas sa vraie forme, et je ne suis même pas sûr que l’araignée soit sa vraie forme. Pennywise, c’est celle qu’il préfère. Le pire genre de bully. Il trouve ça fun. Pour moi, il y a quelque chose d’animal chez lui, ce besoin primaire de se nourrir, mais aussi un côté farceur, cruel. On voit ça dans la série."

Au fond, Ça serait donc une espèce de gosse monstrueux. "Il est très enfantin. Dans le roman, un chapitre montre sa pensée : celle d’un enfant en colère qui veut juste manger et dormir." L’enfance, la peur, l’imagination : tout converge. "Le cœur du livre, des films et de la série, c’est l’enfance, la croissance, le passage à l’âge adulte. Pennywise s’aligne : il est lui aussi un enfant. Il utilise les gosses parce qu’ils ont plus d’imagination, qu’ils ont peur facilement — et la peur le nourrit. Mais il est lui-même un enfant monstrueux. Le pire bully possible. Et ça, je l’utilise énormément dans le jeu : il rit, il se moque, c'est un sale gosse sadique."

Ça : Bienvenue à Derry bouclera sa saison 1 lundi prochain sur HBO Max en France.