Michel Aumont
Abaca

L’acteur habitué des seconds rôles au cinéma est mort à l’âge de 82 ans.

Avec une carrière auréolée de 4 Molière, Michel Aumont qui vient de décéder était ce qu’il convient d’appeler un grand homme de théâtre. Ce sont les planches qui l’ont, en effet, attiré dès son plus jeune âge (18 ans) vers la lumière. Une lumière qu’il n’a pas pourtant pas cherché à attirer vers lui mais lorsque les projecteurs étaient braqués sur sa personne, il donnait tout. 4 Molière donc pour ce sociétaire honoraire de la Comédie-Française qui aura tout joué (classique, tragique, boulevard…) mais pas de César. Voilà qui dit tout. Ou presque. Eternel second rôle sur grand écran, il donnait magistralement la réplique et même réussit à imposer un personnage, celui du français respectable, volontiers homme de loi ou notable. Toujours avec une once de malice qui faisait des ravages.

Il a tutoyé les lauriers du cinéma par trois fois. Grâce à Bertrand Tavernier avec Des enfants gâtés (1977), où il jouait un scénariste de cinéma génial et dans Un dimanche à la campagne en fils de bonne famille trop rangé et dont il parvient à donner une sublime humanité. Il y a enfin et surtout ce "petit" rôle dans Courage fuyons d’Yves Robert en 1979 où aux côtés de Jean Rochefort, il impose une bonhommie tragique.

Le cinéaste Francis Veber lui sera toujours fidèle. Tout débute avec le Jouet (1976), il y aura ensuite Les compères (1983) puis Le placard (2000) et son rôle d’homosexuel au grand cœur qui sauve François Pignon du suicide qui lui vaut une reconnaissance publique et critique, puis Tais-toi ! (2003), La doublure (2006) ou encore le remake de L’emmerdeur (2008)

Aumont aura croisé depuis le début des 70's du beau monde : Sautet, Deville, Chabrol, Annaud, Zidi, Lautner, Molinaro, Granier-Deferre, Leconte, Lemercier… Anne Le Ny lui permet de se tenir – enfin - au tout premier plan en 2010 dans son film, Les invités de mon père.  Il y jouait un médecin à la retraite qui recueillait chez lui une clandestine moldave et sa fille. Un rôle grave auquel il avait donné une infinie tendresse.

Des planches, au petit et au grand écran, Michel Aumont aura tout croqué sans jamais essayer de recouvrir l’ensemble d’un égo démesuré. Classe !