Les Tuche 2
Pathé

Les nouveaux riches de Bouzolles partent à la conquête de l'Amérique. Derrière les clichés en pagaille, une recette de comédie française plutôt pragmatique.

Dans cette suite sortie en 2016 et rediffusée dimanche soir sur TF1 (en attendant le quatrième opus, prévu pour le 8 décembre au cinéma), les nouveaux riches de Bouzolles partent à la conquête de l'Amérique. Derrière les clichés en pagaille, une recette de comédie française plutôt pragmatique.

En 2002, lors de la promo de Mais qui a tué Pamela Rose, Olivier Baroux avait exprimé le souhait de faire un film sur un homme dont les rêves deviennent réalité, littéralement. Et du coup les cauchemars aussi. Une idée intéressante sur le papier et surtout un projet ambitieux qu'il disait vouloir réaliser lorsqu'il serait sûr d'avoir les moyens suffisants pour donner corps à l’idéal qu’il avait en tête. Nous sommes en 2016 et après une tripotée de comédies sorties à un rythme stakhanoviste (Ce soir je dors chez toi, Safari, L'Italien, On a marché sur Bangkok, Entre amis...), le cinéaste réalise Les Tuche 2 - le rêve américain, suite du film Les Tuche sorti 5 ans avant.

Passons rapidement sur l'histoire : le script tient sur un ticket de métro usagé et le long-métrage ne s'en cache pas puisqu'il condense le premier opus dans une intro de 5 minutes façon résumé des épisodes précédents. Les Tuche étaient pauvres et rustres, ils ont gagné au loto, ils sont désormais richissimes et toujours aussi rustres mais ont appris que l'amour qu'on a dans le cœur c'est plus important que l'argent. Cette fois, ce n'est plus Monaco qu'ils vont marquer au fer rouge mais Los Angeles ; et la « morale » du film restera exactement la même.

5 choses à savoir sur Les Tuche

Les beaufs de France

Si ça ne fait pas franchement rêver, on ne passe pas un mauvais moment devant Les Tuche 2. Car la comédie d’Olivier Baroux n’est pas vraiment un film, plutôt un enchaînement de sketches qui rappellent plusieurs périodes de la chaîne Comédie. Bancal, inégal, parfois lourdingue, l'humour parvient à son but quand il s'assume le plus absurde possible et détaché des contraintes de réalisme - en clair, quand le film n'essaie même plus d'en être un.
Concrètement le point de départ est inexistant, l'intrigue aussi, le dénouement est expédié de façon hallucinante et les personnages sont tous des gimmicks : le fils wannabe rappeur qui ne sait pas parler correctement, la fille nunuche et ses rêves de star, la mémé bourrée et les parents calqués sur le fameux « beauf de France ». Il n'est donc pas étonnant de voir que les rôles de Jean-Paul Rouve et Sarah Stern ne sont plus que des versions cleans du Marcel des sketches Radio Bière Foot et de la Mélanie de la mini-série Bertrand.çacom. Ailleurs, ce serait un handicap. Ailleurs, c’est-à-dire dans une de ces innombrables comédies qui font l’erreur de croire pouvoir transformer des personnages de sketch en héros de cinéma (Coco, Chouchou, Disco, Camping…).  Les Tuche 2 n’essaie pas de se faire passer pour ce qu’il n’est pas - un film - mais assume sa débilité et son goût de l’absurde et c'est ça qui le sauve. D’ailleurs, quand le scénario retombe dans les travers du premier film et tente de poser des enjeux, quels qu'ils soient, c'est la faute grave. Ainsi le dilemme moral de Donald, le plus jeune des Tuche, seul personnage à avoir un semblant d’arc narratif, tombe complètement à plat et se retrouve être l’élément le plus faible de l’ensemble. Non, ce qui marche dans Les Tuche, c’est Rouve en one-man show permanent avec une moumoute infâme sur la tête.

Il serait vain de regretter le projet qui semblait motiver Olivier Baroux il y a presque 15 ans. Sans viser le chef d’œuvre, en assumant parfaitement son manque d’ambition cinématographique, Les Tuche 2 réussit à être bien plus aimable qu’une grande partie de la production comique française.

Bande-annonce des Tuche 2  :


Les Tuche 3 : Jeff Tuche fait un carnage à l’Élysée [critique]