L’interprète de Superman vole au secours de son "gars" et défend les couleurs du fils de Krypton, non sans un certain panache.
A l'occasion de la rediffusion de Batman v Superman sur TF1 ce dimanche, nous repartageons nos interviews de l'équipe du film de Zack Snyder, en couverture de Première en mars/avril 2016 (n°469/470). Après celle de Ben Affleck, l'interprète de Batman, on poursuit ce samedi avec celle de Henry Cavill, alias Clark Kent/Superman depuis Man of Steel (2013).
Notre critique de Batman V Superman
Lorsque vous avez appris que Man of Steel ne serait pas suivi d’une aventure de Superman mais d’une sorte de « proto-film » de la Justice League, franchement vous ne l’aviez pas mauvaise ? Vous ne vous êtes pas dit : « Je suis en train de me faire déposséder de ma propre franchise. » ?
Non. Et je ne pense pas qu’il y a trop de personnages dans le film en fin de compte. Ma première réaction a été de me dire : « OK, l’avantage de mettre en stand-by la franchise Superman pour introduire un univers DC étendu est que lorsqu’on reviendra pour Man of Steel 2, “Supes” existera dans un monde beaucoup plus riche. » Comme vous le dites, Batman v Superman est un proto-Justice League. Le film nous donne l’opportunité d’élargir le contexte dans lequel se déroulait Man of Steel, qui racontait une prise de contact extraterrestre. Kal-El cherche sa place au sein de l’humanité, laquelle le perçoit alternativement comme un sauveur ou une menace. Mais que pensent de lui les autres superhéros en activité ?
Man of Steel 2 reste donc une réalité ?
J’ose espérer. Rien n’est gravé dans le marbre, mais on en parle beaucoup. On essaye de lui trouver une place dans le calendrier déjà bien chargé de Warner/DC.
Jouer Superman implique de se plier
à un ensemble de règles immuables et d’idées préconçues sur la manière dont
il fonctionne en tant qu’icône. Parce que ses dialogues étaient limités et qu’il apparaissait au cœur de scènes d’action frénétiques, votre performance dans Man of Steel avait quelque chose de minéral, de stoïque. Vous ne disposiez pas d’une grande marge de manœuvre...
Man of Steel est une origin story racontée du point de vue d’un homme solitaire. Elle laisse donc peu de place aux dialogues. Superman, de façon générale, n’est pas porté sur le bla-bla. Mais dans ce cadre précis où l’on doit comprendre son point de vue et s’attacher à lui, c’est très délicat pour un acteur de l’incarner. J’ai eu quelques difficultés à m’épanouir à l’intérieur de ce dispositif et à rendre toute la séduction et l’intensité du personnage. Voilà pourquoi je suis très excité à l’idée d’une nouvelle aventure solo de Superman. Maintenant qu’on en a fini avec l’origin story, on devrait être en mesure d’en faire un personnage qui ne soit pas seulement complexe, mais aussi intéressant. Et c’est très difficile ! Superman est figé dans un idéal américain suranné et enchaîné à un certain nombre de contraintes, comme vous l’avez fait remarquer. Comment le rendre attrayant ? En explorant sa psyché d’homme d’acier. Cela nécessite un film reposant entièrement sur ses épaules et où il n’est plus cet extraterrestre inadapté à la découverte de lui-même, mais le Superman actif et intégré que l’on connaît. Man of Steel, Batman v Superman, la première partie de Justice League (réalisé par Zack Snyder, sortie fin 2017)... tous ces films préparent le terrain pour Man of Steel 2.
Zack Snyder : "Avec Man of Steel on a installé la plomberie. Là, on ouvre le robinet"
Vous êtes-vous approprié le personnage au point de pouvoir dire, sur le tournage : « Non, Superman ne ferait jamais ça. » ?
J’ai la sensation de le connaître, oui. Mais on évolue dans ce que j’appelle le « Snyder-verse », le personnage dépend essentiellement de la vision de Zack. C’est son interprétation de Superman. Je peux exprimer mon ressenti ou mon feedback sur une scène, mais généralement ça ne va pas plus loin. Je n’ai aucun contrôle sur le scénario ou le résultat final à l’écran. Zack Snyder est le seul à avoir une vision d’ensemble du film. De tous les films.
Le grand public vous identifie-t-il à Superman ? Est-ce que les gamins vous reconnaissent dans la rue ?
Plutôt les adultes, en fait. Les enfants ne m’identifient pas tout de suite, parce que je ne me balade pas avec la cape et le costume bleu ! Les parents me montrent du doigt en leur glissant un petit mot à l’oreille et ils ouvrent de grands yeux fascinés...
Les comics se sont toujours arrangés pour faire de Batman un adversaire crédible face à « Supes ». Mais bon, on sait tous qui sort gagnant de ce combat.
Batman est un adversaire crédible. Il peut battre Superman en retournant son système de valeurs contre lui. Superman s’impose certaines restrictions dans son usage de la violence. Batman, lui, est moins fair-play. Il n’opère pas selon les mêmes règles et a donc une carte à jouer.
Batman Vs Superman : c'est qui le plus fort ?
Lorsque je vous ai rencontré pour Man
of Steel, nous avions discuté des mérites comparés de Batman et de Superman à l’intérieur de la League...
Vous m’aviez dit que Superman, dans la League, se montrait sous son visage le plus facho. Un flic fédéral à la botte du gouvernement...
Exactement !
Et je vous avais répondu que le vrai trou du cul, celui qui compile des dossiers sur ses collègues, c’est Batman ! Écoutez, je défendrai toujours Superman. Ce n’est pas seulement par déformation professionnelle, c’est plus profond : je me sens proche de lui. Chaque super héros est l’incarnation d’un trait de caractère précis. Pour Superman, appelez-le la bonté, la gentillesse, l’altruisme, ce que vous voulez... Mais c’est une notion dans laquelle je me reconnais – toute modestie mise à part. Il représente un aspect de ma personnalité, tout comme certains trouvent en Batman une part d’eux-mêmes.
Batman reflète-t-il une part de la personnalité de Ben Affleck ?
Humm, c’est intéressant. Je ne sais pas vraiment, il faudrait le lui demander. C’est presque de l’ordre du privé, de l’intime... Ben est un homme redoutablement intelligent, doué pour les affaires, très au fait de ce qui se passe dans le monde et de l’évolution de nos sociétés. Il a définitivement un petit côté Bruce Wayne. Pour le reste...
Ben Affleck : "Batman est un mec un peu cassé"
Le meurtre du Général Zod à la fin de
Man of Steel a beaucoup fait jaser parmi les fans de Superman. Après soixante-quinze ans d’une carrière immaculée, il était temps que le personnage devienne controversé, non ?
Votre choix de mot est intéressant. Peut-on vraiment considérer la mort de Zod comme un meurtre, alors qu’elle arrive en temps de guerre ?
Euh... non ?
Si quelqu’un essaye de vous tuer, est-ce vraiment un meurtre ?
Légitime défense ?
Légitime défense. Et dans ce cas précis, la défense de la planète Terre, pas la sienne. « Meurtre » est un mot un peu fort pour décrire l’action de Superman contre Zod.
Je vous prie de m’excuser.
(Rire.) Pas d’inquiétude, on discute. Et les réactions ont été mitigées, aucun doute là-dessus. Certains se sont servis de cette scène pour discréditer le film tout entier. D’autres ont compris qu’il s’agissait d’un mal nécessaire... C’est le premier jour de boulot de Superman et il se retrouve confronté à la pire des situations. Pour un gars qui vient juste de démarrer, tout compte fait, il ne s’en est pas trop mal sorti.
En tout cas, cette scène pose les bases de l’univers DC tel que l’entend Zack Snyder : un monde imparfait où rien ne se passe en douceur...
Exactement. Dans Man of Steel, on prend le personnage au berceau. Il débute. Tuer Zod fait partie de son apprentissage. C’est l’un des éléments fondateurs qui le feront évoluer vers le Superman adulte des comics. Désormais, il refuse catégoriquement de donner la mort. La douleur qu’il a ressentie au décès de Zod fut si grande qu’elle a fait de lui un ultra-pacifiste. C’est un surhomme changé que l’on découvre au début de Batman v Superman.
Pourtant, les trailers du film le castent encore dans le rôle du bad guy. Vous n’œuvrez pas spécialement pour apaiser la colère des fans...
Comme dans le comics de Frank Miller, le film épouse la perspective de la Team Batman et d’une partie de l’humanité pour qui « Supes » représente une menace. Une simple question de perception. Il n’est pas forcément le méchant de l’histoire ; c’est simplement l’image que l’on projette sur lui.
Man of Steel a donné le ton de l’univers DC : dark, hyper mythologique, d’un sérieux papal. Ne pensez-vous pas qu’il y a de la place pour plus de légèreté, voire de fun, dans un film de superhéros ?
Je suis d’accord. Il serait ridicule de se prendre trop au sérieux avec ce genre de matériau. La question est de savoir où injecter de l’insouciance dans ces récits aux dimensions bibliques. L’humour, la légèreté, Marvel fait ça merveilleusement bien, mais leurs films n’ont pas la même puissance dramatique. L’univers DC se devait d’inventer autre chose.
Maintenant que les « Big Three » de DC (Superman, Batman, Wonder Woman) sont en place, vous sentez-vous prêt à accueillir le reste de la bande : Aquaman, The Flash, Green Lantern...?
C’est le début d’une longue collaboration. Et puis, qui porte le « S » dans la famille ? Avec un peu de chance, je n’aurai pas à leur rappeler qui est le boss.
La bande-annonce de Batman v Superman de Zack Snyder avec Henry Cavill, Ben Affleck et Gal Gadot :
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