Le Grand Bleu ciné-concert
Pierre Hennequin

Le compositeur commence une tournée du Grand Bleu en ciné concert qui va durer pendant plusieurs semaines.

Doit-on encore présenter le film de Luc Besson ? Le Grand Bleu reste un marqueur générationnel et une oeuvre au succès stupéfiant (plus de 9 millions de spectateurs rien qu'en France). Mais l'histoire des deux apnéistes, Jacques Mayol (Jean-Marc Barr) et Enzo Molinari (Jean Reno) ne serait rien sans sa bande originale récompensée en 1989 par le César de la meilleure musique originale. Ce score demeure encore aujourd'hui la BO de film français la plus vendue de tous les temps.

Et Eric Serra a décidé de lui redonner un second souffle.

En 2018, pour les 30 ans du film, deux représentations exceptionnelles avaient eu lieu à La Seine Musicale. Carton plein : le ciné-concert du Grand Bleu part donc pour la première fois en tournée. Des dizaines de dates sont déjà prévues en France, en Belgique et en Suisse.

Le concept est simple : Eric Serra et ses musiciens jouent sur scène et en direct la musique du film pendant sa projection. Avec un défi : le groupe joue la partition à l'identique. Rencontré entre deux répétitions, le musicien nous expliquait ainsi qu'il ne s'était permis aucune variation : "J’ai mis un point d’honneur à ne rien changer. Je ne me permettrais plus d’y toucher. C'est une musique qui me dépasse aujourd'hui ; elle est tellement entrée dans l'inconscient collectif, les gens la connaissent tellement par coeur... Quand on s'est lancé dans ce projet, on a décidé qu'il fallait être le plus fidèle à la partition. On joue donc note pour note l’original, avec les sons d’origine. J’ai même poussé le vice à reproduire les ghosts notes (ces petits bruits percussifs que la main fait entendre au contact des cordes, NDLR) sur ma basse."


 

Serra raconte par ailleurs que ce projet est une véritable usine à gaz musicale et technique : "On a un click, une espèce de métronome numérique, qui bat pendant deux heures. Et au casque, on reçoit de nombreuses indications qui nous permettent d'avoir une synchronisation absolue. On n’a pas besoin de regarder l’écran."

Selon le musicien, le résultat est bluffant : "On a l’impression d’entendre l’original".

Cette musique a non seulement accompagné une génération entière, mais elle a également changé le cours de la vie de ce musicien autodidacte. Quel souvenir garde-t-il de cette composition ? Quel titre préfère-t-il ? "Il y a évidemment  la grande plongée, avec le morceau 'homo delfinus'. Mais mon passage préféré reste My Lady Blue. C’est un souvenir particulier parce que c’est la toute première fois de ma vie que je chantais. Je ne suis pas un chanteur naturel et enfant, je ne me suis jamais exprimé par le chant. Mais Luc m’a challengé : il voulait une chanson. J’ai donc composé cette mélodie et j’ai réalisé une maquette pour la faire écouter à Luc et donner les intentions au chanteur qui allait être choisi. Luc l’a validé immédiatement, et on a donc enregistré le titre avec un américain super pro. Quand on a écouté le résultat, on s’est tout de suite rendu compte que ça ne marchait pas. C’était trop propre, trop net, trop joli. Et Luc me dit alors : 'je préfère ta voix'. Je ne savais pas chanter, je n’avais pas la technique, mais sur la maquette, il y avait l’émotion et la fragilité que cherchait Luc pour son film. J’ai refait l’enregistrement en essayant de m’appliquer un peu. Et c’est devenu ce que c’est devenu…"

Pour s'immerger de nouveau dans le grand bleu et découvrir en live la performance d'Eric Serra toutes les dates sont sur le site du ciné-concert