Liz & l'oiseau bleu
Kyoto Animation

La musique de Liz & l’oiseau bleu s’inspire des nombres premiers et des objets d’une salle de classe.

Liz & l’oiseau bleu sort en salles le 17 avril. On prend déjà les paris que la musique de ce magnifique film d’animation sera en fin de compte la plus belle BO de l’année (d’accord, on est seulement en avril) : normal, ou presque, puisque le film raconte la relation entre Nozomi et Mizore, deux lycéennes membres d’un orchestre. La première, flûtiste, est populaire et extravertie ; la seconde, joueuse de hautbois, est timide et réservée. Elles vont devoir répéter un morceau, Liz et l’oiseau bleu, pour un concours de musique… Réalisé par Naoko Yamada (Silent Voice) d’après la série animée Sound ! Euphonium, le film est une véritable expérience musicale et sonore : la magnifique scène d’ouverture joue sur les sons d’une façon particulièrement impressionnante ; les bruits de pas et de gouttes de pluie ressemblent au brouhaha d’un orchestre avant de jouer. Et la partition -composée pour le film- de Liz & l’oiseau bleu est d’une affolante sensibilité.  

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La réalisatrice a retrouvé son compositeur de Silent Voice, Kensuke Ushio, et la musique a fait partie du projet à sa toute première origine. "Généralement les compositeurs arrivent à la phase de production ou parfois même quand le film est déjà terminé", explique Ushio. "ici, j’ai été impliqué dès la genèse du projet. Nous discutions avant même que les storyboards soient créés." Yamada a voulu dès le départ que les sons du réel construisent le film : "On a beaucoup travaillé sur les objets qui entourent les personnages. Nous avons décidé d’utiliser le son des objets qu’on pouvait trouver dans une école de musique !" raconte la réalisatrice. "Nous nous sommes donc rendus dans une véritable école de musique où Ushio s’est comporté comme un véritable chasseur de sons. Il se promenait en tapant ou en caressant des objets, le mur, les fenêtres… j’ai pensé qu’il était bizarre. Cela m’a aussi permis de procéder aux repérages pour la réalisation." Une véritable idée de cinéma, donc : "Nous souhaitions mettre en avant cette idée que les deux personnages sont ensemble dans leur solitude, qu’il n’y a personne autour pour les comprendre et les soutenir", précise Ushio. "Pour surligner cet aspect, nous avons utilisé les sons ambiants des objets qui étaient à portée de leur vue : les tables de classe, les chaises, les objets utilisés de la classe de science, etc…"

Voilà pour le sound design. Et pour le reste de la musique, orchestrale et intime ? "Pour ce qui est de la bande-son en soi, nous avons utilisé le procédé de "décalcomanie" : la partition est composée de taches qui représentent les personnages et leur union. Les sentiments et les actions sont des couleurs », analyse Ushio, qui va encore plus loin en disant que la musique se base sur une idée mathématique. "La bande originale épouse le mouvement du film qui explore la relation entre Nozomi et Mizore. Nous voulions retranscrire l’éloignement progressif de ces deux filles. Le concept de la musique repose donc ici sur l’idée des nombres copremiers, une règle mathématique (NDLR : nombres divisibles seulement par 1 et par eux-mêmes dont le plus grand diviseur commun est égal à 1. On peut dire aussi nombres "étrangers"). Pour être plus clair, disons que Nozomi est le chiffre 4, et Mizore le chiffre 5. Elles semblent très proches au début, inséparables, mais plus on avance dans les calculs et plus les différentes combinaisons rentrent en jeu, moins ces chiffres semblent proches." Mais rassurez-vous, ce discours de bûcheur ne transforme pas Liz & l’oiseau bleu en objet théorique et froid. Bien au contraire : cela donne à sa musique la beauté d’une petite construction parfaite.

Bande-annonce de Liz & l’oiseau bleu :


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