En compétition officielle pour la Palme d’or 2019, le troisième film de l’auteur brésilien des Bruits de Recife et Aquarius promet de faire du bruit.
De quoi ça parle ? Le synopsis officiel est bien intrigant : "Dans un futur proche… Le village de Bacurau dans le sertão brésilien fait le deuil de sa matriarche Carmelita qui s’est éteinte à 94 ans. Quelques jours plus tard, les habitants remarquent que Bacurau a disparu de la carte." Pourquoi ? Comment ? Le mystère est (pour l’instant) complet.
Pourquoi on l’attend ? Parce qu’on nous parle du film comme un mélange de Délivrance de John Boorman et Sans retour (un film d’action méconnu de Walter Hill où la garde nationale se fait traquer dans le bayou par des rednecks bien dégénérés). Bref, du survival boueux et violent avec un parfum SF en plus. Bacurau promet de traduire Annihilation en portugais (au fait, on dit "Aniquilação", merci Wikipédia). Ce qui est suffisamment excitant en soi. Mais il y a bien plus.
Le CV cannois de Kleber Mendonça Filho : Oh, trois fois rien, juste Aquarius à Cannes 2016. Un trip mémoriel et musical beau à pleurer, un thriller depalmesque sur la lutte de Clara (Sonia Braga) pour garder son appartement au bord de la mer. Bande-son d’enfer (Gilberto Gil et Queen), ton carpenterien, réflexion sur le temps qui passe… Kleber transcendait toutes les promesses de son premier long Les Bruits de Récife ("un soap opera tourné par Carpenter", disait Kleber). Et s’offrait un tapis rouge politique : toute l’équipe a protesté contre la destitution de la présidente du Brésil Dilma Rousseff. Résultat, Aquarius a été interdit aux moins de 18 ans au Brésil et y a perdu ses chances de concourir aux couleurs de son pays pour l’Oscar du Meilleur film étranger. Et depuis, le militaire Jair Bolsonaro a été élu président avec les conséquences que l’on sait. Et Bacurau, où KMF retrouve Sonia Braga et qu’il co-réalise avec son chef décorateur d’Aquarius Juliano Dornelles, encapsule la promesse d’un survival en mode futur proche qui radiographie le Brésil d’aujourd’hui avec un discours féministe et LGBT -Kleber a déjà annoncé que le film était qualifié pour la Queer Palm, une première cartouche envers la politique homophobe du gouvernement brésilien actuel. Notre compteur Geiger est déjà bien affolé.
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