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Sans doute à la faveur de l'après César - où il a été volontairement ignoré et qui clôt le feuilleton La Vie d'Adèle -, Le Figaro évoquait hier la suite pour Abdellatif Kechiche : il va porter à l'écran l'histoire d'Héloïse et Abélard, deux amants maudits du Moyen Age dont la liaison a traversé les siècles grâce à leur abondante correspondance. C'est ce que le réalisateur racontait à Rue89 qui l'interrogeait il y a quelques semaines sur son soutien à Christian Estrosi à Nice.Une nouvelle histoire d'amour donc ? Oui, mais surtout "Un film sur la pensée libre, la révolte contre l’ordre établi", selon les mots du réalisateur.Petit rappel : l'histoire d'Héloïse et Abélard, devenue symbole des amours interdites, est connue grâce à la correspondance que les deux amants ont entretenue après leur séparation forcée. Pierre Abélard grand philosophe et théologien du XIe siècle, succombe aux charmes d'Héloïse, jeune fille issue d'une famille noble dont il est le précepteur. S'ensuit une liaison secrète d'où naît un fils. Découvert, le couple est obligé de se réfugier dans la famille d'Abélard pour se soustraire à la colère de l'oncle de la jeune fille, qui exige réparation. Les amants finissent par se marier secrètement pour ne pas briser la carrière d'Abélard (les clercs se devaient d'être célibataires). L'oncle se venge en émasculant Abélard, châtiment réservé aux adultère et aux violeurs. Suite à cette tragédie, les époux se retirent dans les Ordres, ce qui ne les empêchera pas de continuer leur échange épistolaire et amoureux. Cette histoire a inspiré poètes, peintres et musiciens depuis le Moyen-Age. Rousseau s'en est inspiré pour son roman épistolaire Julie ou la nouvelle Héloïse, qui relate l'amour de Julie, une jeune noble, pour son précepteur St Preux, d'origine humble. A travers l'histoire de ces deux être qui bravent la société et les étiquettes imposées, le philosophe creusait ses réflexions sur la morale, l'identité, le rapport de l'individu à la société.  Un bon terrain de réflexion pour le réalisateur de La Graine et le Mulet et La Vie d'Adèle, qui n'a jamais cessé de se pencher sur la question des rapports de classe.