Adieu les cons, Drunk, ADN: les ressorties du 19 mai 2021
Gaumont, Haut et Court, Le Pacte

Ce qu’il faut voir parmi les longs métrages déjà sortis à l'automne et de retour en salles ce mercredi 19 mai

L’ÉVÉNEMENT

ADIEU LES CONS ★★★★☆
D’Albert Dupontel

L’essentiel
Albert Dupontel célèbre une fois encore les accidentés de la vie, les gens en marge d'une société trop déshumanisée pour eux avec un mélange aussi explosif que délicat de poésie et d'absurde. Une oeuvre récompensée par 7 César

Albert Dupontel célèbre une fois les gens en marge d’une société trop déshumanisée pour eux avec un mélange aussi explosif que délicat de poésie et d’absurde. Après un détour multi-Césarisé par l’adaptation d’une œuvre préexistante (Au revoir là- haut), revoici Albert Dupontel à la tête d’un film entièrement écrit par ses soins. Mais d’un projet à l’autre, qu’il l’ait initié ou non, Dupontel construit surtout une œuvre de plus en plus conséquente célébrant à sa manière – empathique et bien secouée –, cousine de celle du duo Délépine- Kervern, les accidentés de la vie, les marginalisés par une société trop cynique pour eux.
Thierry Cheze

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PREMIÈRE A ADORÉ

JOSEP ★★★★☆
D’Aurel

Voilà un film qui fait regretter encore plus l’annulation du Festival de Cannes cette année. Tant il paraît évident que cette manifestation (dont il a reçu le Label 2020) aurait joué le rôle de tremplin mérité dans la carrière du premier long métrage du dessinateur Aurel, à l’image de ce qu’a pu vivre l’an passé Jérémy Clapin avec J’ai perdu mon corps, de sa sélection à la Semaine de la critique jusqu’aux Oscars et aux César. Mais le sort en a décidé autrement. Ce qui accroît notre responsabilité à partager avec le plus de justesse possible l’enthousiasme ressenti lors de sa découverte. Josep, c’est d’abord un coup de projecteur bienvenu sur un pan d’histoire tragique et longtemps tabou de l’histoire de France du XXe siècle. La Retirada. Ces 450 000 Espagnols fuyant en 1939 le régime franquiste (qui venait de conquérir l’Espagne) pour la France où ils se sont retrouvés parqués dans des camps construits à la hâte le long des plages des Pyrénées-Orientales. Ou comment en pensant être accueillis à bras ouverts dans le pays prétendument des Droits de l’homme, ces républicains se retrouvèrent maltraités et humiliés.
Thierry Cheze

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LUPIN III - THE FIRST ★★★★☆
De Takashi Yamakazi
Connu en France sous le nom d’Edgar, le détective cambrioleur grâce à la série animée éponyme des années 80, Lupin III est, rappelons-le pour les profanes, le petit-fils d’Arsène Lupin créé par l’auteur de mangas japonais Monkey Punch il y a plus de cinquante ans. Malin, plaisantin, agile, maître du travestissement, Lupin III a été le héros de plusieurs moyens et longs métrages animés nippons, pour la plupart inédits en France. C’est donc avec un intérêt aiguisé par la rareté que l’on a découvert cette nouvelle aventure signée Takashi Yamakazi, un réalisateur méconnu chez nous dont le précédent anime, Dragon Quest – Your Story, est visible sur Netflix.
Christophe Narbonne

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MICHEL-ANGE ★★★★☆
D’Andreï Konchalovsky

Il y a le monolithique de 2001 et, désormais, le bloc de marbre blanc de Michel-Ange. Dans les deux cas, son apparition cristallise les passions et c’est sur leur surface à priori lisse que se fracassent les mystères du monde. « Ce n’est pas un bloc, c’est un monstre ! » éructe ici Michel-Ange. En se confrontant à l’un des artistes les plus immenses de l’histoire de l’humanité, Andreï Konchalovsky (Runaway Train, Tango & Cash…) devait savoir où placer l’esthétique de son récit : lové dans une Renaissance dorée ou au contraire dans la fièvre et dans la boue. Son Michel-Ange (Alberto Testone, d’une justesse inouïe) est présenté d’emblée comme une semi-loque, alcoolique et fou, son génie créateur coincé entre les désirs de deux familles rivales, « des assassins qui ne méritent pas toute cette beauté ! ». L’artiste ne peut dès lors exister que loin de ses contingences humaines, loin du tumulte, dans la montagne à chercher la matière sur laquelle il posera ses mains. Le film s’attarde sur la force tellurique d’un monde que les hommes subliment et saccagent en même temps. Konchalovsky parvient avec une simplicité apparente à nous faire ressentir les affres de la création. Son film reste concret, la transcendance s’impose d’elle-même, sans s’exhiber. On revient inlassablement sur la terre ferme après avoir cru tutoyer les Cieux : « Je cherchais Dieu, j’ai trouvé l’Homme… », se désespère l’auteur de la chapelle Sixtine. Triste sort. Le film, lui, est en tous points sublime.
Thomas Baurez

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PETIT VAMPIRE ★★★★☆
De Joann Sfar

Joann Sfar avait affirmé son statut d’auteur au cinéma avec un biopic pas comme les autres sur Serge Gainsbourg et son polar shooté comme un giallo, La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil (2015). Succès et César pour le premier, flop sévère pour le deuxième. Est-ce que redonner vie sur grand écran à sa BD Petit vampire serait une tentative de se refaire ? De jouer la sécurité ? dents, sans hésitation.
Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A AIMÉ

CALAMITY, UNE ENFANCE DE MARTHA JANE CANARY ★★★☆☆
De Rémi Chayé
1863, dans un convoi qui progresse vers l’ouest, Martha Jane, 10 ans, est en route avec son père, son frère et sa soeur, vers un avenir meilleur. Elle vient de perdre sa mère. Destinée à être une jeune fille prête à marier, la gamine intrépide va braver les dangers. Pour son deuxième long métrage après le très beau et poétique Tout en haut du monde, le réalisateur Rémi Chayé a choisi de broder sur l’enfance de Calamity Jane.
Sophie Benamon

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DRUNK ★★★☆☆
De Thomas Vinterberg

Depuis ses débuts fracassants avec Les Héros et, surtout, Festen, Thomas Vinterberg s’amuse à faire craquer les vices enfouis sous une couche plus ou moins épaisse de vernis social. Dans son nouveau film, dont le titre ne fait pas mystère de son sujet, il raconte ainsi comment quatre profs de lycée décident de mettre en pratique la théorie d’un psychologue norvégien selon laquelle il faudrait vivre quotidiennement avec 0,5 g d’alcool dans le sang pour se sentir en pleine possession de ses moyens, désinhibé, entreprenant, créatif, etc. Ça marche au début, avant une débâcle annoncée…
Christophe Narbonne

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DEUX ★★★☆☆
De Filippo Meneghetti

Nina et Madeleine, retraitées et voisines, ont, pour la dernière ligne droite de leur existence, la tentation... de Rome. De s’y installer enfin ensemble, en couple, et de vendre leurs petits appartements respectifs pour se payer cette liberté. Mais si Nina est seule, Madeleine, elle, a deux grands enfants. Jamais, en vingt ans de passion cachée, elle n’a réussi à faire son coming out. Cette vente de l’appartement familial lui offre l’occasion de franchir le pas. Mais la met aussi dos au mur sur l’air du « maintenant ou jamais ». Elle n’y arrivera pas, Nina le lui reprochera vertement et, dans la foulée, Madeleine fera un AVC qui la laissera fortement diminuée. Alors, par-delà le sentiment de culpabilité, un autre défi commence pour Nina : comment se glisser dans le processus de convalescence de Madeleine, grandement diminuée, alors que pour ses enfants elle n’est que la voisine ? Ce premier long a la singularité de parler de coming out en inversant les rôles entre générations. Et Filippo Meneghetti a la bonne idée de ne pas l’enfermer dans son sujet mais de mêler de front film sociétal, mélo amoureux, drame familial et même ambiance de thriller avec Nina prête à se débarrasser de ceux qui se mettent en travers de son chemin, pour faciliter la guérison de celle qu’elle aime. Son scénario entremêle ces différentes couleurs avec une grande fluidité et sans le moindre élan démonstratif, à l’image du jeu des impériales Martine Chevallier et Barbara Sukowa. C’est ce qui rend Deux aussi juste et aussi prenant.
Thierry Cheze

UNE VIE SECRÈTE ★★★☆☆
De Jon Garaño, Aitor Arregi & José Mari Goenaga

Après le décevant Lettres à Franco d’Alejandro Amenábar et l’épatant Josep d’Aurel, un trio de cinéastes espagnols raconte l’histoire singulière d’un partisan républicain qui, pour échapper aux troupes franquistes, décide de se cacher chez lui avec sa femme. Une maison qui va devenir sa prison pendant des décennies, car la peur l’empêchera de mettre un pied dehors tant qu’un voisin pourrait le dénoncer. Bien que desservi par sa longueur, Une vie secrète raconte avec finesse comment l’amour fusionnel de ce couple va être mis à mal, et la parano de cet homme qui finira par douter de sa femme et se faire traiter de lâche par son fils né durant cette période. À quoi bon sauver sa vie si on doit la subir enfermé ? Telle est la question développée par ce récit où brille une fois encore le toujours impeccable Antonio de la Torre.
Thierry Cheze

NO WAY ★★★☆☆
De Ton Van Zantvoort

Stijn est l’un des derniers bergers néerlandais, et un cool : il tond ses moutons sur fond de hardrock et porte un chapeau de cow-boy. Faussement marginal, il se bat avec sa compagne contre les lobbies incitant à la surproduction et les décrets administratifs qui réduisent de plus en plus sa marge de manoeuvre et ses revenus. Combien de temps tiendra-t-il ? Comme Honeyland, sorti le mois dernier, No Way parle d’un monde rural qui résiste comme il peut à la mondialisation et à ses effets pervers sur l’environnement et la microéconomie. Le combat altermondialiste dans toute sa noblesse que Ton Van Zantvoort filme à hauteur d’homme et de femme. Un documentaire précieux dont la fin mélancolique interroge nos convictions profondes sur notre façon de vivre et de consommer.
Christophe Narbonne

 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

GARÇON CHIFFON ★★★☆☆ / ★☆☆☆☆
De Nicolas Maury

POUR. Et si finalement la plus belle preuve de réussite du premier long de Nicolas Maury se trouvait dans ce pour/contre ? Dans cette impossibilité à obtenir un consensus devant une œuvre qui précisément le fuit et par là même séduit autant qu’elle peut agacer. TC

CONTRE. Il y a deux Nicolas Maury dans Garçon chiffon. L’acteur est doué et occupe une place à part dans le cinéma français où il a imposé sa singularité. Le réalisateur, lui, fait ses premiers pas derrière la caméra et force est de constater qu’il ne réussit pas totalement son coup. SB

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ADN ★★☆☆☆
De Maiwenn

La mort d’un grand-père algérien provoque la tristesse et les retrouvailles de sa famille… ADN commence dans le chaos, une collection d’instants saisis à la volée où s’agitent des personnages dont on va peu à peu finir par comprendre les liens de parenté. Tous sont incarnés par des comédiens déchaînés, parfois outranciers et, il faut le dire, assez irrésistibles (Fanny Ardant, Alain Françon, Dylan Robert, Louis Garrel … Maïwenn est toujours aussi forte pour capter des moments de vie chaotiques, bruyants, hystériques, et… plutôt marrants, oui, malgré le contexte funèbre. Mais d’un sujet potentiellement universel, elle ne tire à l’arrivée qu’une publicité chic pour ses propres tourments.

Frédéric Foubert

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100 % LOUP ★★☆☆☆
De Alexs Stadermann
Freddy, un ado membre d’une famille de loups-garous nommée Lupin, se change en caniche le jour de sa transformation rituelle. Exclu de son clan, il doit pour revenir parmi les siens récupérer la « pierre de lune » volée par un glacier italien parano… Voilà un film d’animation ni pire ni meilleur que les autres du point de vue du character design et du rythme des vannes, souvent scatos, et dont on comprend vite qu’il vise un public très enfantin : les adultes vont s’ennuyer poliment, mais les plus jeunes seront probablement ravis devant les aventures du sympathique Freddy. En fait, 100% loup déploie dans ses effets de matière et de lumière le B.A.-BA d’animateurs compétents, dotés d’un matériel suffisant. Autant dire que c’est très propre, mais rarement brillant.

Sylvestre Picard

SOUS LES ÉTOILES DE PARIS ★★☆☆☆
De Claus Drexel

Six ans après avoir traité des sans-abri dans son documentaire Au bord du monde, Claus Drexel renoue avec le sujet en passant par le prisme toujours casse-gueule du conte, qui pousse souvent à charger un peu trop la barque. Comme c’est le cas ici avec la rencontre entre deux solitudes – une SDF qui vit depuis des années sous un pont parisien, et un migrant de 8 ans perdu et séparé de sa mère sur le point d’être expulsée. Les intentions sont nobles mais le contraste entre la rudesse de la situation et un ton faisant la part belle aux bons sentiments – sans pour autant verser dans le misérabilisme ni l’angélisme – n’est pas toujours des plus heureux. Le récent Fahim de Pierre-François Laval souffrait exactement des mêmes limites. L’exercice du conte social ne tolère pas l’à-peu-près.
Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

30 JOURS MAX ★☆☆☆☆
De Tarek Boulali

Babysitting 1 et 2, Alibi.com et Epouse- moi mon pote ont fait des cartons et le trio Philippe Lacheau- Tarek Boudali- Julien Arruti règne en maître sur le box- office de le comédie française. Que faire alors d’un tel pouvoir ? Renverser la table, s’aventurer dans des registres de comédie différents ? Hélas, de film en film, le parti pris choisi est pile l’inverse. Surtout ne prendre aucun risque. Et rester dans ses clous. Pour sa deuxième réalisation, Tarek Boudali se met en scène en flic maladroit qui, après avoir été mordu par un rat, n’aurait plus que 30 jours à vivre. Et qui décide alors de ne plus avoir peur de rien ni de personne, de ne plus se laisser marcher sur les pieds comme il en a l’habitude mais aussi de coincer un gros bonnet de la drogue qu’il a laissé s’échapper. La comédie entend donc ici se mêler l’action. Sauf que l’action s’y révèle aussi poussive que la comédie. A cause de cette totale incapacité à déclencher du deuxième ou du troisième degré. Mais aussi du niveau d’interprétation du trio manquant trop de nuances pour emmener ailleurs des situations et des dialogues convenus. Mais tant que ça marche, pourquoi tout changer ?

Thierry Cheze

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POLY ★☆☆☆☆
De Nicolas Vanier

Sept ans après Belle et Sébastien, Nicolas Vanier revisite un nouveau feuilleton télé imaginé par Cécile Aubry autour de l’amitié entre un petit garçon et un poney shetland. Ici, exit le garçonnet. Place à une petite fille, qui a suivi sa mère divorcée dans un village du Sud où elle va libérer ledit poney des griffes du propriétaire d’un zoo. Et si Vanier situe ce reboot dans les années 60, il n’a de cesse d’y distiller à marche forcée des éléments de modernité anachroniques autour de la place des femmes, de la maltraitance animale… Tout à cette obsession – très adulte – de faire passer des messages, Vanier sacrifie ce qui faisait le sel du feuilleton : le charme poétique d’une histoire racontée à hauteur d’enfants. Le résultat se révèle trop calibré, dans sa reconstitution d’une époque, et trop maladroit, dans l’écriture de ses personnages, pour convaincre.
Thierry Cheze

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