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Philippe Garrel fait entendre sa petite musique intimiste pour un résultat ronronnant.

L’obsessionnel Philippe Garrel fait toujours le même film. Il change les noms, les visages, les lieux mais le cœur de son cinéma bat toujours au rythme d’histoires d’amour compliquées et de délicates étreintes charnelles. Dans un noir et blanc joliment charbonneux (sa marque de fabrique esthétique), il raconte cette fois les mésaventures d’un homme assez banal, un prof de philo qui sort avec une étudiante érotiquement troublante. Quand sa fille échoue chez lui après une déception amoureuse, les deux jeunes femmes -du même âge- nouent de façon imprévisible une complicité en apparence solide.


Nourri de petits riens qui s’agrègent miraculeusement pour donner naissance à une poétique de l’amour, le cinéma de Garrel, émule discret d’Eustache, avance sur un fil toujours plus ténu. Ça passe ou ça casse. Ses questionnements sur le couple, la fidélité, l’idéal amoureux, la passion destructrice finissent par sentir la naphtaline surtout lorsque, comme ici, ils sont nourris par des dialogues à la naïveté pour ainsi dire confondante. La bonne idée du film –faire jouer un Don Juan par une fille- est ainsi desservie par le verbiage en question et par le refus d’une dramatisation poussée. On entend encore la petite musique garrelienne (cette légèreté de la gravité…) mais elle commence à être rayée par endroits.