On peut dire que Muriel Mayette, administratrice de la prestigieuse maison de Molière, a du nez. Après Christian Hecq, engagé en 2008 comme pensionnaire, Molière 2011 du meilleur comédien pour son rôle de Bouzin dans Un Fil à la patte, un second comédien belge, Elliot Jenicot, fait depuis la rentrée partie de la troupe. Il y a quelques mois encore, ce gladiateur du rire au cœur tendre et aux yeux bleu revolver habitait la campagne près de Charleroi, quand il ne sillonnait pas l’Europe pour tourner ses multiples one man shows en français, anglais, allemand ou espagnol : Awards, Rock comedy show et le dernier Je m’sens très glad, à l’affiche du Théâtre du Gymnase durant un an. C’est là que Muriel Mayette l’a repéré, lui qui explose en ce moment dans Une Histoire de la Comédie Française que le journaliste et directeur adjoint de «L’Express», Christophe Barbier, vient de composer. Une croustillante saga historique et théâtrale à travers les cinq derniers siècles, dont un comédien se fait à chaque fois l’incarnation. Elliot est le dernier, le 21ème siècle, qui envoie la troupe du Français jouer Phèdre sur Mars en 3D ! Gainé de noir comme un super héros du film Avengers, le regard fluorescent et un corps de danseur élastique, il nous fait traverser tous les états du vivant biologique : étonnement, sidération, horreur, hallucination, nirvana sans cocaïne, vertige sans amphétamine. Surtout, on éclate de rire de voir le théâtre ainsi saisi par l’électronique, les spectateurs ligotés à leurs sièges, tétanisés par des tremblements virtuels et hallucinogènes, comme dans une fusée vers le Meilleur des Mondes d’Orwell ! Sur la scène de la vénérable institution, sa performance clownesque étonne et détonne. « Je suis un clown, mais avant tout un comédien. Je n’ai jamais pris de cours. Ma formation vient du music hall, du mime, du burlesque. Mais j’ai eu envie de changer, d’apprendre, de partager la scène avec d’autres comédiens. Faire partie de la troupe de la Comédie Française, c’est un cadeau immense que me fait la vie. Comme un signe du destin. J’ai soif d’interpréter des personnages, de découvrir des textes. J’aimerais jouer Alceste dans Le Misanthrope ! ». Bientôt, on le verra incarner trois personnages dans Hernani de Victor Hugo au Printemps des Comédiens de Montpellier, spectacle mis en scène par Nicolas Lormeau et repris au Vieux Colombier la saison prochaine. Dès l’automne, il sera Achille de Rozalba dans Le Chapeau de Paille d’Italie d'Eugène Labiche mis en scène par Giorgio Barberio Corsetti et au printemps l’un des deux personnages d’Existence, pièce de l’Anglais Edward Bond monté par Christian Benedetti. Du rire au drame, de l’absurde à la gravité, Eric (son vrai prénom) Elliot Jenicot semble avoir plus d’un tour dans son sac et du talent à revendre. A suivre donc de très très près !Par Hélène Kuttner.
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- Elliot Jenicot : du one man show... à la Comédie Française
Elliot Jenicot : du one man show... à la Comédie Française
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