Alors que Take Shelter vient d'être récompensé d'un Grand Prix à la Semaine de la Critique, Premiere.fr vous dévoile une partie de l'interview cannoise de Jeff Nichols.Quelques jours avant que le Grand Prix de la Semaine de la Critique soit remporté par Take Shelter, un film de Jeff Nichols qui suit un homme, incarné par Michael Shannon, en proie à des cauchemars morbides, nos collègues de Fluctuat.net avaient rencontré le réalisateur. Voici un extrait de cette interview sans langue de bois, que vous pouvez retrouver en intégralité ici.Jeff Nichols, Take Shelter fonctionne comme une grande allégorie qu’il faut déchiffrer en permanence. Vous n’avez pas eu peur qu’à un moment les spectateurs moins patients refusent de jouer le jeu ?Si, c’est la question qui m’a animé à chaque étape du processus créatif. Je savais que je faisais un film expérimental, que j’essayais beaucoup de choses un peu folles, et que je me devais de solliciter le spectateur de façon à ce qu’il ne soit jamais passif devant le  film.Tu utilises donc  ce truc qui consiste à se demander en permanence si le personnage de Michael Shannon a toute sa tête…Voilà  ça c’est pour vous accrocher, que vous regardiez le film en état d’alerte, en interrogeant les images qui arrivent face à vous. Je déteste le cinéma qui, sous prétexte qu’il est expérimental, s’autorise à être chiant. Moi j’ai tenté tout un tas de trucs dans ce film, des trucs qui peut-être ne fonctionnent pas, mais j’ai toujours été animé par la volonté de secouer le spectateur. Shotgun Stories découlait du même raisonnement.Je dois t’avouer que j'ai un doute sur mon interprétation de la fin du filmAaha, moi aussi. Ecoute, le sens je serai bien incapable de te l’expliquer, c’est plus idée de feeling, de toutes manières. Pour moi, le sujet du film, c’est le mariage. Et le final se devait donc de célébrer l’union des personnages qu’interprètent  Jessica (Chastain, ndlr) et Michael : le seul moment du film où ils seraient sur la même longueur d’ondes. Quand on a présenté le film à Sundance, je me rappelle avoir vu des gens furieux à cause de la dernière séquence. Ils venaient me voir en disant « Dites-moi, c’est un rêve, c’est ça ?». Je ne savais pas trop quoi leur répondre. « C’est juste une question de tonalité, mec ».