Première
par Gérard Delorme
Après avoir ouvert la voie à une nouvelle génération de films d’horreur français avec Haute Tension, Alexandre Aja est parti aux États-Unis pour, semble-t-il, perpétuer un cinéma d’horreur mainstream tel que l’avait pratiqué en son temps Wes Craven. Mirrors confirme la tendance. C’est un film calibré pour les multiplexes, avec une dose d’effets horrifiques suffisante pour amuser les jeunes spectateurs. Mais que les parents se rassurent : il n’y a rien de subversif ni de signifiant dans cette histoire ultraclassique d’esprit vengeur. Le lieu est un ancien grand magasin dont un gardien de nuit, ex-flic (Kiefer Sutherland), va découvrir avec un malaise croissant qu’il est hanté. Là où le Freddy des Griffes de la nuit (qui sert de modèle à Mirrors) se manifestait dans les cauchemars, cette fois, l’esprit utilise les miroirs pour sévir. C’est le principal intérêt de Mirrors, qui fait des victimes les témoins de leurs propres tourments. Aja et son scénariste ont imaginé toutes les façons possibles d’exploiter le potentiel des surfaces réfléchissantes. La réussite du film tient à son économie (tourné en grande partie dans un studio roumain, il donne l’impression d’avoir coûté deux fois plus cher) et à l’habileté technique des effets spéciaux, qui parviennent presque à faire oublier la banalité de l’intrigue. Sutherland joue son personnage avec conviction, en dépit de rebondissements scénaristiques qui relèvent du bricolage (pour convaincre une nonne de l’aider à neutraliser le maléfice, Sutherland ne trouve rien de mieux que de la menacer de son flingue !). Mais la faiblesse majeure tient à l’actrice Paula Patton, qui interprète l’ex-femme de Sutherland. Elle joue invariablement faux et affaiblit chacune des scènes dans lesquelles elle apparaît. Heureusement, elle n’en a pas beaucoup...