La nouvelle série « historique » de Canal Plus transporte Louis XIV et sa cour dans un Versailles en chantier qui se nourrit de références modernes. Critique.
C'est peu dire quela série Versailles revient de loin. Le projet, alléchant, aurait dû voir le jour en 2010 mais a connu un développement au long cours (voir Première de février 2015). Cinq ans plus tard, envisagé comme une coproduction internationale (mêlant des contributions françaises, anglaises et canadiennes), il ancre son récit au début du règne du jeune Louis XIV, à la veille de la Guerre de Dévolution contre l'Espagne, quand le Roi Soleil en devenir se décide à transformer l'ancien pavillon de chasse de son père en un somptueux palais. Hanté par le souvenir de la Fronde dirigée contre Louis XIII, il entend déstabiliser la noblesse pour ne pas se laisser dicter son règne, monarchie qu'il va ancrer dans une perspective inédite. A la cour, des nobles déchus ne l'entendent pas de cette oreille...
Il y a deux façons d'apprécier Versailles. Autant le dire de suite, ceux qui y cherchent l'authenticité à tout prix seront déçus. Optant pour une logique de production internationale, Versailles a été tourné en langue anglaise avec une large majorité d'acteurs britanniques qui tiennent très bien leurs rôles (comme George Blagden, vu dans Vikings, ici en Louis XIV). Les showrunners aussi sont anglais et la mécanique d'écriture s'en ressent aussitôt. Avec Simon Mirren (Esprits Criminels, FBI Portés Disparus) et David Wolstencroft (MI-5) aux commandes, la série prend des airs de thriller complotiste auquel on aurait rajouté une couche de classicisme. Oui, le duo enjolive la réalité historique, reprenant de nombreux aphorismes (« L'état c'est moi », sentence jamais prononcée par Louis XIV), fait des rumeurs une force et n'hésite pas à composer des personnages de toutes pièces, sacrifiant parfois les faits sur l'autel d'un montage dynamique, aux enchaînements plutôt efficaces. Sacrilège, le crime de lèse-majesté se fait alors un peu oublier. Au confluent de Game of Thrones (pour les scènes de sexe, les machinations) et du Marie-Antoinette de Sofia Coppola, la série (dont les deux premiers épisodes ont été réalisés par Jalil Lespert) dépeint très bien Versailles comme personnage à part entière, cadre carcan où sont confinés le roi et sa cour. Elle réduit, de fait, les scènes extérieures et contourne à regret les batailles (comme lors de la campagne contre l'Espagne). Et si les guerres d’ego prennent trop souvent le pas sur les affaires d’État, Versailles s'en tient à son sujet et aura l'occasion de prouver davantage ses qualités : une saison 2 a d'ores et déjà été commandée.
Versailles saison 1 (10x52mins). A partir du 16 novembre à 20h50, sur Canal Plus.
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