En 2002, Première rencontrait l'équipe du thriller de Christopher Nolan. Flashback, à l'occasion de sa rediffusion sur Arte.
La septième chaîne diffusera ce soir Insomnia, remake réussi d'un thriller norvégien sorti en 1997 avec Stellan Skarsgaard. A sa sortie en novembre 2002, Première avait été conquis par cette histoire de flic (Al Pacino) sur les traces d'un tueur (Robin Williams) et souffrant d'insomnie. Un mal d'autant plus fort qu'il enquête en Alaska, en pleine période de jour polaire, si bien qu'il ne sait plus distinguer le jour de la nuit.
"On y retrouve, avec moins d’artifices, le singulier talent du réalisateur pour filmer au plus près les errements d’un esprit perturbé, écrivait Christian Jauberty à propos de ce thriller de Christopher Nolan. On y retrouve aussi la volonté de prendre le temps d’explorer des thèmes subtils comme l’ambivalence de la morale et le sentiment de culpabilité."
Soulignant la capacité du futur réalisateur d'Oppenheimer à filmer aussi quelques scènes d'action mémorables (notamment "une jolie poursuite sur des rondins de bois"), il insistait sur le fait qu'Insomnia est avant tout "un thriller psychologique qui joue habilement de ce qui se passe dans la tête des personnages comme dans celle des spectateurs."
Le fait de choisir un habitué des rôles de flics, de Serpico à Heat, et un comédien célèbre pour son humour mais en quête de personnages plus sombres -via Photo Obsession, par exemple- était également mis en avant. Il concluait sa review par un éloge du duo Pacino/Williams : "Si on a du mal à imaginer a priori deux acteurs plus différents, leurs face à face n’en sont que plus savoureux."
Quelques pages plus loin, Sacha Reins rencontrait Al Pacino, aussi exténué par la promo du film que par son tournage !
"En fait, je connais surtout l’insomnie volontaire, avouait alors l'acteur, faisant référence à ses jeunes années. À une époque, je pouvais passer des jours et des nuits sans dormir, à traîner et à avaler n’importe quoi. Je n’ai pas toujours été un exemple d’équilibre."
Expliquant avoir dû s'excuser auprès de Michelle Pfeiffer, tant il était excessif sur le tournage de Scarface, en 1983, il précisait s'être calmé au fil des années. Au point d'aborder Insomnia de façon plus sereine, et sachant pertinemment que le public l'attendrait au tournant.
"Je sais que les gens aiment me voir dans ce genre de rôle. Alors, de temps en temps, je remets le costume...", disait-il avant de confier : "Un film est comme un grand orchestre. Tout le monde doit jouer ensemble, au même niveau, mais ce n’est pas aussi simple, je le sais."
Christopher Nolan et Robin Williams prenaient alors la parole pour évoquer leur travail avec Al Pacino. "Il sait qu’il peut impressionner les gens et qu’il est très intimidant en raison de son parcours, expliquait par exemple le metteur en scène. Alors il fait très attention, il fait tout pour vous mettre à l’aise."
"Jouer avec Pacino est fascinant, déclarait à ses côtés Robin Williams, tragiquement disparu en 2014. On a toujours l’impression qu’il n’utilise qu’une partie de ses ressources, qu’il garde le reste sous le capot et qu’il peut, à tout moment, donner un coup d’accélérateur et tout faire exploser. Je l’ai remarqué quand je déconnais sur le plateau. Peu d’acteurs surenchérissent. Al, lui, partait dans l’impro et je voyais bien que cela lui faisait plaisir. Je suis certain qu’il adorerait faire des trucs de cinglés comme Jim [Carrey] ou moi: parler avec son cul, jouer des castagnettes avec ses couilles, imiter Clinton devant le “gland” jury."
Amusé par cette déclaration, Pacino ne confirmait pas pour autant les dires de son partenaire de jeu !
"Je suis effectivement très admiratif de ceux qui savent faire ça, répondait-il à Williams. Je suis allé voir Robin dans son one-man-show et il m’a mis par terre. Ce type est un génie. Je serais incapable de faire ce qu’il fait."
La bande-annonce d'Insomnia, à revoir ce soir sur Arte (mais aussi visible en VOD sur Première Max), est visible ci-dessous. Christopher Nolan est également à retrouver dans le nouveau numéro de Première : il nous a accordé une longue interview-carrière à l'occasion de son César d'honneur.
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