Première
par Christophe Narbonne
Qu’est-ce qui ressemble le plus à un « Lacoste movie » qu’un autre « Lacoste movie » ? Depuis l’inaugural Les Beaux Gosses, Vincent Lacoste trimballe son je-m’en-foutisme naturel de film en film, créant pour l’occasion un vrai personnage de cinéma, une sorte de double sympatoche, qui évoque les héros aussi attachants qu’irritants, en tout cas profondément humains, joués par Jean-Pierre Léaud. Dans le très méta Mes jours de gloire, il pousse le vice jusqu’à jouer un ex-enfant star en déshérence, obligé de retourner vivre chez ses parents tout en tablant sur un rôle qui pourrait relancer sa carrière. Un peu comme si le Lacoste des Beaux Gossesn’avait jamais confirmé au cinéma et n’arrivait pas à se départir d’un spleen tenace qui aurait fini par avoir raison de son moral et de sa santé mentale. Vu sous ce faux angle autobiographique, « matrixien » pour ainsi dire (dans un univers parallèle, Vincent Lacoste serait un loser XXL), Mes jours de gloiredénote une mélancolie tenace traversée d’éclairs comiques, lacostiens en diable : le héros qui prétexte un incendie aux pompiers pour pouvoir rentrer chez lui gratos (il a oublié ses clefs) ou qui se met à être tactile avec ses potes pour prouver à sa mère psy qu’il n’est pas un gay refoulé... Dans le dernier tiers du film, où le drame (léger) se substitue à la comédie, on a l’impression d’assister à la fin d’un cycle de dix ans, d’une épopée intime vers l’âge adulte. À bientôt 27 ans, Lacoste a la vie devant lui. Ses jours de gloire ne font que commencer.