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Après la mort de sa soeur, la jeune Shira est poussée par sa famille à épouser son beau-frère. Cette condition féminine aliénante rappelle celle du XIXe siècle corseté de Jane Austen, mais Rama Burshtein décrit bel et bien la communauté juive orthodoxe qui vit aujourd’hui à Tel-Aviv. En dépit de ses codes asphyxiants, ce monde laisse pourtant entrevoir
un bonheur possible aux femmes, autorisées à refuser ces mariages arrangés. Le dilemme de Shira (fascinante Hadas Yaron) offre un écrin palpitant à ce mélodrame aux couleurs flamboyantes.
Toutes les critiques de Le Coeur a ses Raisons
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Avec ce drame déchirant mais filmé sans hystérie, c'est dans un monde aux règles inconnues que plonge le spectateur, celui où les hommes arborent barbe, papillotes et grands chapeaux noirs et où les femmes portent une perruque pour dissimuler leurs cheveux coupés ras dès quelles sont mariées. (...) Un mélo émouvant et passionnant.
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Ce qui frappe en premier lieu, c'est la beauté de l'image due à un chef opérateur orfèvre.
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Ce premier long métrage dépeint une inextricable confusion des sentiments, qui noie une fraîche jeune femme et un homme déjà brisé sous le poids inouï de la famille et de la religion.
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Tout l’enjeu de la mise en scène, en pleine symbiose avec le sujet, est de ne rien formuler explicitement, de tout suggérer. Le cœur a ses raisons dévoile finement les complexes stratégies amoureuses d’une jeune femme qui finit par parvenir à ses fins dans un contexte socio-familial ultra-rigide.
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Avec une grande sensibilité, la réalisatrice filme le cheminement de sa jeune ingénue jusqu’à la réponse finale. On tombe sous le charme de l’actrice principale, qui a remporté le Prix d’interprétation féminine à la Mostra de Venise.
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Burshtein a trouvé les images et les mots pour que son histoire prenne la dimension d’un mélodrame sentimental et réaliste. Feutrée, quasi corsetée, la mise en scène reflète bien la grâce et les mystères qui nimbent un cœur chaste. Mais ces mystères auréolent, aussi, toute une communauté jalouse de ses règles. Là, cela devient plus gênant : la situation quasi sacrificielle de femmes ne pouvant se réaliser que dans le mariage est dépeinte comme parfaitement censée, voire magnifiée.
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Un drame intimiste bercé par les musiques hassidiques, à la fois beau, doux et cruel, raconté à travers le regard de la jeune et romantique Shira (Hadas Yaron, brillante). Mais aussi un drame ambigu raconté par Rama Burshtein, elle-même hassidique, laissant planer le doute sur le bonheur et l’épanouissement de l’héroïne dans sa communauté, du début à la fin.
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Magnifique postulat de départ pour un drame feutré, tout en atermoiements ravalés et tragédie intime sur l'emprise familiale et religieuse. Mais que la mise en scène, trop rigide, cantonne au dilemme moral, refrénant sans cesse l'émotion que cette tragédie sacrificielle devrait susciter. Mais que la comédienne principale, magnétique, exprime superbement.
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C'est comme entrer dans un jardin secret, un enclos silencieux, non pas interdit ni fermé, mais protégé. On n'a pas l'habitude de pénétrer à l'intérieur des familles juives hassidiques. La réalisatrice du Cœur a ses raisons, Rama Burshtein, a choisi de conter une histoire d'amour, de deuil et de mariage située dans ce milieu, qui est le sien depuis sa conversion.
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Le cœur a ses raisons est d'abord une fiction, et non pas un documentaire sur la religion hassidique. La question est bien ici de savoir si Shira choisira la raison plutôt que le cœur. La teneur du film n'est pas essentiellement religieuse et se focalise aussi sur les tourments d'une jeune femme de 18 ans qui rêve avant tout d'un mariage d'amour
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Plus ambigu dans sa finalité que son prédécesseur, ce premier film de Rama Burshtein intrigue et déconcerte, sans doute par son refus de toute résolution consensuelle et tranchée. La mise en scène fait éprouver avec justesse la réclusion morale et physique de Shira, mais peine à briser la glace d’un film un peu rigide, tant sur le plan émotionnel qu’intellectuel.
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Le titre dit exactement l'inverse de ce que raconte cet oeuvre pour la propagation du mariage arrangé, situé dans une communauté haredim de Tel Aviv: les raisons (de la mère, du rabbin) finissent par prévaloir sur les élans du cœur.
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Un film délicat et curieusement romantique sur un milieu méconnu.
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ne belle iniative pour un résultat beaucoup trop sage. Décevant
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Si le dispositif cinématographique contient intrinsèquement une dimension voyeuriste, il est très rare de se trouver face à un film aussi clos sur lui-même. Le cinéma détient cette capacité à faire du plus lointain des êtres un frère, et d’une terre exotique une contrée familière. Rama Burshtein ne semble pas attentive à ce beau pouvoir du cinéma, on sera libre de prendre ou non cette attitude pour un écueil assez rédhibitoire pour son film.