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La nouvelle bombe de Gregg Araki porte bien son nom. Kaboom est un film délirant mêlant comédie, film teenage, science-fiction, thriller et érotisme. Un grand n’importe quoi qui croque la jeunesse d'aujourd'hui avec une force et une intelligence délirante. Comme toujours ses jeunes acteurs sont impeccables en personnages sexy, manipulateurs autant que manipulés : Roxane Mesquida, Juno Temple ou encore Thomas Dekker s'en donnent à coeur joie dans cette gigantesque partouze fantasmée. On en sort avec le cerveau complètement retourné et en se demandant ce qui vient de se passer. L’impression de s’être fait un trip d’enfer sans prendre la moindre substance illicite.
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Kaboom, teen movie allumé gorgé de sexe, de sang et de stupéfiants, pourrait être un appendice à sa fameuse « teenage apocalypse trilogy » (Totally F***ed Up, The Doom Generation, Nowhere). On ne va pas se mentir : malgré tout le respect qu’on doit à sa filmo récente, ça faisait dix ans qu’on
désespérait de retrouver l’Araki old school, celui qui avait su capter mieux que personne le désordre ado de la fin des années 90 dans tout son bruit et sa fureur. Si l’angoisse générationnelle et les décharges d’ultraviolence ont disparu (après tout, Araki a fêté ses 50 ans l’année dernière), c’est pour mieux laisser la place à un hédonisme pur, une quête du plaisir sans garde-fous. La provoc, elle, passe surtout par des dialogues incroyablement affûtés, servis par une bande de comédiens démente où les révélations se bousculent. Bardé de couleurs et de sons incroyables (Araki a toujours un des meilleurs iTunes du cinéma US), Kaboom finit par regarder l’apocalypse dans les yeux avec un rictus effronté. Le message est clair : si la fin du monde est pour demain, assurez-vous qu’aujourd’hui soit aussi explosif que possible.
Toutes les critiques de Kaboom
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Punk dans l'âme, Araki renoue avec ses mauvaises manières dans Kaboom, hymne à la jouissance plongeant un film de campus dans un fût d'acide psychédélique. Cool et sexy, Smith (Thomas Dekker) est amoureux de son coloc Thor (!), un surfeur hétéro aussi bêta que musclé. Ce qui ne l'empêche pas de coucher avec London, une fille au nez percé et aux attentes sexuelles considérables. Mais ce quotidien hédoniste baigné d'une lumière californienne, jalonné de parties de jambes en l'air homos ou hétéros selon l'occasion qui se présente, va subitement virer au bad trip apocalyptique. Des visions angoissantes et paranos surgissent, parasitant ce paradis ado à l'esthétique gay bleue-rose : qui sont ces menaçants hommes masqués, à tête d'animaux ? Ont-il tué Rebecca, cousine rouquine de la Laura Palmer de Twin Peaks, dont le tronc a été retrouvé dans une poubelle ? Entre rêve et réalité, sexe et violence, Smith cherche son Moi, aidé par deux ravissantes créatures : London (Juno Temple), qui lui révèle par la même occasion certaines subtilités sur l'orgasme hétéro, ainsi que Stella (Halley Bennett), sa sublime copine lesbienne, elle-même aux prises avec les talents en sorcellerie de Lorelei (Roxane Mesquida), son amante vamp et flippante.
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Dans Kaboom, d'ailleurs, il y a un peu moins de drogues. Le moteur presque exclusif, c'est le cul. Pendant ses deux premiers tiers, le film alterne avec une prodigieuse régularité les scènes de cul et les scènes vouées à faire progresser sa narration délirante, comme s'il fallait puiser dans les premières le carburant nécessaire à la progression des autres. Les personnages eux-mêmes fonctionnent ainsi, par exemple quand celui, génial, joué par Juno Temple, propose à Smith de baiser parce qu'un orgasme faciliterait l'avancée de ses révisions. Le « Kaboom » du titre désigne aussi bien cet horizon permanent de la jouissance qui propulse des personnages obsédés par l'idée de prendre leur pied, que le finale arbitraire et explosif où se termine le film et qui n'est que la conversion de cette libido. L'un est le rigoureux corollaire de l'autre : si les scènes de cul disparaissent pendant le dernier tiers, c'est parce que cette obsession a contaminé le film, c'est lui qui s'emballe, emporté par l'élan masturbatoire des personnages. L'idée est géniale, et précise ce que suggérait déjà la trilogie, c'est-à-dire que le cinéma d'Araki filme, littéralement, depuis l'inconscient de la jeunesse. En cela l'emballement de Kaboom n'est pas si arbitraire, son délire est une ligne droite : au début, Smith se branle, et à la fin c'est le film qui a joui. On aura compris que cette extase est, largement, communicative.
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Araki injecte dans cette comédie fantastico-inclassable une sacrée dose d'humour décapant et de répliques qui décoiffent. Merci à la repartie cinglante de la jeune Haley Bennett, dans la peau de la meilleure amie cynique. En tête chercheuse de nouveaux talents, Araki nous révèle aussi Thomas Dekker, héros gay mais pas trop, hétéro friendly qui en pince pour la caricature de surfeur sexy qu'est son colocataire. Avec Kaboom, Araki rehausse le niveau du campus movie pour y mélanger fantastique, prémonition d'apocalypse, sorcellerie et une grande dose de fantasmes débridés. Le tout s'achèvera aussi brutalement que lorsque l'on sort d'un rêve. Une sorte de grand foutoir particulièrement jouissif. Encore !
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Kaboom pourrait n’être qu’une sucrerie inconséquente, un plaisir acidulé comme l’était le précédent Smiley Face (2007). Ce ne serait déjà pas négligeable ; mais c’est mieux que ça. Car discrètement, Araki ne cesse de nous rappeler que la mort rôde derrière chaque brique des bâtiments fiers et élancés du campus.
C’est un cake grouillant de vers, c’est une tarte aux cerises qui dessine des entrailles, c’est une déjection canine qui traîne sur la pelouse trop verte (déjà, dans Nowhere, un sandwich moisi annonçait la fin de l’idylle) : retrouvant d’une certaine façon le geste des peintres de vanités du XVIIe siècle, le puritanisme en moins, Araki dépose des indices rappelant que tout est amené à dépérir, à mourir, et teinte son film d’une gravité secrète, tout en réaffirmant la possibilité du sensuel.
Pour le poète T. S. Eliot, le monde est censé disparaître “non pas sur un boom, mais sur un gémissement”. De fait, Araki semble s’être ici donné pour seule ambition de combiner les deux, de faire en sorte que le gémissement et l’explosion soient simultanés, et surtout extatiques.
Autrement dit, que la seule mort souhaitable soit la petite. -
Araki dynamite la Croisette. Revenant à la veine de ses premiers films, il concocte un trip loufoque aux faux accents lynchiens et au second degré savoureux.
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Que l'on apprécie ou non les morceaux de bravoure affichés et le rythme frénétique de la mise en scène, il faut reconnaître à Araki deux armes maîtresses : des jeunes comédiens épatants de dynamisme et de naturel, et des dialogues très crus, parfois sensationnels (...)
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Mélange détonant de campus-movie graveleux et de thriller parodique à la Scream (...) Pourtant, en greffant une dimension familiale à son film, Gregg Araki finit par énoncer des banalités sur la filiation et les angoisses existentielles d'un gamin de 19ans. Kaboom est un film de cancre brillant.
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La comédie de jeunes prend un grand coup de pied dans les roubignolles avec Kaboom de Gregg Araki. Le réalisateur du dérangeant Mysterious Skin a pris le parti du rire pour raconter les mésaventures d'un étudiant en cinéma à la sexualité flottante. (...) Ici, on voit de jeunes Américains à l'aise avec le sexe et s'éclatant sans le moindre complexe. Le vent de liberté qui souffle sur Kaboom déteint sur le scénario dont les méandres partent dans tous les sens pour déboucher sur un joyeux message nihiliste. (...) Reste à se laisser emporter dans l'univers délirant d'un cinéaste qui flirte avec la science-fiction paranoïaque pour aboutir à un dénouement joyeusement provocateur.
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A quoi bon résumer « Kaboom »? Mariage frappadingue de campus movie, de film d’horreur, de théorie du complot et autre délire apocalyptique, c’est l’ovni de la semaine. Sexy à mort, le nouveau Gregg Araki (« Mysterious Skin »), premier lauréat de la Queer Palm de Cannes, offre aussi des dialogues à hurler de rire, à défaut d’être de bon goût.
Dément et jouissif. -
Gregg Araki se réfère (en images et dans ses interviews) à David Lynch pour décrire cette conflagration entre la trivialité quotidienne et l'horreur surnaturelle. Contrairement à l'auteur de Twin Peaks, le metteur en scène californien ne prend pas tout à fait au sérieux sa secte d'assassins. Kaboom fait rire (plus que la plupart des pures comédies sorties ces derniers mois) mais n'inquiète jamais vraiment.
Lorsque le film arrive à sa conclusion (inspirée d'En quatrième vitesse, de Robert Aldrich), on comprend que cette apocalypse, ourdie par un grand maître qui représente tous les pères qui affligent tous les étudiants du monde occidental, n'est là que pour faire part du décès de la jeunesse de Gregg Araki. Rarement aura-t-on vu enterrement de vie de jeune homme plus gai et plus spirituel. -
C'est un joyeux bordel orchestré par Gregg Araki, cinéaste gay et punk, plus vraiment un jeunot (50 ans), mais toujours les doigts dans la prise. Son Kaboom (équivalent anglais de notre « badaboum ») dynamite le film de campus, à coups de sexualité joyeuse et mélangée, de prophéties apocalyptiques et de cauchemars « lynchiens ». Ce retour aux sources trash et pop réjouira les fans de sa trilogie des années 1990 (Totally f***ed up, The Doom Generation, Nowhere), mais pourrait séduire aussi les admirateurs de Mysterious Skin, sur les hantises adolescentes.
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Entre les cours se tricotent histoires de coeur et histoires de cul. Plantant, dans la même veine, l'aiguille de l'humour potache, Kaboom fait la différence par un charme pimenté d'une crudité libérée.Les acteurs s'adonnent avec conviction à cette course aux trésors des corps en pleine confusion des sexes. Drôle, halluciné et tiré par les cheveux du surnaturel, ce film sexy est un peu le contre-pied au cul de Twilihgt. Et ça fait du bien.
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Araki revient à ses comédies nihilistes des années 90 et déploie une tension érotique et dramatique qui fait mouche à chaque fois. Bref, le gros fantasme de la rentrée !
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L’intrigue, où se croisent une lesbienne aux pouvoirs surnaturels, un complot de série Z et des effets spéciaux ad hoc, est très secondaire. Dans « Kaboom », on baise et on parle cul plus souvent qu’autre chose dans une ambiance de sitcom bisexuelle et décomplexée qui fait plaisir à voir. Un snif de liberté, foutraque et drôlement jouissif.