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Au fond, on est tous pareils : on aime bien se moquer des nazis. Lorsque Jojo Rabbit fait des blagues de nazis, aucun problème, on marche à fond. Toute l’ouverture de Jojo Rabbit fait justement de très bonnes blagues de nazis. Nous sommes dans un camp d’entraînement de la jeunesse allemande en 1945, mené par Sam Rockwell (évidemment brillant en vétéran du front russe), Alfie Allen (hilarant en sous-fifre veule) et Rebel Wilson (démente en mère pondeuse du Reich). Jojo, un petit gamin qui parle avec Hitler dans sa tête (joué par le réalisateur Taika Waititi), est traité de peureux par ses camarades, se réfugie chez lui, et tombe sur une jeune fille juive cachée par la mère du garçon. Et Jojo Rabbit de se transformer en tragicomédie, qui veut vous faire rire et pleurer, en démontrant par l’absurde l’inanité de l’idéologie nazie via les yeux d’un gamin qui apprend à se défaire de son lavage de cerveau. Ambitieux programme. On ne pouvait pas rester sur les blagues ? Il faut une prudence totale et de réelles compétences d’équilibriste pour accomplir un tel exploit. C’est triste à dire, mais Jojo Rabbit, alternant facilités et banalités, fonce vers le mélo et se repose trop sur son high concept (« Hitler est mon ami imaginaire rigolo et flippant ») pour dire quoi que ce soit d’intéressant, ou de drôle. Taika Waititi était plus inspiré avec son brillant Boy où il racontait son enfance fantasmée en Nouvelle-Zélande et où il incarnait, sur la même ligne tragicomique, son père fantasque et chaplinesque. C’est dommage. On aime tellement se moquer des nazis.