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L’histoire d’amour idéale ? C’est ce qu’ambitionne de proposer la société allemande Terrareca qui a conçu un robot à l’apparence humaine parfaite, programmé pour répondre à ce que 93% des femmes de ce pays rêvent en termes de partenaires pour la vie. Et c’est un spécimen de cette invention qu’une chercheuse (Maren Eggert, primée à juste titre pour son interprétation au festival de Berlin en 2021), séparée de son compagnon, accepte de tester pendant 3 mois pour savoir si celle- ci touche à son but et a de l’avenir. En adaptant une nouvelle d’Emma Braslavsky, Maria Schrader (la réalisatrice de Stefan Zweig, adieu d’Europe dont on attend le 4 janvier 2023 She said avec Carey Mulligan et Zoe Kazan, centré sur l’enquête journalistique ayant révélé l’affaire Weinstein) explore donc la question du sentiment amoureux et de la capacité à réduire au maximum les incertitudes qu’il génère par le biais d’algorithmes. Sans rien divulgâcher, on devine aisément que la seule fonction de rendre l’autre heureuse n’est évidemment en rien suffisante. Mais le scénario malin à la Black mirror ne se contente évidemment pas d’enfoncer ces portes ouvertes- là. Après avoir raconté non sans humour les limites de la prétendue perfection, I’m your man va se déployer en mode « Fuis- moi je te suis, Suis- moi je te fuis » où on finit par ne plus savoir qui du robot ou de l’être en chair et en os a le comportement le plus humain, dans la mauvaise humeur comme dans la tristesse ou la peur d’être abandonné. Le ton se fait mélancolique, l’épilogue moins attendu et le film… de plus en plus attachant.