Première
par Thomas Baurez
Derrière Downton Abbey, il y a Julian Fellowes, un auteur qui sait de quoi il parle puisque, outre ses fonctions d’acteur, scénariste, producteur et réalisateur, il siège à la Chambre des lords d’où il peut observer ouvertement les joutes royales. Fellowes avait écrit il y a près de vingt ans pour Robert Altman Gosford Park matrice de Downton Abbey où il s’agissait sous la forme d’un whodunit d’explorer les relations entre maîtres et domestiques au sein d’une somptueuse propriété de la campagne anglaise. Pas vraiment de crimes - sinon de lèse-majesté - à Downton Abbey mais un même va-et-vient entre les cuisines et les salons où l’on se passe les plats au fil des saisons (6) et des époques.
L’action du film réalisé par l’américain Michael Engler se situe précisément en 1927. « Depuis le mariage d'Edith, bien des choses ont changé à Downton Abbey » indique le synopsis. Celles et ceux qui pousseront pour la première fois les portes de la belle demeure s’en foutent royalement, les autres le savent déjà. Passons. L’idée ici, c’est que le roi et la reine s’apprêtent à séjourner à Downton Abbey. Branle-bas de combat. En sous-sol, le personnel brique une vaisselle déjà brillante. A l’étage, le beau monde s’affaire. Chacun se prépare à donner le meilleur de lui-même. Et patatra, le staff privé de la couronne débarque, dicte sa loi et met le personnel de Downton Abbey sur la touche. Une réception qui plus est royale, est un spectacle. C’est bien ce que décrit le film qui prend la forme d’une comédie sophistiquée qui s’autoalimente en petites intrigues. L’effet « série » joue à plein et le scénario ne cesse d’ajouter de l’eau à un moulin qui tourne sans qu’il soit besoin de trop souffler dessus. L’ensemble pèche en effet par un excès narratif qui finit par se retourner contre un spectateur, certes sous le charme, mais bientôt assommé par une mécanique imparable.