Première
par Gérard Delorme
Avec sa science du découpage, son utilisation judicieuse du ralenti et son parfait placement de la musique, la spectaculaire première séquence de Big Bad Wolves trahit la patte de cinéastes sérieux. La suite le confirme sans jamais faiblir, ménageant habilement les renversements de situation tout en relançant la question : qui sont les bons, qui sont les méchants ? Le flic dont les défauts sont aussi
des qualités, le père vengeur ou le prof accusé sans preuves ? Le seul personnage normal est un cavalier palestinien qui fait une apparition surréaliste. L’humour noir suggère une parenté évidente avec les Coen, le rythme et la justesse des plans aussi. Sur le fond, le problème moral rappelle celui de Prisoners mais au sein d’un dispositif moins complexe, plus direct, et probablement plus efficace. Une vraie révélation pour ceux qui n’avaient pas vu Rabies, le précédent (et premier) film de ce duo très dynamique.