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Quatre ans après Haramiste, moyen métrage remarqué dans lequel deux jeunes comédiennes inconnues dissertaient, voilées, sur la sodomie et l’air fellation (et tordaient le cou, au passage, aux clichés sur la sexualité des jeunes Françaises de confession musulmane), Antoine Desrosières enfonce le clou avec A genoux les gars : les deux mêmes pétillantes actrices, Souad Arsane et Inas Chanti, jouent encore deux sœurs confrontées aux affres d’une sexualité compliquée, et même contrainte. En l’absence de Rim (Chanti), Yasmina (Souad) est ainsi manipulée par son propre petit ami pour faire une fellation à celui de sa sœur. Pour qu’elle garde le silence, les deux garçons, qui ont filmé la scène, la menacent de tout montrer à Rim… Avec une liberté de ton et une audace rappelant la Nouvelle Vague (on pense à l’humour anar de Godard), Desrosières raconte le monde d’avant et post-#MeToo : tourné avant l’affaire Weinstein, À genoux les gars avait en son germe les réponses aux questionnements du moment -c’est en s’affranchissant des codes patriarcaux par elles-mêmes que les femmes en dicteront de nouveaux, plus égalitaires et même décomplexés. Une fois qu’on a dit ça, force est de reconnaître que le film pêche par une interprétation inégale et par un excès de bavardage (beaucoup d’impros qu’on dirait captées, peu de cinéma). À genoux les gars fait cependant souffler un vent d’air frais sur une production auteuriste frileuse et autocentrée. Il mérite nos encouragements.