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Dimanche 8 juillet, pendant l’étape accidentée Belfort – Porrentruy, le médecin vedette de France 5, Michel Cymes, a suivi le médecin chef du Tour de France. Il raconte cette aventure à nos confrères de Télé 7 jours.

"Quatre heures de stress et d’émotions ! Voilà ce que l’on ressent lorsque l’on suit une étape dans le cabriolet de Florence Pommerie, médecin-chef du Tour de France. A peine avons-nous quitté Belfort que deux coureurs nous font déjà des frayeurs. L’Australien Matthew Lloyd et le Russe Vladimir Gusev heurtent, respectivement, un rond-point et un terre-plein central. Heureusement rien de grave, de simples contusions. Mais le ton de la journée est donné. La voiture de Florence colle au peloton qui dévale des pentes étroites à 90 km/h, tout en évitant les nombreuses motos et voitures accompagnantes, ainsi que le public exalté qui gesticule au bord des routes. Vivre le Tour dans ce cabriolet, c’est être sur le banc de touche d’une finale de Coupe du monde de football : on voit tout et on ressent tout, surtout la pression ! Les attaques en tête de peloton se multiplient. Il y a de l’électricité dans l’air. Et c’est le choc. Juste devant nous, Samuel Sanchez, meilleur grimpeur du Tour de France 2011, est pris dans une spectaculaire chute collective. Il ne se relève pas. En quelques secondes, Florence le rejoint, établit le diagnostic : fracture de la main et perte de connaissance à cause de la douleur. Reflexe de toubib, je veux descendre de la voiture pour l’aider, mais une des six ambulances de la compétition arrive déjà. Sanchez est évacué vers l'hôpital de Montbéliard. De l’Urgence à vitesse grand V ! En voyant les secours s’éloigner, je pense au champion olympique espagnol pour qui le Tour est fini et dont la participation aux JO de Londres est compromise. Impliqué dans la chute, son compatriote Alejandro Valverde rejoint notre voiture pour soigner ses plaies au tibia notamment. Tout au long de la 8e étape, longue de 157,5 km, de nombreux coureurs viendront s’accrocher à notre portière afin de consulter le médecin en chef. C’est le seul moment où ils ont le droit d’être tiré par une voiture. Florence, également mère de quatre enfants, les soigne et, surtout, les rassure. L’urgentiste a derrière elle trois tours de France et huit Paris Dakar, elle sait comme l’aspect psychologique est important. Le regard de ces forçats de la route, dans l’épreuve, me marque énormément. Jeune, j’ai toujours suivi le Tour de France avec mon père. Mais depuis que je me suis mis au vélo, il y a deux ans, je me rends compte à quel point les coureurs font des efforts surhumains. Avec des amis, on fait un grand col du Tour de France par an. Le dernier était le Mont Ventoux. J’ai souffert comme jamais. L’étape de la journée, je pourrais la faire, oui. Mais en trois jours ! Et ça c’est juste un apéro avant les Alpes et les Pyrénées. En terme de souffrance, je ne pense pas qu’il y ait un sport plus violent que le vélo. Respect messieurs ! Et continuez à nous faire rêver ".Propos receuillis par Alexandre Alfonsi du magazine Télé 7 jours