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Arte diffuse ce soir Mes images privées de Serge à 22h40. Emmanuel Ducasse, journaliste à Télé 7 Jours, a rencontré Jane Birkin...

Arte diffuse ce soir Mes images privées de Serge à 22h40. Emmanuel Ducasse, journaliste à Télé 7 Jours, a rencontré Jane Birkin...pagebreakElle fut sa muse et sa compagne durant douze ans. Dans ce film, qu’elle a réalisé, Jane Birkin rend hommage à Serge Gainsbourg en commentant leurs images de vacances. Des propos sobres et touchants.pagebreakSerge faisant le clown à la plage, Serge jouant avec Nana, sa chienne bull-terrier adorée… Pourquoi avoir attendu si longtemps pour montrer ces images de Serge Gainsbourg ?C’est la façon la plus originale que j’ai trouvé de commémorer les vingt ans de sa mort [2 mars 1991, ndlr]. J’ai déjà fait tellement d’émissions sur Serge. Dans ce film de souvenirs de vacances, il n’y a que des moments de grâce et de bonheur. Je nous filmais en caméra Super 8 avec les enfants, mes parents, mon frère… Je crois que Serge serait ravi de cet hommage. On le voit si jeune, si beau !pagebreakEt joyeux, très loin de son personnage de provocateur tourmenté ! L’homme avec qui j’ai vécu était à mourir de rire. Gamin déjà, il faisait marrer ses sœurs, même durant l’Occupation, quand sa famille fuyait la Gestapo… Quand nous étions ensemble, il sortait de sa poche un petit carnet, rempli de blagues juives et belges.pagebreakVous aviez un rituel amoureux : des escapades à Venise…C’était très romantique. On y allait, par le train de nuit en cabine T2, à l’automne ou au printemps, la basse saison. On aimait se perdre dans les ruelles désertes.pagebreakCe documentaire révèle aussi un Serge en papa attentionné. Vous avez mené à la fois une vie de famille normale et une existence fantaisiste ?Oui. La semaine, on allait en boîte de nuit jusqu’à 6h00 du matin et on rentrait avec les poubelles. Puis on prenait le petit-déjeuner avec les enfants, Kate (la fille aînée de Jane, née de son mariage avec le compositeur John Barry, ndlr), et Charlotte, avant leur départ à l’école. On dormait jusqu’à 16 heures et on ressortait à partir de 22 heures. Mais le week-end, on était comme tous les parents. On emmenait les filles au parc faire du vélo, on regardait L’école des fans à la télé avec elles pendant que le rôti du dimanche finissait de cuire.pagebreakAvez-vous regretté d’avoir quitté Serge en 1980 ?Non. Sinon, ça voudrait dire que je regretterais d’avoir eu ma troisième fille, Lou, avec le cinéaste Jacques Doillon. Il a donné un nouvel élan à ma carrière, en me confiant des rôles dramatiques. Enfin, on s’est dit que j’avais quelque chose dans la tête ! Mais après cette déchirure avec Serge, j’étais en dépression. Je crois que ça se sentait dans mes personnages à l’écran.pagebreakAprès cette séparation, vous avez tout de même cultivé une belle amitié…Oui, jusqu’à sa disparition. J’ai eu une chance immense : Bambou, sa nouvelle compagne, a compris que je ne représentais aucun danger pour elle. Jacques aussi s’est montré très compréhensif. C’est Serge que nous avons appelé en premier pour annoncer la naissance de Lou en 1982. Et nous l’avons choisi comme parrain.pagebreakSerge vous a composé encore trois albums, après votre rupture…En 1983, il est revenu dans ma vie professionnelle avec l’album Baby alone in Babylone. Rien ne l’y obligeait. Il m’a dit : "Je le fais parce que je t’aime bien." Je suis donc retournée chez lui, rue de Verneuil, où nous avions vécu ensemble. C’était étrange… Il me faisait écouter des musiques pour le futur disque. Quand je disais "Ah celle-ci est bien", il me répondait "Tant pis pour toi ! Adjani l’a déjà choisie." Car en parallèle, il lui écrivait l’album Pull marine. Pour Baby alone in Babylone, qui traite de la séparation, Serge a mis le paquet sur les mots. On ne peut pas faire plus classe. Il ne contient que des merveilles.pagebreak Interview Emmanuel Ducasse pour Télé 7 Jours