De nombreux documentaires et neuf longs métrages de fiction : les frères belges ont mis leur collaboration à l’épreuve du temps. Ils expliquaient leur secret à Première en août 2008, quand est sorti leur septième long-métrage, Le Silence de Lorna, à (re)voir ce soir à 20h45 sur Ciné+ Club.
"Nous sommes comme un vieux couple, si ce n’est que nous avons chacun nos vies et que nous n’avons jamais 'sexué' notre relation ! Travailler ensemble est rassurant et stimulant. Nous arrivons encore à nous impressionner l’un l’autre...", synthétise Jean-Pierre Dardenne.Les scénarios, tel celui du Silence de Lorna, naissent de longues discussions et de leur envie commune d’explorer une situation qui les touche. Sur le plateau, l’un dirige les acteurs pendant que l’autre est au moniteur, et ils échangent régulièrement ces fonctions. Il faut dire que tout s’est joué bien avant, dès le choix des comédiens.Comment l’époustouflante Arta Dobroshi a-t-elle rejoint Olivier Gourmet, Jérémie Renier ou Émilie Dequenne dans la liste des acteurs découverts et révélés par les Dardenne ?"Nous l’avons repérée dans deux films albanais qui nous sont parvenus en DVD, mais il était difficile de se faire une idée, raconte Luc Dardenne. Nous avons alors envoyé un assistant dans les trois principales villes où se parle cette langue – Tirana, Skopje et Pristina –, et, parmi les jeunes femmes qu’il a filmées en train de marcher vers la caméra et de décliner leur identité en albanais et en français, nous avons retrouvé le beau visage d’Arta. Elle nous a fait rire dans sa façon de se présenter. Nous sommes allés la voir à Sarajevo, où elle jouait au théâtre, et l’avons filmée longuement avant de l’auditionner à Liège.""Nos essais sont basés sur le corps et le mouvement, reprend Jean-Pierre. Cela va de la façon dont elle peut rester assise dix minutes sans rien faire à sa manière de saisir un verre ou d’accrocher son sac et sa veste au portemanteau. Le corps garde ensuite la mémoire de cette mécanique. Le comédien doit mettre le moins d’intention possible. Le but est de casser les images que les acteurs ont d’eux-mêmes, ainsi que leurs habitudes de jeu.""Passé ce cap, nous attaquons les deux mois de répétitions avec les comédiens. Nous sommes des ruminants ; nous ressassons, ressassons...", s’amuse Luc. "C’est parce que nous sommes deux que nous répétons autant, conclut Jean-Pierre. Pour que les intuitions que nous avons chacun sur le film se rejoignent et se complètent et que, à l’arrivée, nous réalisions bien NOTRE film."Jean-Pierre Dardenne est né en 1951, Luc en 1954. Leur filmo : Falsch (1987), Je pense à vous (1992), La Promesse (1996), Rosetta (1999), Le Fils (2002), L’Enfant (2005), Le Silence de Lorna (2008), Le gamin au vélo (2011) et Deux jours, une nuit (2014).Interview Isabel DanelLe Silence de Lorna est diffusé ce soir à 20h45 sur Ciné+ Club
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