The Last of US
HBO

Mais la série diffusée sur Prime Vidéo est surtout une grande fable post-apocalyptique sur la morale. Une franche réussite à défaut d'être la série du siècle.

En 2013, la PlayStation 4 s'offrait avec The Last of Us l'un des plus grands jeux de la décennie, loué, notamment, pour la qualité de sa narration et ses graphismes à tomber par terre. Il a depuis eu droit à un spin-off et une suite, l'immense The Last of Us 2, qui floutait définitivement la frontière entre cinéma et jeu vidéo. Et après deux tentatives avortées de transposition en films, voilà que le titre de Naughty Dog - également derrière Uncharted ou Crash Bandicoot - se voit adapté sur petit écran. Attendue depuis deux ans, la série arrive in extremis chez nous sur Prime Video, qui vient d'en acquérir les droits, en même temps que ceux du catalogue HBO.

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L'histoire est sensiblement la même : il y a 20 ans, la civilisation est tombée en quelques semaines suite à la mutation d'un champignon, le cordyceps, capable de prendre le contrôle du cerveau humain. Ses hôtes se transforment alors en zombies ultra rapides, qui transmettent le "virus" par morsures. Ce qui reste de l'humanité se planque depuis dans des zones de quarantaines aux murs immenses, où des forces militaires font régner l'ordre à coups de couvre-feux et de pendaisons en place publique pour les récalcitrants. Joel (Pedro Pascal, qui tient ici l'un des rôles de sa vie) y survit comme il peut, entre combines louches et travaux physiques qui lui rapportent de quoi gratter assez de tickets de rationnement pour se remplir le ventre. Un jour, il est embauché pour escorter la jeune Ellie (Bella Ramsey, vue dans Games of Thrones et His Dark Materials), gamine de 14 ans dont le sang pourrait permettre de développer un vaccin. Leur périple à travers une Amérique en ruine leur réserve pas mal de mauvaises surprises...

The Last of Us HBO
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Décors hallucinants

Vous le lirez partout, et pas plus loin que dans notre titre : oui, The Last of Us est bien la meilleure adaptation de jeu vidéo en live action, et même les doigts dans le nez. Certes, la concurrence était chétive et n'avait pas une base scénaristique aussi solide, mais la série portée par Craig Mazin (Chernobyl) et Neil Druckmann (réalisateur et scénariste du jeu The Last of Us) saisit l'esprit du matériel d'origine et le tord juste ce qu'il faut pour lui imposer des codes purement sériels. En un seul épisode d'ouverture, le duo fait astucieusement passer une quantité dingue d'informations sur l'univers et ses personnages, sans jamais ralentir l'avancement de l'intrigue. On y croit dur comme fer, à la fois grâce au soin accordé aux décors post-apocalyptiques - proprement hallucinants, d'autant que la réalisation ne se cache pas derrière des plans serrés - et à la construction des personnages, très similaires à ceux du jeu mais suffisamment (ré)incarnés pour donner l'impression des les redécouvrir.

The Last of Us ne fera pas la même erreur que Game of Thrones

Ceci posé, l'immense réussite de The Last of Us est surtout de savoir prendre son temps sans jamais rogner sur la tension ou les dilemmes moraux, et de mettre l'humain au cœur de tout, au point que les séquences avec les infectés (pourtant sacrément impressionnantes) feraient presque office de bonus. A ce titre, l'épisode 3, qui résume en une heure quinze une love story de 20 ans, est peut-être ce qu'on a vu de plus beau ces derniers mois sur petit écran.

Un western moderne (les rencontres qui se règlent la plupart du temps avec des flingues, les paysages désertiques...) et une histoire de survie qui emprunte les chemins de La Route (à la fois le roman de Cormac McCarty et le film que John Hillcoat en a tiré en 2009) tout faisant entendre sa petite musique très personnelle. Entre blockbuster post-apo ultra addictif, drame humain poignant et questionnement sur ce dont l'être humain est capable, The Last of Us a choisi de ne pas choisir. Bien lui en a pris.

The Last of Us, sur Prime Vidéo, un épisode par semaine chaque lundi.