Sous controle
arte

Avec Léa Drucker en dirigeante d’ONG découvrant l’absurdité de la realpolitik.

L’humour corrosif de l’Ecossais Armando Iannucci est-il soluble dans la comédie française ? C’est la question que semblent s’être posé le scénariste Charly Delwart et le réalisateur Erwan Le Duc (Perdrix) quand ils ont imaginé Sous contrôle, comédie du pouvoir qui évoque le ton de l’auteur de Veep et The Thick of It – ce mélange de satire, d’humour noir et de vision documentée du monde politique. Prenant également le relais de quelques fictions françaises récentes s’étant essayé à une peinture amusée de la vie quotidienne sous les ors de la république (comme Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier, d’après la BD de Christophe Blain et Antonin Baudry), cette série Arte raconte en six épisodes de trente minutes l’arrivée à la tête du Ministère des Affaires étrangères d’une dirigeante d’ONG idéaliste, Marie Tessier (Léa Drucker), nommée par un Président aux faux airs macroniens (Laurent Stocker), fringant, autoritaire et impatient. La néophyte va découvrir le mélange de brutalité et d’absurdité qui compose l’ordinaire de la realpolitik, et ce d’autant plus rapidement que, le jour de sa nomination, on apprend que des Français viennent d’être pris en otage dans un pays du Sahel.

Sous controle
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Sous contrôle regarde donc ce « poisson hors de l’eau » découvrir un monde où des vies humaines se marchandent au cours de tractations cyniques, violemment prosaïques et souvent ridicules. Les ministres européens organisent des réunions de crise dans un placard à balais (faute de salles de réunions disponibles), tandis que les preneurs d’otages, avant de relâcher leurs prisonniers, font remplir à ceux-ci un questionnaire de satisfaction… Voilà le genre de décalages comiques auxquels carbure Sous contrôle. Dans un premier temps, la série souffre un peu de la comparaison avec ses modèles – sans même la mesurer à la virtuosité comique de Veep, une série comme Parlement parvenait mieux, au moins dans sa mise en place, à mêler sarcasme, vision documentée et humour rentre-dedans – un mélange d’autant plus délicat à manier qu’il faut prendre soin de ne pas basculer dans la caricature poujado. Ici, les vannes ne fonctionnent qu’une fois sur deux. Mais les comédiens assurent et permettent d’oublier les ratés. Léa Drucker est très investie en Julia Louis-Dreyfus hexagonale, entourée par plein de seconds rôles bien dessinés – mention spéciale au chauffeur qui ne jure que par Bernard Kouchner.

Les six épisodes de Sous contrôle sont diffusés ce jeudi 5 octobre sur Arte, et disponibles en streaming sur Arte.tv (épisodes vus 3/6)