Passant de trader fou furieux à reporter introverti, l'acteur français nous raconte sa transformation pour la nouvelle série Arte.
Exceptionnel antagoniste surexcité de Vincent Lindon dans D'Argent et de sang (sur Canal + en début d'année), Niels Schneider opère quelques mois plus tard un virage émotionnel à 180° pour Le Monde n'existe pas (sur Arte), polar intimiste dans le nord, dans lequel il incarne un journaliste introverti sur les traces de son enfance traumatisante. Loin de la folie spectaculaire du trader Jérôme Attias, le taiseux Adam Vollmann permet à l'acteur français de 37 ans de montrer une toute autre facette de son jeu et toute l'étendue de sa palette.
Même s'il avoue ne pas avoir de plan de carrière aussi réfléchi : "Je ne pense pas un projet par rapport au précédent. J'ai juste trouvé la série passionnante" répond à Première Niels Schneider, rencontré au festival Séries Mania en mars dernier. "C'est un hasard si ces deux personnages sont aussi opposés. Je les ai abordés de manière totalement différente du coup. D'Argent et de sang a fait son petit effet et je comprends que les gens m'en parlent. Mais pour moi, il s'est passé presque un an entre les deux tournages..."
Il n'empêche, entre la frénésie démente du golden boy créé par Xavier Giannoli et le calme sibyllin de son personnage dans Le Monde n'existe pas, il y un grand écart spectaculaire que le réalisateur Erwan Le Duc a su capter avec justesse. "C'est sûr que son personnage est plutôt dans l'écoute. Il encaisse ce qui se passe autour de lui et c'était à moi de le filmer le mieux possible, parfois de manière posée tout simplement..." nous raconte le réalisateur. Offrant un visage fermé et énigmatique, Adam ne dévoile jamais ses émotions : "Je l'ai dirigé comme ça. Je voulais que Niels apporte cette étrangeté, une forme d'intensité et de densité. Qu'on aille chercher avec les tripes ce que pense Adam réellement. L'idée, c'est que le spectateur se demande : qu'est-ce qui se passe dans la tête de ce gars ? Tout ça passe beaucoup par le regard. Et en même temps, on découvre sa fragilité dans les flashbacks. Cette enquête devient une enquête sur lui. On est dans l'introspection la plus totale. Et Niels l'a tout de suite compris dans le script."
Mais entre le génial financier extraverti ou l'émouvant journaliste introverti, qu'est-ce qui est le plus fun à jouer pour Niels Schneider ?
"C'est une question intéressante, parce qu'il y a énormément de plaisir à jouer un personnage un peu fou, complètement extraverti, dans la démesure permanente, comme ça a été le cas pour D'Argent et de sang. Je prends énormément de plaisir à pouvoir me lâcher et pouvoir tout oser. Maintenant, jouer un personnage plus posé comme Adam, ça permet de faire son film intérieur si je peux dire. De réfléchir à soi, d'être dans l'intériorité. On touche alors à quelque chose de beaucoup plus trouble, mais aussi de beaucoup plus vaste."
Le Monde n'existe pas poursuit ainsi sa quête de polar pas comme les autres. Où l'on ne sait jamais vraiment où va l'intrigue à l'instar de son héros taiseux. "On n'est pas sur une autoroute du thriller habituel", confirme Erwan Le Duc, qui cite volontiers David Lynch comme inspiration : "Quand j'ai revu le début de Twin Peaks, ce qui m'a épaté c'est la liberté que s'octroie David Lynch. Il n'a pas peur d'être à la limite du grotesque ou du mauvais goût voire du ridicule. Il y va fort. Je me suis inspiré de ça pour pousser les curseurs et essayer des choses. Après on ne se dit pas : je veux faire un Twin Peaks à la française ! Juste, je veux faire mon truc à moi..."
Le Monde n’existe pas, en 4 épisodes, à voir sur Arte les jeudis 26 septembre et 3 octobre 2025. Déjà en ligne gratuitement sur Arte.tv
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