Bardot
Fédérations Studios / France télévisions

Après son avant-première lilloise à Séries Mania, la série signée signée Danièle et Christopher Thompson débarque sur France 2 ce lundi soir. Elle retrace le destin de l’actrice en une succession d’images d’Epinal peu inspirée.

Où en est le biopic ? Aux Etats-Unis, deux films, qui ont beaucoup fait parler d’eux ces derniers mois, semblaient vouloir pousser dans ses retranchements ce genre traditionnellement considéré comme plan-plan: l’acclamé Elvis, de Baz Luhrmann, et le quasi-unanimement détesté (pas par nous) Blonde, sur Marilyn Monroe. En France, le carton de Simone, le voyage du siècle témoignait au contraire d’un attachement à l’idée de l’évocation biographique dans ce qu’elle peut avoir de plus patrimoniale et institutionnelle. Bardot, mini-série France 2 en six épisodes qui sort ce lundi, écrite et réalisée par le duo mère-fils Danièle et Christopher Thompson, s’inscrit dans cette tendance-là. Concentrée sur une dizaine d’années de la vie de Brigitte Bardot, de 1949 au début des années 60, elle déploie la reconstitution fastueuse attendue, le B.A.-BA du genre : décors, costumes, accessoires soigneusement collectés, bagnoles vintage rutilantes, tout est en place pour dépeindre une IVème République crevant de sa bienséance bourgeoise, bientôt bousculée par le mambo frénétique d’Et Dieu créa la femme et le tourbillon érotique de la bombe BB...

Bardot
Bardot / France TV

La série (à en juger du moins par les deux premiers épisodes montrés à Séries Mania, au sein de la compétition française) déroule les grands moments de la légende (les rencontres avec Allégret, Vadim, Trintignant, le tournage d’Et Dieu créa la femme à Saint-Tropez, la folie paparazzi qui s’empare de la presse française…) en une collection de faits ou d’anecdotes qui tiennent presque lieu d’images d’Epinal, la trajectoire de Brigitte Bardot étant sans doute l’un des destins français du XXème siècle les plus rabâchés. Il ne s’agit à aucun moment de chercher des failles dans ce récit, d’inspecter les interstices de la légende, à peine de regarder la vie de la star au miroir des interrogations contemporaines (le regard des hommes cinéastes sur le corps des femmes, l’atomisation de la notion de vie privée…), mais seulement d’illustrer des épisodes connus, dans le cadre réconfortant d’une évocation nostalgique de la France des Trente Glorieuses.

A ce petit jeu, les acteurs partent forcément perdants. La débutante Julia de Nunez, dans le rôle-titre, a clairement du caractère, une présence, elle fait des efforts pour « sonner » comme BB, mais elle fait face à une tâche impossible : comment incarner Bardot, mythe absolu, dont le charisme et la puissance érogène ont fait basculer la Terre sur son axe et dont des milliers d’images tapissent déjà l’imaginaire collectif ? C’est comme jouer Elvis, Marilyn ou Mohammed Ali : sans la vision d’un cinéaste pour soutenir le défi de l’incarnation, les comédiens sont condamnés au mimétisme, à l’imitation. Et le spectateur se retrouve dans la peau de l’arbitre qui compte les points. Cette sensation de ne pas pouvoir se hisser à la hauteur des mythes d’hier et de les regarder trop respectueusement, comme en contre-plongée, est accentuée par la présence au casting de descendants de gloires du cinéma français (Victor Belmondo joue Roger Vadim, et Jules Benchetrit, petit-fils de Jean-Louis Trintignant, interprète Sami Frey), condamnés à reproduire, un peu vainement, le grand roman national écrit par leurs aïeux.

Bardot, créée, écrite et réalisée par Danièle Thompson et Christopher Thompson, avec Julia de Nunez, Victor Belmondo, Géraldine Pailhas…En 6 épisodes, à voir à partir du lundi 8 mai.

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