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La France tirée à quatre épingles des années 50, un tandem d’enquêteurs qui s’entend comme chien et chat… Après le départ précipité des deux anciens héros des Petits Meurtres d'Agatha Christie de France 2, le feuilleton à suspense prend un sacré virage. Et on aime !

Son entrée en scène est à son image : théâtrale et pleine d’assurance. « Muté dans ce trou » contre son gré, quelque part dans le Nord, le commissaire Swan Laurence arrive sur sa première scène de crime en faisant crisser les pneus de son coupé Facel Vega bordeaux. Grande classe. Alors qu’un meurtre est commis dans un centre de réinsertion où, selon lui, « on collectionne les timbrés », le nouveau héros des Petits meurtres d’Agatha Christie donne le la : un tantinet snob, son élégance n’a d’égale que sa goujaterie et son cynisme. Autant dire qu’il va s’en donner à coeur joie avec Alice Avril, apprentie journaliste, rousse flamboyante, qui débarque dans son enquête comme un boulet de canon et avec qui il va, contre fortune bon cœur, former un tandem explosif. Le duo, dont les rapports rappellent délibérément ceux, très chien et chat, de Roger Moore et Tony Curtis dans Amicalement Vôtre, séduit d’emblée. Au point de faire oublier ses prédécesseurs dont la cote d’amour auprès des téléspectateurs fut pourtant inégalée pendant quatre ans.En janvier 2012, la décision d’Antoine Duléry de rendre son costume de commissaire Larosière a d’abord fait l’effet d’un coup de tonnerre. « Du passé nous avons fait table rase ! sourit aujourd’hui la productrice Sophie Revil. Après neuf enquêtes menées par le duo Larosière/Lampion (Marius Colucci), nous avons choisi de tout changer… en conservant les mêmes ingrédients !»Porté par les bonnes histoires de mamie Agatha, le duo masculin-féminin évolue désormais au cœur d’une nouvelle époque très tendance : la fin des années 50. «Cette période évoque pour tous le cinéma d’Hitchcock, les premiers James Bond, les films de Brigitte Bardot, explique la scénariste et créatrice des personnages, Sylvie Simon. C’est un univers très excitant, avec des couleurs vives, une mode attractive. C’est une époque charnière et foisonnante, où la situation des femmes évolue. Alice Avril est l’une d’entre elles, qui s’émancipe et porte les premiers jeans, quand Laurence est un homme encore campé sur ses positions. » Autour d’eux gravite une palette de personnages truculents comme celui de Marlène (jouée par Elodie Frenck), ravissante idiote aux faux airs de Marilyn et secrétaire très particulière du Commissaire. Enfant de la série, qu’il réalise depuis 2009, Eric Woreth s’est glissé avec délice dans cette nouvelle ambiance à la Mad Men : «Chaque détail compte, de la brosse à dents d’Alice, dans son petit studio, à son casque de scooter, des lampes, dans le bureau en palissandre de Laurence, à son costume, réplique exacte de celui de Cary Grant dans La mort aux trousses ! Tout est validé à partir du catalogue Manufrance de 1963 et non pas celui d’Ikea qui sert désormais de référence aux décors de tous les téléfilms ! » Les Petits meurtres de la reine du suspense sont réinventés. Le plaisir est décuplé.Emmanuelle Touraine de Télé 7 joursLes Petits Meurtres d'Agatha Christie sont diffusés sur France 2.